Le temps où le Maroc était sur la défensive diplomatique sur le Sahara parait bien révolu. La reconquête pacifique de la province saharienne par l’extraordinaire mouvement patriotique de la marche verte, s’était transformée en piège. L’Algérie, pour affaiblir son voisin et instaurer son leadership diplomatique et militaire en Afrique du nord, avait soutenu une rébellion armée des sahraoui indépendantistes et dénoncé la colonisation du Maroc remplaçant celle de l’Espagne.
Les nouveaux territoires ont été, au fil des années, développées économiquement comme aucune autre partie du royaume, mais cela n’a évité ni les troubles, ni des dépenses ruineuses. Certes la partie « utile » du Sahara marocain était sous contrôle, mais le Polisario est toujours resté menaçant puis poreux par rapport au terrorisme islamique.
C’est sans doute cette dérive qui explique que les USA ont lâché Alger et soutiennent enfin le Maroc dans cette région du monde.
Le Maroc fait partie depuis 2004 des « alliés majeurs non-OTAN » des États-Unis, un statut privilégié qui permet notamment la levée de restrictions sur des ventes d’armements. Mais cela n’avait pas suffit sur le dossier saharien.
La Maison Blanche a affirmé que le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental était à ses yeux « sérieux, réaliste et digne de foi ». Cette déclaration avait été faite par le porte-parole de l’exécutif américain, Jay Carney, peu avant une rencontre entre le Président Barack Obama et le roi Mohammed VI.
Pour le porte-parole de l’exécutif américain, Jay Carney qui faisait face à la presse à la mi-journée de vendredi, ce plan marocain d’autonomie « représente une approche potentielle qui peut satisfaire les aspirations des habitants du Sahara occidental pour diriger leurs propres affaires dans la paix et la dignité ». Le Maroc propose depuis 2007 un programme de large autonomie, tout en conservant les prérogatives de souveraineté : hymne national, drapeau et monnaie. La situation actuelle explique le « revirement » américain.
Le président américain « a salué les mesures prises par Sa Majesté le roi et son leadership dans l’approfondissement de la démocratie, des progrès économiques et du développement humain au cours de la décennie écoulée ». Barak Obama et le monarque ont aussi évoqué la lutte contre la prolifération nucléaire et l’antiterrorisme. « Les États-Unis ont l’intention de poursuivre leur coopération (…) pour contrer la menace de l’extrémisme violent dans la région », selon le texte, qui n’est pas entré dans les détails de cette coopération.
Il s’agissait de la première visite du roi à la Maison Blanche depuis 2004, quand il avait été reçu par le prédécesseur de M. Obama, George W. Bush. Le Maroc dispose d’une bonne fenêtre de tir pour faire valoir ses arguments. Le terrorisme islamique profite à Rabat de toute évidence, en tout cas dans l’interminable conflit autour de l’identité du Sahara ex-espagnol.
Jean Bonnevey
Source : Metamag