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Nicolas Sarkozy, la démocratie, le Moyen-Orient et Israël

La démocratie n’est pas bonne pour les pays arabes, explique en substance le candidat à la présidence de l’UMP. Qui se dit aussi hostile à la reconnaissance d’un État palestinien.

Nicolas Sarkozy a fait une confidence, mardi soir en meeting à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Il y a, à ses yeux, des pays où la diversité prime la démocratie. Le candidat à la présidence de l’UMP, qui était interrogé par un militant, n’a eu aucune peine à répondre sur les mesures qu’il comptait prendre « contre les Français qui partent faire le jihad au Moyen-Orient » :

« Ces gens sont la honte de l’humanité et avec eux il n’y a pas deux solutions. Il n’y en a qu’une : le combat et la fermeté. On ne peut pas parler avec eux, on ne peut pas discuter avec eux, on ne peut pas compromettre (sic) avec eux. »

Le conférencier de luxe qu’il est devenu et l’entremetteur qu’il a failli être pour un fonds d’investissement qatari (Lire ici et ici) a été en revanche beaucoup plus fuyant face à l’interrogation de ce militant qui voulait savoir s’il prendrait « des sanctions contre les pays qui comme l’Arabie-Saoudite ou le Qatar financent cette guerre ». « Ne rejetons pas un milliard de musulmans comme s’ils étaient tous complices et tous coupables. La situation est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine », a-t-il averti. « Il faut être fort contre les terroristes et les barbares mais il faut pas jeter l’opprobre sur des pays qui sont eux-mêmes confrontés à des situations extrêmement complexes à l’intérieur. »

On savait que Nicolas Sarkozy n’était pas Thomas Jefferson, ce troisième président des États-Unis qui avait déclaré qu’à choisir entre un pays sans presse mais avec un gouvernement et un pays sans gouvernement mais avec une presse, il opterait sans hésiter pour la seconde hypothèse.

Voilà que le sixième président de la Ve République nous avoue « un des points de désaccord » qu’il avait avec le quarante-troisième président des États-Unis, G.W Bush. Et pas n’importe lequel :

« Il voulait mettre la démocratie dans tous ces pays [Émirats, Qatar, Arabie-Saoudite, NDLR] et moi je lui disais que, pour ces pays, il y a beaucoup plus important que la démocratie, il y a la diversité.

Et c’est pourquoi je crois qu’il faut défendre le Liban, parce que le Liban est divers. C’est pour ça que je crois qu’il faut défendre l’unité de l’Irak parce que l’Irak est divers. Et c’est pour ça qu’il faut défendre le droit inaliénable à la sécurité d’Israël parce qu’un Moyen-Orient et un Proche-Orient sans juifs, qui y sont depuis des millénaires, ce n’est plus le Moyen-Orient et ce n’est plus le Proche-Orient. Ça ne s’appelle pas la démocratie, ça s’appelle la diversité. »

En 2007, nous nous étions inquiétés d’entendre le même Sarkozy, alors candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, justifier, au micro d’Europe 1, le coup d’État de 1992 en Algérie, quand l’armée et le FLN avaient imposé la suspension les élections déclenchant une effroyable guerre civile de plus de dix ans. Et ce qui nous inquiétait encore plus, c’est qu’en pleine campagne électorale aucun journaliste ni responsable politique n’ait réagi ni même sursauté à ces propos.

Cette indifférence se répète. À notre connaissance, l’affirmation sarkozyste selon laquelle la démocratie n’est pas un idéal universel et qu’elle s’opposerait à la « diversité » n’a suscité aucune réaction. Alors même qu’il n’existe pas d’autre régime capable de favoriser le pluralisme des idées et la liberté d’opinion.

« Le combat de ma vie »

Après une telle profession de foi, il n’est pas surprenant qu’à sa suite Nicolas Sarkozy ait appelé les parlementaires de l’UMP à voter contre la proposition de résolution socialiste sur la reconnaissance d’un État palestinien, qui sera discutée le 28 novembre à l’Assemblée nationale avant un vote en séance mardi 2 décembre. Le même texte sera examiné par le Sénat le 11 décembre. « Une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier et alors qu’il n’y a aucun processus de paix. Non ! », s’est justifié l’ancien président de la République, dénonçant l’attaque contre une synagogue perpétrée la semaine dernière à Jérusalem, et dans laquelle cinq Israéliens ont trouvé la mort.

Mais ce que Nicolas Sarkozy déclare à cette occasion est proprement inouï dans la bouche d’un ancien président de la République française.

« Je n’accepterai jamais que l’on remette en cause la sécurité d’Israël. C’est le combat de ma vie », déclare-t-il sous les applaudissements nourris de ses supporters. Dans quel pays trouverait-on normal qu’un ancien chef de l’État, et qui aspire à le redevenir, affirme que son principal sinon l’unique combat de sa vie est que rien n’attente à la sécurité d’un État étranger ? Si les mots ont encore un sens, c’est pourtant bien ce qu’a prétendu, mardi soir, Nicolas Sarkozy.

source : Politis 

http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuEZFuEkVFWCYZEQeh.shtml

 

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