Le XVe congrès du Front national s'est ouvert publiquement samedi à Lyon, sur les rives du Rhône, avec l'intervention attendue de Jean-Marie Le Pen.
Après l'approbation des rapports moraux du FN lors du Congrès du parti samedi à Lyon, Jean-Marie Le Pen a consacré les quinze minutes de son discours chronométré et offensif, à un rappel historique comme il l'avait annoncé.
«Heureux ceux qui ont embarqué, quand le bateau remis à neuf, après la tempête électorale et financière de 2007, qui faillit l'engloutir» a clamé l'orateur en avertissant: «Ils ne doivent jamais oublier la somme incroyable de dévouement et de sacrifices, consentis tête haute et mains propres pour construire le Front national et le préparer à son rôle historique de sauveur de la patrie.»
Fustigeant ceux qui, selon lui, avaient pris pour «cible» le FN pendant des décennies», Jean-Marie Le Pen a passé en revue ses ennemis politiques, des communistes aux socialistes en passant par les trotskystes de la LCR, SOS racisme, le CRIF, le «MRAP communiste», la «Licra UMPS», la Ligue des droits de l'Homme ou encore le Scapl (section carrément anti-Le Pen).
Dans sa verve d'ancien combattant, il s'est félicité de la dernière victoire aux européennes en la considérant comme une étape symbolique et la juste récompense» des années de lutte et d'opposition tenace contre la décadence» de la France.
Puis, Jean-Marie Le Pen s'est enfin tourné vers l'avenir en estimant le rôle «historique» du Front national, «sauveur de la patrie», en évoquant la «mission qui reste à accomplir». Se montrant confiant sur la fait que sa fille sera «présidente de la République» et que le «plus tôt serait le mieux», il a dessiné le «véritable défi de reconstruire la nation française» en l'associant à la seule condition «d'aimer la France» jusqu'à la «servir de toutes ses forces», voire, s'il le fallait, jusqu'au «sacrifice suprême».
L'eurodéputé a encore dressé un tableau catastrophique du pays, résultat selon lui, des conséquences d'une «immigration massive» et de l'Europe «mortifère» de Bruxelles. Insécurité, chômage, dette de plus de 2000 milliards d'euros, déficits budgétaires et sociaux, crises du logement et de l'éducation... Tout y passe pour illustrer un «déclin français» et la «servitude du peuple français», que Jean-Marie Le Pen voit «assassiné par les «politiciens d'extrême gauche, de gauche et de droite».
Revêtant l'habit du démographe, il a déroulé son argumentaire géopolitique préféré consistant à pointer la «prolifération» des populations mondiales comme l'annonce de «conflits sanglants» et de «torrents migratoires» qui submergeront la France et l'Europe. Il n'oubliera pas, au passage, le danger d'un «tsunami islamiste» qui ne «cache pas ses ambitions de domination mondiale». Et là encore, le président d'honneur, dans une séquence très politique, a dénoncé la responsabilité des dirigeants français et européens. Selon lui, ils sont complices du «patronat» avec la «bénédiction des évêques», en «symbiose avec la gauche de Mitterrand et Hollande» et la «soi-disant droite républicaine de Giscard à Sarkozy en passant par le funeste Chirac», puisque tous auraient «accepté» et «organisé» le «démantèlement» des nations.
Avec une émotion palpable, l'homme de 86 ans, visiblement essoufflé par une prise de parole énergique, a conclu son intervention en évoquant le «sang des chrétiens» et les faiblesses de la Défense. «Nous approchons de l'heure de vérité, a-t-il insisté, et vous devez savoir qu'entre le désastre et la France, il n'y a plus que le Front national et les patriotes qui le suivent». Ses derniers mots étaient pour la première spectatrice du parti installée au premier rang. «Il faut que Marine soit présidente!» a-t-il enfin lancé en répétant trois fois le mot «audace» et en promettant le salut de la France.
Emmanuel Galiero
source : Le Figaro