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Les problèmes sociaux les plus simples se sont révélés les plus insolubles

Si quelqu’un s’imagine encore qu’il est possible de réformer le système de façon à préserver la liberté de la technologie, qu’il considère les manières boiteuses et souvent inopérantes avec lesquelles notre société a essayé de gérer d’autres problèmes sociaux, de loin plus simples et plus triviaux. Ainsi, le système a été incapable d’arrêter la dégradation de l’environnement, la corruption dans la sphère politique, le trafic de drogue, et autres. 

     Prenons les problèmes de l’environnement, par exemple. Ici les oppositions sont claires : les impératifs économiques contre la volonté de préserver quelques unes des ressources naturelles pour nos petits enfants. Mais sur ce sujet nous avons seulement obtenu des inepties et des déclarations dilatoires de la part des gens qui ont le pouvoir, et non pas un programme d’action clair et cohérent et nous ne pouvons qu’imaginer la montagne de problèmes environnementaux qu’auront à gérer nos petits enfants. Les efforts pour résoudre les problèmes environnementaux se réduisent à des chamailleries et à des compromis entre différentes factions, les unes en position de force à un moment, les autres à un autre. L’énergie pour ce programme varie suivant les mouvements d’humeur de l’opinion publique. Ce n’est pas un processus rationnel, ou c’en est un dont on ne peut espérer une solution adéquate et satisfaisante. La plupart des problèmes sociaux, s’ils veulent être « vraiment » résolus, sont rarement ou jamais résolus de façon rationnelle et claire. C’est un processus confus où de nombreux groupes de pressions poursuivant leurs intérêts propres à court terme arrivent (en général par chance) à un modus vivendi plus ou moins stable. En fait, il est peu probable que les plans sociaux rationnels à long terme puissent JAMAIS prétendre au succès. 

     Ainsi, il apparaît que la race humaine a au mieux une capacité très limitée de résoudre même ses problèmes sociaux les plus triviaux. Comment pourrait-elle résoudre le problème infiniment plus complexe et plus difficile que constitue la réconciliation de la liberté et de la technologie ? La technologie a des avantages clairement mis en avant, alors que la liberté est une abstraction dont la signification varie d’un individu à l’autre, et sa perte est facilement dissimulée par la propagande et les discours mensongers. 

     Et notons cette importante différence. Il est possible que nos problèmes d’environnement (par exemple) soient un jour résolus grâce à un plan clair et rationnel, mais il ne le seront que parce que cela rentre dans les intérêts à long terme du système de résoudre ces problèmes. Mais ce n’est PAS dans l’intérêt du système de préserver la liberté ou l’autonomie des petits groupes. Au contraire, son intérêt est de contrôler le comportement humain sur la plus large échelle possible. Ainsi, si des considérations pratiques pourront éventuellement forcer le système à entreprendre une action pour la préservation de l’environnement, de semblables considérations forceront le système à prendre en main de façon encore plus drastique le comportement humain (de préférence par des moyens indirects qui dissimuleront l’effritement de la liberté). Ce n’est pas juste notre opinion. D’éminents sociologues (par exemple James Q. Wilson) ont insisté sur l’importance à « socialiser » la population de manière plus efficiente.

 

Théodore Kaczynski, La société industrielle et son avenir

http://www.oragesdacier.info/2015/01/les-problemes-sociaux-les-plus-simples.html

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