Après des années de tractations infructueuses et de déconvenues, le Rafale, véritable concentré du génie technologique français, a enfin décroché cette semaine son premier contrat à l’export. Un contrat de 5,2 milliards d’euros, aux termes duquel la France livrera à l’Egypte 24 exemplaires de cet appareil sans équivalent, ainsi qu’une frégate multi-missions FREEM et des missiles courte et moyenne portée MBDA.
Jusqu’à ce que l’Elysée confirme l’information jeudi soir, la prudence était de rigueur. Car, à plusieurs reprises, Dassault a vu s’envoler des commandes au dernier moment. Mais cette fois, l’accord avec l’Egypte aurait déjà été paraphé et devrait être officialisé ce lundi au Caire. Dans son communiqué, François Hollande précisait que Paris avait « fait un certain nombre d’efforts » sur le financement. Et Bercy, en effet, aurait accepté que la Coface, organisme français d’assurance-crédit, garantisse 50 % de la commande, hors paiement de l’acompte, qui devrait s’élever à 15 % du montant total.
Quoi qu’il en soit, cette opération est une excellente nouvelle pour Dassault et les groupes associés à la production de l’appareil : l’électronicien Thales et le motoriste aéronautique Safran, ainsi que les quelque 500 entreprises françaises sous-traitantes. Car l’avionneur, qui se doit d’assurer une production minimale de 11 Rafalepar an, risquait à terme de devoir arrêter la production.
Véritable « couteau suisse »
Entré en service en 2004, le Rafale est actuellement l’un des appareils les plus performants au monde, comme il l’a prouvé en Afghanistan, en Libye, au Mali et aujourd’hui en Irak. Son concept de polyvalence poussé à l’extrême en fait un véritable « couteau suisse », comme l’écrivait très justement Jean-Marc Tanguy sur son blog d’actu militaire. Et heureusement, ajoutait le journaliste : « Sans cette polyvalence du Rafale, on n’imagine pas dans quelle situation serait la capacité aérienne de la France car, dans les années 90, la France alignait encore 450 chasseurs. Ils ne sont plus que 200 aujourd’hui, pour un niveau opérationnel bien plus dense. »
Franck Delétraz