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La révolution islamique

 « La République française avait trouvé son supplément d’âme dans le patriotisme mais cette valeur est aujourd’hui délaissée. Avec une société laïque mais surtout matérialiste, notre société française n’est plus attractive pour les jeunes idéalistes ».

Le récent attentat de Paris contre l’hebdomadaire satirique gauchiste Charlie Hebdo remet la révolution islamiste mondiale au premier plan de l’actualité. Car le mouvement terroriste qui se veut d’inspiration religieuse est plutôt avant tout un mouvement révolutionnaire. Ce mouvement s’insurge contre les démocraties occidentales qu’il considère comme impies car matérialistes et décadentes sur le plan des mœurs. Il utilise pour cela la voie de la violence comme toute révolution. Les dirigeants sont des intellectuels, souvent formés en Occident, et les exécutants sont des déracinés. C’est un phénomène culturel qui n’a rien à voir avec la richesse ou la pauvreté.

L’islamisme est un mouvement révolutionnaire.

L’Occident a beaucoup de mal à comprendre ce qui arrive car il muré dans ses propres certitudes. La révolution islamiste n’est pas apparue par génération spontanée. Son fondateur est Sayyd Qutb, intellectuel (journaliste) égyptien, né en 1906 et pendu en 1966. Hostile à l’enseignement coranique reçu dans sa jeunesse et hostile à la monarchie égyptienne, donc à la tradition, il partit aux Etats-Unis en 1948 étudier les écoles américaines. Il jugea ce pays individualiste jusqu’à la nausée et spirituellement vide. Il se mit alors à craindre la colonisation occidentale à cause de ses conséquences idéologiques. En 1952, il est membre des frères musulmans qui aident l’armée à renverser la monarchie mais il est arrêté lors de l’attentat manqué contre Nasser en 1954. Qutb est emprisonné puis pendu en 1966. Comme Hitler, il écrit ses livres en prison « Fi Zilaal Al Quraan » (à l’ombre du Coran) et Maâlim fi Tariq (Jalons sur la route). Il y dénonce la Jahiliya (ignorance de l’Islam authentique). Il accuse la tyrannie des lois humaines (taghout) y compris démocratiques qui s’opposent aux lois de Dieu. Il estime qu’il faut guider les masses à sortir de l’ignorance et du complot des Juifs. (Voir Mystique et politique. Lecture révolutionnaire du Coran par Sayyid Qutb ; presses de la FNSP et éditions du Cerf 1984).

Pourquoi cette lecture révolutionnaire du Coran, reprise par les intellectuels radicaux que sont le milliardaire arabe wahhabite Oussama Ben Landen et le docteur égyptien Ayman al-Zahouahiri, a-t-elle eu un tel succès pour motiver ultérieurement des chefs de guerre locaux et des jeunes y compris de nos banlieues ?

Le soutien initial des Occidentaux aux Islamistes révolutionnaires.

Au départ, Ben Laden est utilisé par la CIA contre les Soviétiques en Afghanistan. Le président américain Carter aurait signé une directive de soutien le 3 juillet 1979 ; le 15 mars 1995, le président Bill Clinton déclare : « Les valeurs traditionnelles de l’Islam sont en harmonie avec les idéaux les meilleurs de l’Occident ». Le président américain confond visiblement la tradition de l’Islam avec sa lecture révolutionnaire faite par les nouveaux islamistes. La rupture des Américains avec Ben Laden intervient en 1998 ; Al Zahouahiri fait connaissance de Ben Laden dans la lutte anti soviétique soutenue par les services secrets américains en Afghanistan. Il est le numéro deux d’Al Qaida et écrivain idéologue disciple de Sayyd Qutb. Il menace deux fois la France, le 3 aout 2009 à cause de la loi sur le voile et de la position française à l’égard d’Israël. Il recommence le 7 avril 2013 à cause de l’intervention française au Mali. Comme on le voit, les menaces d’attentats en France ne datent pas d’hier.

Outre l’aveuglement des Occidentaux face à l’islamisme révolutionnaire (accueil de l’imam Khomeini en France par Giscard d’Estaing ; soutiens indirects aux islamistes en Lybie et en Syrie, élimination du laïc Saddam Hussein qui ouvrira la voie à l‘Eil en Irak, etc), le succès des Islamistes chez les jeunes dans les pays musulmans comme dans les milieux immigrés en Europe vient en partie des carences de la société occidentale à donner un sens à la vie dans un monde livré au matérialisme et à l’individualisme les plus vulgaires.

L’Occident abandonne ses traditions morales et spirituelles.

Qutb a inventé sa révolution islamiste suite à sa visite des Etats-Unis qui l’ont choqué par leur immoralité. Le philosophe Heidegger a montré que le monde occidental était dominé par un matérialisme utilitariste. Aux valeurs traditionnelles de Dieu, de la personne humaine, des racines et des idéaux, l’Occident a préféré l’idolâtrie de l’ego, des masses, de la technique et du pouvoir, notamment lié à l’argent. Cette critique est en partie vraie et explique la soif dévoyée mais réelle de spiritualité, d’engagement et d’héroïsme des révolutionnaires musulmans plongés dans une société sans idéal et hédoniste. Mais comme l’avait fort bien vu Dostoïevski, cet engagement militant « est maudit parce qu’il est cruel ».

L’Occident pense se débarrasser de l’islamisme par la seule répression policière et militaire. Cette action répressive est essentielle et doit se faire grâce à une coopération internationale la plus étendue. Exclure de grands pays comme la Russie de cette coopération serait une très grave faute. Il faut d’urgence rapprocher l’Europe de l’Ouest de la Russie et les Américains doivent considérer ce rapprochement comme favorable et non défavorable à leurs intérêts à long terme. Il n’y a pas d’alternative, notamment devant la menace révolutionnaire islamiste.

Toutefois, La répression policière contre une révolution ne suffit pas toujours. En profondeur, la révolution islamique perdra son pouvoir d’attraction le jour où les traditions religieuses, patriotiques et familiales seront de nouveau à l’honneur, pas seulement en Russie mais aussi en Europe occidentale et en Amérique. Le mouvement de destruction des traditions en cours à l’ouest depuis les années 1970 créé les conditions objectives du succès des islamistes auprès de beaucoup de jeunes.

La révolution des mœurs et de la culture des années 1970 en Occident nourrit l’islamisme révolutionnaire chez beaucoup d’individus des jeunes générations, par le dégout qu’elle provoque au sein des peuples écœurés par des élites désaxées. Pour assécher la révolution terroriste islamiste, il ne suffit pas de réprimer car il faut aussi toucher les âmes et savoir sortir du matérialisme ambiant. La République française avait trouvé son supplément d’âme dans le patriotisme mais cette valeur est aujourd’hui délaissée. Avec une société laïque mais surtout matérialiste, notre société française n’est plus attractive pour les jeunes idéalistes. Il faut donc revivifier l’idéal de la patrie comme on le fait en Russie sinon le pari n’est pas gagné !

Ivan Blot, 17/02/2015

A voir aussi :

L’essence de la révolution islamique

http://www.polemia.com/la-revolution-islamique/

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