À tous ceux qui pensent qu’il est impossible de lire Racine à l’école, je réponds qu’il est en effet plus commode de lire la presse aux ordres, de préférence un journal gratuit, de pianoter sur son ordinateur minuscule ou d’enseigner la théorie du genre. Puisque la littérature ne sert plus à rien, on préfère faire des choses utiles et pratiques. Il s’agit de préparer les animaux libres à la vie réelle, comme on dit, afin de les rendre apte à survivre dans la jungle des sociétés modernes, évolutives, nous dit-on mais avant tout, dominées par l’argent, l’économie, les calculs et les manipulations. Lire Racine ne fait – semble-t-il aucun sens.
Les tragédies raciniennes sont pleines de passion, de violence et de férocité. Elles sont féroces comme sont féroces l’amour et la guerre, la vie et la mort. Dans Iphigénie (1674), l’oracle demande qu’on sacrifie la fille du roi Agamemnon pour que les Grecs puissent continuer leur expédition militaire contre Troie. Déchiré entre l’amour de sa fille et la volonté des dieux, le père prépare officiellement l’hymen de sa fille avec Achille mais en secret, c’est le sacrifice d’Iphigénie qu’il prépare.