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Au-delà de la crise grecque, la question française.

La Grèce, toujours la Grèce ! N'est-ce pas ce que l'on pourrait se dire avec une pointe d'agacement en constatant que, une fois de plus, la Grèce revient sur le devant de la scène européenne, non pour son histoire ou son patrimoine touristique, mais pour son incommensurable dette et son impossibilité à la réduire, menaçant ainsi, à en croire les économistes européens, la viabilité de la zone euro ? En fait, la Grèce continue de souffrir, année après année, de l'incurie de sa République et de sa classe politique, mais surtout de la politique absurde des dirigeants de la zone euro et d'une financiarisation de l'économie qui ne veulent voir que des chiffres comptables et oublient les hommes, faisant reposer sur toutes les générations présentes et à venir le poids d'une dette qui, à ce niveau et avec les intérêts qui continuent de s'accumuler, n'est pas, tout simplement, résorbable et, au contraire, éternellement renouvelable : dette absurde et mortifère qui emprisonne toute une population dans un cycle infernal, privant la jeunesse grecque d'un avenir local et la forçant à s'expatrier. C'est une véritable fuite des cerveaux, un asséchement de la matière grise qui ne laisse d'inquiéter les élites intellectuelles locales et qui doit nous prévenir aussi des risques qui nous menacent si nous ne trouvons pas, en tant qu’État français, les moyens d'aider la nation grecque et de maîtriser notre propre endettement quand il en est encore temps et cela même s'il est déjà bien tard et bientôt, peut-être, trop tard.

Dans cette affaire grecque, l'Allemagne joue un jeu dangereux et M. Schäuble, l'intraitable ministre allemand des finances, cache à peine son intention de chasser la Grèce de la zone euro pour sauver l'euro (à défaut de sauver la Grèce, mais qui sait si la Grèce ne s'en porterait pas moins mal ?) alors que, dans le même temps, l'on nous explique doctement que la sortie d'un pays (le nôtre par exemple, puisque c'est un des débats de l'actuelle campagne présidentielle) de cette fameuse zone entraînerait de funestes conséquences pour son économie nationale et l'équilibre de l'Union européenne... Que penser de cette évidente contradiction dans le discours ? La politique allemande (qui cherche à imposer sa volonté au reste de l'Union, et au nom de « l'intérêt » supposé de cette même Union), par son intransigeance sur la dette grecque, fait détester « l'Europe » plus sûrement que tous les discours populistes qui n'en sont que la conséquence, et non la cause des problèmes de l'ensemble européen.

En effet, comment faire aimer « l'Europe » quand on en écrase les peuples et les nations pour des raisons d'argent ? Jadis, l'on disait que « plaie d'argent n'est pas mortelle », mais la dette à perpétuité, elle, tue les États et « l'envie d'être ensemble » que les Grecs ne vivent plus que comme un malheur sans sursis avec le chantage constant des institutions européennes et du FMI qui exigent une libéralisation sans fin et sans mesure : « l'hubris », cette notion née en Grèce ancienne et qui signifie la démesure, l'excès, est le terme qui convient pour signifier la politique de l'UE et de l'Allemagne à l'égard de la nation hellène contemporaine.

Où est la solidarité européenne que l'UE vantait jadis dans ses discours officiels et dans ses traités ? Bien sûr que la Grèce a triché pour entrer dans la zone euro, mais qui a fabriqué cette tricherie, sinon la fameuse banque états-unienne Goldman Sachs qui, aujourd'hui, salarie l'ancien président de la Commission européenne Manuel Barroso ? Qui a accepté cette fraude pour donner plus de poids au projet de la monnaie unique, dont les européistes annonçaient qu'elle mettrait fin à toutes les crises possibles et imaginables ? Qui ?

Ce qui est certain, c'est que les Grecs souffrent et que cette « Europe punitive » dont ils subissent le joug depuis sept ans ne les fait plus rêver : hier encore, en juillet 2015, nombre d'entre eux refusaient l'idée d'un retour à l'ancienne monnaie nationale, la drachme. Aujourd'hui, malgré les menaces et les prédictions apocalyptiques, ils renient cette monnaie unique qui, si elle a diffusé dans tous les pays de la zone euro l'image de la chouette d'Athéna ou celle de la princesse phénicienne enlevée par Zeus qui a donné son nom à notre continent, leur a aussi ôté toute indépendance sans leur donner la sécurité : beau résultat !

Il faudra bien, un jour, sortir de cette situation infernale et qui donne à la construction européenne une si mauvaise réputation, celle du mépris à l'égard des plus faibles, au lieu de fonder et porter une perspective de nouvelle société plus équitable et une ambition de forte coopération des puissances d'Europe pour le juste équilibre mondial. La France, si elle retrouvait sa véritable place sur la scène européenne et internationale, aurait une immense tâche à assumer, et ne pourrait se défausser comme, par faiblesse de situation et de volonté, elle le fait depuis quelques quinquennats...

Quand Anatole France se plaignait amèrement de l'absence de politique étrangère de la France sous la Troisième République, il désignait le coupable, c'est-à-dire cette République-là. La Cinquième a, un temps, renoué avec la logique diplomatique capétienne, peut-être jusqu'à 2003 et le refus français de suivre le bellicisme états-unien en Irak. Mais, sous MM. Sarkozy et Hollande, elle a renoncé à « faire de la force » et elle a déserté face aux difficultés et aux enjeux contemporains, par fatalisme ou par paresse, ou peut-être pire encore. Or, il n'y aura pas de construction européenne (quelle qu'elle soit, d'ailleurs) solide s'il n'y a pas une France sûre d'elle-même et libre de dire et d'agir, y compris contre les habitudes et au-delà des féodalités financières et économiques qui voudraient se soustraire et se substituer aux États constitués. Là encore, la République est-elle capable d'incarner ce renouveau politique et diplomatique que la France et l'Europe, que les nations et peuples de France et d'Europe attendent et, même, appellent de leurs vœux ? J'en doute fortement, au regard de l'histoire et des candidats à la présidentielle, si convenus et si décevants au regard des enjeux contemporains.

« La France ne peut être la France sans la grandeur », disait le général de Gaulle mais l'Europe elle-même n'est rien sans la France libre et forte. Encore faut-il qu'elle ait à sa tête un État digne de ce nom et, mieux qu'un homme, une famille pour l'incarner et l'inspirer... En somme, une Monarchie héréditaire et successible, et non une République soumise aux jeux de partis et de clientèles électorales et présidentielles.

http://nouvelle-chouannerie.com/

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