Depuis jeudi dernier, la vidéo partagée sur les réseaux sociaux fait le tour des rédactions. Comme dans un film de série B ou dans un jeu vidéo violent, on y voit un « jeune » mineur âgé de 16 ans – qui, comme les images le montrent, et sans vouloir faire d’amalgame, n’a rien d’un Gaulois aux longues tresses blondes – braquer un pistolet sur la tempe de son professeur.
La scène, qui a suscité l’indignation, s’est déroulée au lycée Edouard-Branly de Créteil. Ce jeudi matin, l’élève braqueur arrivé en retard à un cours de biotechnologie ordonne au professeur, pistolet en main, de rayer la mention « absent » de son carnet de présence et de le noter « présent » pour ne pas avoir de problème avec son père. Durant toute la scène, filmée à l’aide du téléphone portable d’un élève de la classe, on peut voir ses camarades de classe rigoler comme des bossus et faire des doigts d’honneur face à la caméra.
Le pistolet était factice mais l’acte de violence est, lui, bien réel. Depuis qu’Emmanuel Macron s’affiche et joue les « frotteurs » aux côtés de dealers et de repris de justice multirécidivistes comme on a pu le voir lors de sa visite sur l’île de Saint-Martin, les racailles « jeunes » ou moins jeunes se sentent-elles pousser des ailes face au laxisme politique et judiciaire ? Si ce genre de scène d’agression violente n’est pas une nouveauté dans l’enceinte des établissements scolaires (tout comme à l’égard des policiers), elle prouve, s’il en était encore besoin, que dans de nombreux quartiers les racailles, toujours les mêmes, sont bien installées et n’ont peur de rien ni personne. A commencer des profs dont il faut dire, sans vouloir être vieux jeu, que l’allure et la tenue vestimentaire de certains n’incitent guère au respect.
Vendredi, une enquête menée par les policiers du commissariat de Créteil a été ouverte après que le professeur a déposé plainte. Deux « jeunes » apparaissant sur la vidéo ont été placés en garde à vue. Le braqueur, mis en examen pour violences aggravées, risque, nous dit-on, trois ans de prison. Etant donné qu’il est mineur il a toutes les chances de risquer tout au plus une remontrance, quelques mois de travail d’intérêt général et quelques jours d’exclusion du lycée.
Dans une France où l’ultraviolence est du fait de « jeunes » de plus en plus jeunes sans que rien ne bouge, pas sûr que les beaux discours de fermeté d’Emmanuel Macron et de son nouveau ministre de l’Intérieur Christophe Castaner qui, sans jamais oser avouer d’où est issue cette violence, veut « reconquérir mètre carré par mètre carré la souveraineté républicaine », ni même l’annonce par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, d’un « plan d’action pour rétablir l’ordre », soient à la hauteur de l’enjeu.
Pierre Malpouge
Article paru dans Présent daté du 22 octobre 2018