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Et pendant ce temps, les barbares sont aux portes de la ville…

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 « Il va peut-être falloir se résoudre à suspendre la mention du sexe à l’état civil, tant qu’un enfant n’est pas en capacité de dire librement quel est son choix ». Déclaration du député socialiste de l’Ardèche, Hervé Saulignac, dans l’Hémicycle à l’occasion du débat sur le projet de loi bioéthique. Bon, on se calme, cette proposition ne concerne que les enfants dits intersexués.

Sujet délicat, puisqu’il s’agit des enfants nés avec « des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions typiques de “mâle” et “femelle” », selon la définition donnée par l’ONU. En France, un enfant sur cent mille naîtrait ainsi. Sujet délicat, donc, mais aussi particulièrement douloureux, car souvent, les enfants frappés de cette anomalie subissent des traitements lourds. La notion d’anomalie est, du reste, contestée par les partisans du « sexe neutre », désormais reconnu en Allemagne.

Sans minimiser la souffrance que cette situation peut représenter pour les familles et enfants concernés, cette intervention du député Saulignac, forcément animée par les meilleures intentions, appelle quelques remarques.

En effet, cette proposition illustre l’immixtion de plus en plus prégnante des situations minoritaires, des cas particuliers, voire ultra-particuliers, dans le débat législatif. C’est sans doute louable si l’on en restait là. Mais on n’en reste jamais là, et ce, au nom du plus que jamais sacro-saint principe d’égalité qui, s’il est gravé sur les frontons de nos mairies, n’est pas toujours frappé au coin du bon sens. La loi n’est-elle pas la même pour tous ? Donc, qui nous dit que demain, après-demain, au nom de ce principe – d’aucuns diront au nom de la tyrannie des minorités -, on ne va pas avoir un.e député.e qui va se lever dans l’Hémicycle ? Généralisons la mesure à tous les enfants : ce qu’on accorde à quelques-uns, on doit l’accorder à tous ! Alors, suspendons « la mention du sexe à l’état civil, tant qu’un enfant n’est pas en capacité de dire librement quel est son choix », pour reprendre les mots mêmes de l’élu ardéchois. Qui dit, du reste, que cette proposition n’est pas un cheval de Troie ?

L’enfant décidera de son sexe lorsqu’il sera capable de « dire librement quel est son choix ». À quel âge ? À l’âge de raison, par exemple. Mais c’est quand, l’âge de raison ? On disait sept ans, quand j’étais gamin, au temps du père de Gaulle. Aujourd’hui, faut voir, vu que, dans ce pays, l’âge de raison semble être repoussé plus vite que celui de la retraite. À l’âge de la première communion, de la confirmation pour les catholiques, de la Bar Mitsvah pour les israélites ? Pourquoi pas. Par la même occasion, l’enfant choisira, devant le maire, son prénom définitif.

Pour Hervé Saulignac, « il y a urgence à agir ». Il paraît qu’à Constantinople, alors que les Ottomans tambourinaient aux portes de la ville, ça discutait sec sur le sexe des anges. Mais toute ressemblance avec des situations ayant existé ou existantes, etc. Du reste, les barbares sont peut-être déjà dans la ville.

Georges Michel

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