Entretien avec Daniel de Montplaisir, historien et auteur de “Quand le Lys terrassait la Rose”:
1) L’Angleterre et la France semblent être alliées depuis toujours dans notre imaginaire collectif. Pourquoi raviver le souvenir des vieilles querelles ?
Il s’agit seulement de faire œuvre d’historien. L’Angleterre et la France sont des alliées (presque) fidèles depuis plus de deux cents ans. Le passé est bien mort, il n’y a donc pas de risque à le rappeler. En revanche, il était nécessaire de démentir l’idée reçue, et solidement établie, d’une Angleterre toujours victorieuse alors qu’au cours de sept siècles et demi d’affrontements militaires entre les deux puissances, la France a remporté la majorité des batailles.
2) Vous relatez une trentaine de guerres dans lesquelles Angleterre et France se trouvèrent face à face. Mais beaucoup d’entre elles sont davantage des querelles féodales (où deux seigneurs qui se trouvaient être les rois de nos deux nations en gestation se disputaient des fiefs) que des guerres nationales. Quand bascule-t-on vers une guerre réellement nationale ?
Vous avez raison. Le concept de nation fut long à émerger et ne s’imposa que très progressivement. Sans trop simplifier les choses on peut dire que l’on passe des guerres dynastiques aux guerres nationales avec la fin de la guerre de cent ans. On observe alors l’émergence de la notion de patriotisme et l’attachement au royaume plus encore qu’à la personne du roi. C’est vrai sur le plan politique mais aussi militaire : première bataille gagnée par l’artillerie et donc par l’industrie, bourgeoise, citadine et financière, Castillon (17 juillet 1453) signale la fin de l’ère féodale.
3) Quel est le bilan militaire et politique de cette trentaine de conflits répartis sur plus de sept siècles?
En caricaturant à peine, on peut affirmer que, comparés aux Anglais, les Français font de meilleurs soldats, des marins tout à fait honorables, mais de piètres diplomates. Il est frappant de constater que l’Angleterre a presque toujours fait preuve de continuité, voire d’obstination, dans la poursuite de ses objectifs tandis que la politique française variait au gré des changements de monarques, de gouvernements, des intrigues de cour, des lubies des philosophes. Au pragmatisme, voire de la rouerie, de la première, répond, sous couvert d’honneur et de panache, la naïveté de la seconde.
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