La vieille image de « grosse brute » de l'Homme de Néandertal n'en finit décidément pas de s'effondrer. Une équipe de paléoanthropologues dirigée par Emma Pomeroy, de l'Université de Cambridge, a procédé à l'examen détaillé de 10 squelettes de Néandertaliens, sept adultes et trois enfants, découverts dans la grotte de Shanikar, située à environ 600 km au nord de Bagdad. Les chercheurs ont identifié de nombreuses traces de pollen autour des corps, ce qui montre que des dépôts de fleurs ont eu lieu au moment de l'inhumation, et que par conséquent, des rites funéraires étaient pratiqués par les Néandertaliens. Parallèlement, une autre équipe, animée notamment par Marie-Hélène Moncel, directrice de recherches au CNRS, a annoncé la découverte, sur le site de l'abri du Maras, près de Saint-Martin-d'Ardèche, d'un minuscule fragment de cordelette qui se trouvait près d'un éclat de silex appartenant une strate vieille de 41000 à 52 000 ans. Les matériaux d'origine végétale résistant très mal à l'usure du temps, et nos connaissances des cultures matérielles du Paléolithique provenant presque exclusivement d'objets tels que des os et des outils, la trouvaille est exceptionnelle. C'est l'examen au microscope électronique qui a révélé que ce fragment d'écorce interne de 6,2 millimètres de long, aujourd'hui minéralisé, associe trois brins de fibres végétales torsadées les unes autour des autres d'une façon qui n'a pas pu être naturelle. C'est le plus ancien exemple de cordage connu à ce jour, et il est également l'œuvre de Néandertaliens, qui sont les seuls humains à avoir occupé cet abri sous roche situé à la sortie des gorges de l'Ardèche.
Sources. The Guardian, 27 mars 2020, Scientific Reports, 9 avril 2020.