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Hasting, clef de l'Angleterre

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Esprit particulièrement brillant, Guillaume, duc de Normandie, réussit là où Philippe II, Napoléon et Hitler échouèrent après lui en 1066, sa victoire à Hastings lui ouvrit les portes de l'Angleterre.

Cette chronique fait trop souvent la part belle aux gros volumes universitaires, qui peuvent frustrer plus d'un de nos lecteurs dont la liste des ouvrages à lire ne cesse de s'allonger. Or, les éditions Tallandier viennent d'inaugurer une collection qui répond aux exigences d'un travail sérieux sans décourager le lecteur réticent à accumuler les « pavés », puisque les titres proposés font moins de 200 pages. Cette collection intitulée « L'Histoire en batailles », peut être aussi considérée comme une belle réponse aux sarcasmes dont l'historiographie politique a longtemps été la victime, face à une école des Annales heureusement en voie de disparition.

Les batailles d'Hastings (14 octobre 1066) et de Wagram (5-6 juillet 1809) inaugurent donc cette initiative qui annonce d'autres titres.

Nous laisserons de côté Wagram, pour porter un regard sur la bataille d'Hastings, qui voit s'affronter deux chefs politiques et militaires, Guillaume de Normandie et Harold d'Angleterre, pour la conquête de la couronne anglaise. En cette moitié du XIe siècle, marquée par le système féodal, les possessions territoriales du duc de Normandie, désormais roi d'Angleterre, sont dix fois plus étendues que celles du roi de France et les « chevaliers normands invincibles » dominent l'Europe du nord au sud où s affrontent chrétiens et musulmans. Ils créent le royaume de Sicile, qui englobe toute une partie de la botte italienne et contre lequel les Byzantins n'hésiteront pas à enrôler les vaincus de Hastings, ce royaume normand constituant une menace pour le vieil empire d'Orient. C'est dire le retentissement de cette bataille, qui ne fut pas aisément gagnée par le duc Guillaume. À vrai dire, sa victoire se joua à très peu de choses.

À travers un plan concis et ramassé, le livre de Pierre Bouet nous donne toutes les clés pour comprendre les facettes du conflit. Le lecteur sera surpris par l'extraordinaire logistique mise en place par Guillaume dans sa conquête. Faut-il rappeler que ce qu'il fit en 1066, ni Philippe II d'Espagne avec son invincible armada, ni Napoléon avec la Grande armée réunie au camp de Boulogne, ni Hitler ne le réussirent. Guillaume, admirablement bien entouré, fit traverser la Manche à quelque 15 000 soldats, plus de 3 000 chevaux et des tonnes d'armes et de vivres. Les ports de Normandie travaillèrent sans relâche pour construire les navires et les structures indispensables à l’embarquement des chevaux, tout comme d'autres ports alliés au duc par un réseau complexe de liens de vassalité. C'est d'ailleurs ce qui distingue le camp normand du camp anglais - outre l'admirable dévotion à leur duc des troupes normandes. Guillaume rassemble à ses côtés de nombreux princes qui ne sont pas directement concernés par la cause, quand Harold en fait une question « nationale » dont l'écho retentira jusqu'au mur commémorant le débarquement en 1944.

Une des originalités de ce conflit est qu'il fut intégralement reproduit par la tapisserie de Bayeux, document unique en son genre et secours pour l'historien en quête d'iconographie. Le livre fait ainsi la part belle aux images les plus éclairantes, permettant parfois de résoudre des énigmes auxquelles les sources écrites ne répondent pas. L’auteur décrit enfin les deux admirables personnages qui se font face dans cette lutte de pouvoir, qui fut aussi une lutte juridique : « La bataille d'Hastings n’a nullement opposé, comme la propagande normande ou anglaise a voulu la présenter, un prince légitime, d'une part, et un adversaire considéré comme un usurpateur, d'autre part. Elle a mis aux prises deux prétendants à la couronne d'Angleterre, qui avaient des droits, effectivement reconnus par l'autre pouvoir. (À Hastings se trouvaient face à face un roi légitime et un prétendant aussi légitime à désirer le sacre royal). Il revenait à Dieu de choisir entre ces deux champions. » Après la mort d'Harold, tué par une flèche à Hastings, Guillaume fut couronné roi d'Angleterre, le 25 décembre 1066, dans l'abbaye de Westminster.

Christophe Mahieu monde&vie 2 avril 2011 n°841

Pierre Bouet, Hastings 14 octobre 1066, Tallandier, Coll. L'histoire en bataille, 186 pages av. index et biblio, 16,90 €.

Dans la même collection. Arnaud Blin, Wagram, 5-6 juillet 1809

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