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Algérie Brève histoire d'une conquête

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Le cinquantenaire de l'indépendance algérienne est une bonne occasion de faire un retour sur les 132 ans pendant lesquels le drapeau français (blanc fleurdelysé au tout début, tricolore par la suite) a flotté sur cette terre.

« Nous sommes fils d'un monde nouveau, né de l'esprit et de l'effort français. » Cette réflexion de Ferhat Abbas, qui présida le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1962, puis l'Assemblée nationale constituante aux premiers temps de l'Algérie indépendante, exprime une réalité : c'est la France qui a créé l'Algérie. Avant elle, étaient les Turcs, qui s'étaient rendus maîtres de la Régence d'Alger à la fin du XVIe siècle.

Outre la menace que faisait peser la piraterie barbaresque sur le commerce en Méditerranée, la querelle qui conduisit les Français à conquérir l'Algérie résulta d'une vente de blé par la Régence au Directoire en 1797. En avril 1827 le dey Hussein, exigeant le paiement de la créance, insulta le consul de France et le frappa de coups d'éventail. Pour laver l'affront, le roi de France, Charles X, envoya une division navale bloquer la ville, mais en 1829, les Turcs canonnèrent le vaisseau de l'amiral La Bretonnière, venu en parlementaire puis, en 1830, ils massacrèrent 80 marins de deux vaisseaux français échoués à l'est d'Alger.(1)

Le 14 juin 1830, un corps expéditionnaire français de 30 000 hommes, placé sous les ordres du général de Bourmont, débarque dans la baie de Sidi-Ferruch et le 5 juillet, le dey ayant capitulé, les troupes françaises entrent dans la ville. Cependant, à la fin du même mois, la révolution contraint Charles X à abdiquer et le 9 août Louis-Philippe devient roi des Français. À Alger, le général Clauzel remplace le légitimiste Bourmont, tandis que le nouveau gouvernement est tenté d'abandonner cette conquête encombrante - abandon auquel s'opposent l’opinion publique et une partie du Parlement. Les territoires de l'ancienne Régence seront finalement annexés par ordonnance royale en juillet 1834 et trois fils de Louis-Philippe, les duc d'Orléans, de Nemours et d'Aumale, s'illustreront au cours de la conquête.

Entre 1831 et 1832, les Français occupent ou réoccupent Oran, Bône, Bougie, entrent à Mostaganem. Cependant, les chefs des tribus rebelles portent à leur tête un jeune chef qui se signale par son intrépidité, l'émir Abd el-Kader. En juin 1835, celui-ci inflige une cuisante défaite aux troupes françaises dans les marais de la Makta. Paris envoie alors le général Bugeaud, avec des renforts, pour dégager le général d'Arlanges bloqué par l'émir à La Tafna. Bugeaud cherche l'affrontement et bat Abd el-Kader le 16 juillet 1836. Par ailleurs, après un premier échec en 1836, les Français enlèvent Constantine au bey Ahmed, après de furieux combats, le 13 octobre 1837

Un conquérant nommé Bugeaud

Le 19 décembre 1840, le général Bugeaud est nommé gouverneur général de l'Algérie et commandant en chef, avec mission de conquérir la totalité du territoire et de vaincre Abd el-Kader. Pour détacher les populations de l'émir, qui leur impose son joug par la terreur, il empêche les indigènes de semer et de récolter. Passant à l'offensive dès 1841, il forme des colonnes mobiles et met à contribution la toute jeune armée d'Afrique, au sein de laquelle des unités supplétives se battent aux côtés des Français. Superbe fait d'armes, le 16 mai 1843, 350 spahis et chasseurs à cheval emmenés par le jeune duc d'Aumale, âgé de 21 ans, s'emparent de la smala d'Abd el-Kader, une véritable ville nomade de 40 000 personnes, et font 3000 prisonniers.

L'émir se réfugie au Maroc, dont le sultan masse 40 000 cavaliers à la frontière. Bugeaud les écrase avec des effectifs quatre fois inférieurs, à la bataille d'Isly, le 14 août 1844. Abd el-Kader se rend le 21 décembre 1847 mais la conquête n'en est pas achevée pour autant : la Kabylie ne se soumet qu'en 1857 après les combats sanglants d'Icheriden et la capture par Mac Mahon de la maraboute Lella-Fatma, qui prêchait la guerre sainte.

À partir de cette date, bien que des insurrections se déclarent encore jusqu'à la fin du XIXe siècle, comme le soulèvement des Ouled Sidi Cheikh en 1864, la révolte des Mokrani en 1871, des incidents dans l'Aurès en 1879 et le Sud-Oranais en 1881, l'Algérie est pacifiée, à l'exception du Sahara qui ne le sera qu'au lendemain de la Première Guerre mondiale.

1) cf. Monde&Vie n°834.

Jean-Pierre Nomen monde&vie 3 mars 2012  n°856

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