L'avis de Jean-François Touzé
Le 15 février 1989, la Russie achevait le retrait de ses troupes d'Afghanistan. Quelques mois plus tard, revenant sur cet événement, j'écrivais dans mon premier éditorial d'Espace Nouveau, le mensuel que nous venions de fonder Roland Hélie et moi, ma certitude que ce départ était une mauvaise nouvelle pour le monde blanc car il laissait la place au pire ennemi de l'Europe : l'islamisme.
Omnubilés par la menace soviétique pourtant déclinante - cette menace que nous avions si longtemps et si légitimement combattue de toutes nos forces militantes - ne percevant pas encore que l'emprise communiste sur notre civilisation était en passe, non de disparaitre mais de se perpétuer sous une autre forme et sous d'autres masques - ceux du progressisme, des droits de l'homme et d'un nouvel internationalisme - instrumentalisés par la propagande américaine, intoxiqués par la CIA, influencés par un certain air du temps où se mêlaient archéo-atlantisme de la droite et néo-antistalinisme bien tardif des intellectuels ex-maoïstes devenus révisionnistes de la cause des peuples et glorificateurs des moujahidines, ossifiés dans le conformisme de la guerre froide sans voir que le monde était en plein bouleversement, un certain nombre de nos amis me reprochèrent cet article qui établissait pourtant clairement les risques à venir, définissait les enjeux et montrait les intentions à long terme de Washington.
J'avais pourtant raison. La suite l'a malheureusement montré.