À l'heure où ces lignes sont écrites, tous les Français, et d'abord tous les Franciliens et les départements du nord de ce malheureux pays demeurent scotchés, tétanisés, résignés. Ils restent dans l'attente des oukases qui nous seront communiqués par le Premier ministre ce 18 mars à 18 heures.
Et comme nous avons été méthodiquement, soigneusement, systématiquement, mis en condition, nous sommes supposés pousser un soupir de soulagement, car, quoiqu'il arrive la décision qui nous sera imposée, sans vote ni concertation démocratique, rappelons-le, se révélera "moins pire" que la pire, la plus coûteuse, etc.
Le couvre-feu à 18 heures c'est lourd mais c'est moins lourd qu'à 17 heures, moins lourd que le confinement les fins de semaine, moins lourd localisé que généralisé à tout l'Hexagone, moins lourd version française 2020 que la version chinoise, etc.
Certains médecins, pas toujours des praticiens effectifs, des médecins divisés sur les plateaux de télévision, des médecins qu'on nous présente comme des scientifiques, alors que la médecine n'est pas une science exacte mais un art d'expérience, nous laissent entendre qu'elles seront, quoiqu'il advienne, insuffisantes.
Réveillons-nous de ce cauchemar.
Un an après l'espèce de déclaration de guerre du chef de l'État de mars 2020, 12 mois et 215 milliards d'euros après sa formule "quoi qu'il en coûte", où en sommes-nous ?
Le premier constat qui s'impose est que, bataille après batille, l'étatisme français n'a guère brillé… après les masques… après le cafouillage des consignes et des papiers administratifs absurdes… après les tests… la séquence des vaccins ne se révèle pas plus brillante. Un député de droite a pu parler d'un juin 1940 sanitaire, il aurait pu remonter à Trafalgar, à Sedan ou à Azincourt.
Or, tous les jours, sur toutes les chaînes de télévision, dans tous les soi-disant débats, sur les sites de journaux réputés sérieux, il n'est question d'abord que du Covid.
C'est une affaire entendue : nous ne pourrons rien changer, en fait, aux prescriptions sanitaires et aux restrictions qu'elles impliquent dans nos vies quotidiennes.
À peine certains s'enhardissent déjà, depuis des mois, à les enfreindre sans trop de dommages pour eux, d'ailleurs, car les forces de l'ordre, fatiguées d'être désavouées, dénigrées, caillassées, ne peuvent guère aller plus loin dans la répression et leurs consignes semblent moins strictes qu'on le dit.
Votre chroniqueur s'est ainsi trouvé par hasard dans une manif des jeunes gauchistes dans le centre de Paris le 16 mars, trotskistes du NPA et survivants du PCF, désormais confondus, au coude à coude. À la fois impressionnante, quant au retour de la préhistoire et dérisoire, quant au nombre actuel de cet embryon de révolte. Un peu plus loin, dans le métro, des occupants des théâtres, peut-être plus inquiétants car de tels lieux ainsi squattés 24 heures sur 24 peuvent aisément se transformer en incubateurs, on l'a vu en 1968. Tout ce petit monde se veut, se croit, se dit génération sacrifiée.
Et personne ne semble vouloir les contredire : ont-ils la moindre idée de ce qu'est une vraie guerre ?
Il est donc temps de se préparer à reprendre nos esprits.
Ouvrons les yeux et parlons d'autre chose que de la pandémie. Le Covid doit sans doute trouver sa place dans nos préoccupations, mais pas toute, pas la première. Car nous devons aussi, et d'abord, penser à la marche future de nos vies, de nos entreprises, de nos pays.
Votre chroniqueur s'efforcera désormais de s'y consacrer plus activement.
Il existe, par exemple, 200 pays dans le monde. Pourquoi ne voulons-nous pas comprendre que le microcosme parisien et les chicanes intra-européennes ont beaucoup moins d'importance que les conflits qui se multiplient : entre l'Algérie et le Maroc, en Libye, et dans toute l'Afrique, pour ne rien dire de ce qui se dessine en Asie, et de la menace que le pouvoir capitalo-communiste régentant la Chine fait peser sur le monde.
Or, les retombées de l'Afrique et de l'Orient rejaillissent dans nos cités.
L'Europe commence tout juste à se préoccuper de la simple question des migrations en Méditerranée : Mme Parly, ministre de la Défense, était auditionnée au Sénat le 17 mars. Elle affirme qu'elle ne laissera jamais cette mer devenir un espace de non-droit.
Puisse-t-elle ne pas être démentie par les faits !
Puisse l'opinion prendre conscience du péril !
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2021/03/et-si-on-parlait-dautre-chose.html