Hormis les rodomontades d’Emmanuel Macron, va-t-en-guerre aux allures de général Alcazar, l’actualité politicienne est bien morne en ces temps estivaux. L’occasion de revenir sur des sujets plus primordiaux ? Oui.
Il n’est pas besoin d’être savant, mais d’avoir seulement quelques grammes de bon sens et de plomb dans la cervelle pour se rendre compte que nos sociétés occidentales données pour “progressistes”, n’ont plus que ce projet de vie en ligne de mire : assassiner les enfants à naître dans le ventre de leur mère, tout en zigouillant les vieux suspects d’avoir atteint la date de péremption. Joli projet d’avenir, dans lequel il conviendra désormais de zigzaguer, entre pompes à aspirer les fœtus et dispositifs bureaucratiques autorisant à piquer les vieux avant qu’ils ne commencent à sentir. L’âge de l’auteur de ces lignes étant ce qu’il est, inutile de préciser que ce dernier commence à avoir les miquettes.
Pour tout arranger, ceux qui, généralement gosses de riches et n’affichant que peu de printemps, refusent de fonder une famille, au nom de la sauvegarde de la planète, de l’impact écologique des couche-culotte ou du prix du lait en poudre. Il y en a même qui ont recours à la vasectomie. Remarquez, vu leurs tronches de dépressifs chroniques, il n’est pas forcément plus mal qu’ils évitent de se reproduire, ne serait-ce que pour le bien de l’humanité ; voire même celui de Gaia.
La sagesse immémoriale des contes pour enfants…
Autrefois, les contes de fées nous assuraient, quelques pages avant la fin de l’histoire, que le prince et la princesse, enfin mariés, feraient beaucoup d’enfants. Ces contes médiévaux, visionnaires à leur manière et en matière sociale, n’ignoraient d’ailleurs rien des rapports de classes, sachant que le berger pouvait engrosser la comtesse et que la bergère ne rechignait pas à se faire besogner par le comte. Mais, au bout du compte, la communauté y gagnait ; et le bien commun au passage, puisque permettant à l’ascenseur social de fonctionner, fut-ce sous les draps.
Aujourd’hui, une telle vision de la société est donnée pour rétrograde. Mais celle, promue par le progressisme ambiant est-elle finalement si progressiste ? On est en droit de se le demander. En effet, qui en sont les victimes et les bénéficiaires ? La réponse est dans la question. Chez les pauvres, on avorte trop souvent parce que les moyens financiers ne permettent pas forcément d’accueillir un autre enfant, tandis que l’euthanasie se révèle bien tentante, d’un point de vue économique surtout, dès lors qu’il s’agit de mettre les ancêtres au rebut, une maison de retraite décente n’étant pas forcément à la portée de toutes les bourses.
Chez les riches, c’est évidemment une toute autre affaire. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la presse people, finalement très instructive sur les mœurs des élites mondialisées. Les starlettes du moment mettent leurs grossesses en scène sur les réseaux sociaux. Et, pour peu qu’il s’agisse d’éviter les vergetures et les poitrines soumises à l’inéluctable loi de la gravité, il y a les mères porteuses, ces pauvresses du tiers-monde ; les seules auxquelles l’avortement est finalement interdit. Mais y a encore l’adoption, avec d’autres grands de ce monde, qui s’en vont faire leur marché en Afrique, façon Madonna ou Angelina Jolie. Car une famille Benetton, dans les médias, ça fait toujours joli.
Jean-Paul II, le pape social ?
Bref, ce que certains voudraient nous vendre comme “progrès” humanitaire, n’est jamais qu’une régression de l’humanité, doublée d’une oppression des plus miséreux de nos compatriotes terriens. Le 25 mars 1995, le pape Jean-Paul II évoquait déjà ce cataclysme civilisationnel, à l’occasion d’une lettre encyclique, Evangelium Vitæ. Pour la lire et en comprendre tout le sel, nul besoin d’être catholique, juif, musulman, polythéiste ; voire même croyant, tant elle est universelle. La preuve en est, qu’en préambule, le grand homme nous dit ceci : « Les nouvelles perspectives ouvertes par le progrès scientifique et technique font courir des risques accrus à la dignité de l’être humain et à sa vie. (…) De larges couches de l’opinion publique justifient certains crimes contre la vie au nom des droits de la liberté individuelle. »
Preuve que ce discours remontant à trente ans n’a pas été vain : il suffit de se reporter à l’éditorial de Marianne, ce 14 août, signé Hadrien Mathoux, qui nous dit ceci : « Il y a longtemps que nous sommes sortis de “l’État de droit”, que ne cessent de nous vanter les zélotes bien-pensants, pour entrer dans l’ère “des tas de droits.” » Bien vu. C’est d’autant bien vu que ce cet hebdomadaire, pas tout à fait connu pour hanter les sacristies, rejoint ainsi la parole papale en condamnant l’individualisme ambiant.
Une conception utilitariste de la société ?
Jean-Paul II, toujours : « Il y a aujourd’hui une multitude d’êtres humains faibles et sans défense qui sont bafoués dans leur droit fondamental à la vie. Si l’Église, à la fin du siècle dernier, n’avait pas le droit de se taire face aux injustices qui existaient alors, elle peut encore moins se taire aujourd’hui, quand, aux injustices sociales du passé qui ne sont malheureusement pas encore surmontées, s’ajoutent en de si nombreuses parties du monde des injustices et des phénomènes d’oppression même plus graves, parfois présentés comme des éléments de progrès en vue de l’organisation d’un nouvel ordre mondial. »
Pour Jean-Paul II, cette « culture de mort » développe une « conception utilitariste de la société débouchant que la guerre des puissants contre les faibles. » Et le même d’ajouter : « Quand on recherche les racines les plus profondes du combat entre “culture de vie” et “culture de mort”, on ne peut s’arrêter à la conception pervertie de la liberté. Il faut arriver au cœur du drame vécu par l’homme contemporain : l’éclipse du sens de Dieu et du sens de l’homme. »
Soit une perte du sacré si justement mise en lumière par deux autres philosophes, Thomas Molnar et Alain de Benoist, l’un qui croit et l’autre pas, dans leur essai rédigé à quatre mains : L’Éclipse du sacré. Quand les grands esprits se rejoignent, pourquoi bouder son plaisir ? Ce ne serait pas chrétien, comme on dit à Éléments.