Savez-vous que les femmes en France ont obtenu le droit de vote bien avant les militaires de carrière ?
C’est en effet le 21 avril 1944 que le droit de vote est accordé définitivement aux femmes tandis que, un peu plus d’un an après, les militaires de carrière sont les derniers citoyens français (à l’exception des personnes sans domicile fixe) à obtenir le droit de vote :
“Jusque-là, les militaires étaient exclus du suffrage universel sous prétexte qu’ils ne devaient pas prendre parti dans les luttes politiques. L’armée ne sera donc plus surnommée la « Grande Muette » (même si encore aujourd’hui ses membres sont soumis à un devoir de réserve, comme l’ensemble des fonctionnaires).[source]
On utilise parfois la formule “la Grande Muette” pour dire l’armée. Si on y a encore recours de nos jours, cette métaphore désigne en réalité l’armée de la IIIe république et ne correspond plus à une réalité contemporaine.
Adolphe Thiers, alors président de la République, fit voter la loi du 27 juillet 1872 sur l’armée, qui refusait aux militaires le droit de vote. Les officiers n’avaient ainsi pas le droit de voter en raison de la méfiance des Républicains à leurs égards. Ne pouvant pas prendre parti dans les luttes politiques, ils étaient bien muets électoralement parlant.[source]
Dans un éditorial très intéressant d’un dossier sur la liberté d’expression des généraux en deuxième section, en mars 2017 (déjà!), le général (2S) Bouquin, président de l’association G2S (association des généraux en deuxième section), écrivait :
“(…) Peut-être en guise de conclusion faut-il rappeler l’origine de l’expression « la grande muette » ? Cette formule ne fait en aucune manière référence à l’expression des militaires, mais à leur droit de vote ! Au début de la Troisième République, en raison de la défiance des républicains envers l’armée, il a été décidé que les militaires d’active (officiers en particulier), ainsi que les citoyens durant leur service militaire, ne pourraient disposer du droit de vote. C’est ainsi qu’ils sont collectivement devenus « la grande muette ».
C’est donc un terme qui n’a rien à voir ni avec la liberté d’expression ni avec le devoir de réserve. Est-il bien judicieux de continuer à l’utiliser maintenant que les militaires ont le droit de vote ? Sauf à penser que certains trouvent utile de conserver l’expression parce qu’ils croient utile que les militaires continuent à se taire…”
Le dossier complet est consultable ici.