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Grande pauvreté : il y a les fraudeurs et ceux qui ont leur dignité, par Iris Bridier.

255,5 millions d’euros. C’est le montant des fraudes aux prestations sociales détectées par la CAF, en 2020 (RSA, allocations familiales, APL, prime d’activité…). Pour nos champions de la fausse déclaration, cette pratique apparaît donc comme un sport national qu’il convient d’endiguer rapidement.

Et puis, parmi les très pauvres, ils sont 1,9 million, selon l’INSEE, à vivre avec moins de 930 euros par mois, il y a ceux qui ne demandent rien et qu’il faut aller chercher.  leur consacre un reportage dans le Morbihan. Leur journaliste a suivi cette camionnette de la Banque alimentaire qui parcourt, chaque semaine, 200 kilomètres sur les routes de  et part à la rencontre de ces familles isolées venues s’installer dans ces villages car les loyers sont plus accessibles.

Fuyant les désagréments des villes – telle Mélanie, 33 ans, qui est arrivée il y a deux ans et témoigne : « Et puis ici, c’est calme… On en a assez, des , de la vie en HLM » -, ces familles voient leur budget rapidement englouti par les frais importants de voiture (assurance, essence, contrôle technique, radars…), indispensables pourtant quand on habite loin de tout. Le travail ne manque pas, dans cette région à l’industrie agroalimentaire, mais les salaires sont maigres, explique le quotidien. Un vrai problème, pour ces maire de villages interrogés regrettant que leur budget  soit insuffisant.

Et Le Monde de se souvenir que « la  n’est pas qu’importée », citant Monique, 71 ans, Josette, 76 ans, Gilles, 50 ans, Laurence, 56 ans, Sylvia, 43 ans… Une situation aux antipodes, donc, de nos banlieues arrosées à coups de plans onéreux. « Des centaines de milliards ont été engloutis. Le montant précis des sommes déversées dans les quartiers a été jusqu’ici impossible à chiffrer. Même les magistrats financiers de la Cour des comptes se cassent les dents sur l’addition », révèle Le Figaro. Pour autant, et malgré ce coût exorbitant, la paix sociale n’a jamais été trouvée puisque Jean-Baptiste Léon, directeur des publications de Contribuables associés, rappelle cet échec retentissant : « En 1981, on parlait de “quartiers chauds”, en 2015, de “quartiers sensibles de non-droit”. Six ans plus tard, cette dénomination n’est plus utilisée, tant la situation n’a cessé de se dégrader. Voici les “quartiers de reconquête républicaine”. »

Pendant ce temps, ces « petits retraités, travailleurs pauvres et cabossés de la vie sont les visages de la pauvreté des campagnes », ils n’ont pas été habitués à l’assistanat, ne réclament rien par fierté ou dignité tandis qu’eux aussi manquent de tout. « Mais les Bretons n’aiment pas non plus le gâchis, alors pour les décider à accepter les colis, je menace de les jeter s’ils ne les prennent pas… », ajoute Yann Jondot, vice-président de la communauté de communes du Roi Morvan, chargé des solidarités. Une pauvreté « profonde et discrète »

Iris Bridier

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