L’État prétend décréter le vrai et le faux. Rien n’arrête plus le pouvoir dans sa chasse aux virus, y compris intellectuels. Encouragé sans doute par le consensus mou qui acquiesce à son ordre sanitaire, le chef de l’État vise, cette fois, les opinions contagieuses. Son ami Jean-Marc Borello, cofondateur d’En marche !, a révélé la stratégie d’éradication en qualifiant, dimanche, Éric Zemmour et ses 15 % d’intentions de vote (passées mercredi à 17 %) de « virus nouveau ».
« J’ai repéré la maladie, ça s’appelle la peste brune », a déclaré Borello. Ce militant de la cause homosexuelle a été condamné à six mois de prison avec sursis dans une affaire de stupéfiants et accusé, dans Libération, d’agressions et de violences sexuelles. En réduisant les idées du journaliste à une maladie mentale, ce drôle de donneur de leçons fait comprendre le but d’Emmanuel Macron quand il veut maintenant traquer le « complotisme ». Il s’agit de mettre des pensées sous surveillance.
Le président ne démord pas de sa méfiance du trop libre internet. À peine élus, les députés d’En marche ! avaient, le 24 juillet 2017, voté un amendement pour réprimer les idées interdites. Le Conseil constitutionnel y avait dénoncé une « atteinte disproportionnée à la liberté d’expression ». Depuis, la loi sur les fake news de 2018, puis celle sur les « propos haineux » de 2020 ont tenté de mettre les réseaux sociaux sous le regard du juge. Cette fois, avec la mise en place de la commission Bronner (intitulée : « Les Lumières à l’ère numérique »), Macron espère, pour décembre, des pistes afin de sanctionner les conspirationnistes, ces « diffuseurs de haine et de la désinformation ». Le pouvoir se dit, à sept mois de la présidentielle, l’incarnation du peuple raisonnable contre des irresponsables. Ce manichéisme est le marqueur des États faibles et qui ne savent plus convaincre.
Le complotisme est à l’oligarchie hygiéniste ce que l’islamophobie est aux fanatiques islamistes : une arme brandie pour protéger de la critique des idéologies dangereuses. (La suite du bloc-notes sur Le Figaro).
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