Yves Tréard
Ils sont afghans, syriens, irakiens ou iraniens pour la plupart d’entre eux. Arrivés clandestinement en Europe, ils convergent par dizaines de mil- liers vers les côtes françaises de la mer du Nord et de la Manche. Au péril de leur vie, sur de petites embarcations de fortune, ils tentent de rejoindre l’Angleterre. Un pays dont ils ont fait leur eldorado, mais qui ne veut pas les accueillir. Sous aucun prétexte. C’est donc à la Fran- ce de trouver la solution à cette impasse migratoire. En vain. Cela fait des années que cela dure et que Londres ne respecte pas ses engagements, y compris financiers, pour l’aider.
On peut, certes, déplorer l’attitude de la « perfide Albion ». Le Brexit n’y est toutefois pour rien. Les Britanniques n’ont jamais voulu intégrer les accords de Schengen pour mieux se protéger, précisément, de l’immigration illégale.
La responsabilité de l’Union européenne est en revanche pleine et entière. Aussi longtemps qu’elle ne saura pas contrôler ses frontières communes, qu’elle ne s’en donnera pas les moyens efficaces, ses États membres seront exposés à tous les courants d’air de la libre circulation des personnes.
En attendant, à cinq mois de la présidentielle, le pouvoir exécutif ne veut surtout pas que le débat s’enflamme. Sous la pression de militants associatifs en grève de la faim et pour éviter qu’une nouvelle « jungle » s’installe sur le littoral, il a décidé d’héberger à ses frais - aux frais du contribuable, donc - tous les clandestins qui se présenteraient sur place. Une décision on ne peut plus électoraliste pour acheter la paix. Elle ne fait pourtant que traduire l’impuissance française, notamment de ce gouvernement, face à l’immigration clandestine.
Elle signe une défaite sur le terrain et ne garantit certainement pas une victoire dans les urnes...
Source : Le Figaro 03/11/2021