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Commerce extérieur : comment l’Hexagone a perdu pied en vingt ans

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Nathalie Silbert

Pour Bercy, c’est un sujet à 100 milliards d’euros : c’est le montant du déficit annoncé pour le commerce extérieur en 2022. Précisément, le trou atteindrait 95 milliards d’euros, soit 3,7 % du PIB, après 86 milliards cette année, selon les prévisions gouvernementales. L’enjeu est donc de taille.

Alors que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, répète à l’envi qu’« une grande nation se mesure à son commerce extérieur », le Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou, enfonce le clou. Il estime que le sujet requiert une volonté politique forte pour faire agir de concert les acteurs publics et privés afin de renforcer l’appareil productif français à l’exportation. Et ce, « à partir de l’analyse, poste par poste, du déficit commercial ».

Dans une note intitulée « Reconquête de l’appareil productif : la bataille du commerce extérieur », publiée mardi 7/12, le Commissariat au Plan livre une radiographie détaillée des raisons du déficit commercial français. Ce document met en évidence 914 postes sur lesquels la France affiche un déficit commercial supérieur à 50 millions d’euros pour un total de 217 milliards d’euros, dont 50 milliards liés aux seuls hydrocarbures.

Si la France se réjouit aujourd’hui d’avoir vendu 80 Rafale aux Emirats arabes unis, les « véhicules et équipements de transport » laissaient apparaître un trou de 33 milliards d’euros en 2019 tandis que le solde des « produits agricoles et agroalimentaires » était négatif de 22 milliards. La dépendance de la France à l’égard de l’étranger pour les biens de consommation – des tee-shirts achetés au Bangladesh aux téléphones et ordinateurs portables importés de Chine – apparaît crûment dans l’étude. Tout comme la nécessité d’importer des produits pharmaceutiques et autres matériaux de santé.

Déficit doublé avec l’Allemagne

Le Haut-Commissariat montre comment l’écart s’est creusé entre la France et les pays voisins au fil du temps. Il rappelle qu’au début des années 2000, le solde commercial était « proche de l’équilibre ». La dégradation est intervenue avec « l’évolution de notre économie vers un modèle de consommation et non de production ». Le corollaire : une dépendance accrue aux importations, qui ont augmenté de 75 % entre 2001 et 2019, et des performances modestes à l’exportation (+54 %) sur la période comparées aux autres pays.

Résultat, le déficit commercial de la France sur les échanges de biens s’est alourdi avec tous ses partenaires européens, sauf le Royaume-Uni, en deux décennies. Il a en particulier doublé avec l’Allemagne. « L’aggravation du déficit concourt elle-même à accélérer le mouvement de désindustrialisation », indique le Haut-Commissariat au Plan, citant les travaux des économistes François Geerolf et Thomas Grjebine. Aujourd’hui, l’industrie représente à peine 10 % dans le PIB de la France.

Source : Les Echos 7/12/2021

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2021/12/08/commerce-exte%CC%81rieur-comment-l-hexagone-a-perdu-pied-en-vingt-6353789.html

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