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Monarchie fédérative, société autogestionnaire

Par Philippe Germain

Quel sera le gouvernement normal du royaume ? Après la transition dictatoriale de « république monarchique », pourquoi pas une « démocratie couronnée » ? Une monarchie parlementaire qui apporterait les avantages d’un pouvoir indépendant, garant de l’unité nationale, voire jouant le rôle d’autorité morale, tout en composant avec les principes démocratiques, dont elle essaierait d’atténuer les effets par son « en même temps » constitutionnel. En fait, ce type de régime compose difficilement des pouvoirs de légitimités opposées, l’une hiérarchique et l’autre égalitaire. Finalement toutes les monarchies constitutionnelles d’Europe, d’origine ancienne comme en Grande-Bretagne ou en Belgique, ou plus récente comme en Espagne, font partie du camp du bien alors que pour survivre, la France doit trouver sa voie nationale lui permettant à l’inverse d’intégrer le camp du refus de la mondialisation.

L’avenir se construit toujours à partir du passé, par contestation du présent. C’est pourquoi les institutions d’une France post-progressiste, adaptées aux exigences de la technologie et de la démographie, ressembleront davantage à ce qu’elles furent avant 1789, qu’à ce qu’elles devinrent depuis. En dehors des principes fondateurs, définis par les lois fondamentales du Royaume, nous ignorons ce qu’elles seront. Élaborer une constitution monarchique serait un délire théoricien, c’est pourquoi le corps de la doctrine du royalisme traditionnel, se contente de la dialectique plaçant les libertés en bas, l’autorité en haut. Cela permet de reconstituer l’ordre naturel et rationnel. D’en retrouver la constitution car le règne du Roi sera le retour à notre ordre, comme clairement établi en 1899 par Maurras dans son manifeste Dictateur et roi. À l’électeur anonyme, il convient d’opposer le citoyen, qui se détermine non plus abstraitement mais en sa qualité de membre, d’une famille, d’une commune, d’une profession dont il doit pouvoir défendre les intérêts. En 1978 dans Reprendre le pouvoir, Pierre Boutang ajouta à cette dialectique de la représentation, la médiation entre le bas et le haut par la légitimité, résultant du dialogue entre l’autorité et le consentement populaire.

La dyade de l’autorité souveraine en haut et en bas d’uneliberté autogestionnaire à tous les degrés de la société française, fut en 1980, qualifiée par Bernard-Henri Lévy, de dispositif maurrassien composé de grandes cathédrales hiérarchisées. Cet intellectuel majeur du camp du bien nomma « communautés étagées façon Action française », la hiérarchie de corps, d’élites, d’intermédiaires de faits, assurant, de haut en bas, la continuité du circuit. Pour lui, cette architectonique baptisée « hiérarchique », viserait à résorber, entre Haut et Bas, le déchirement que maintient le lien social démocratique. Elle consisterait à maintenir les deux pôles, les laisser à leur place, travailler leur intervalle en le meublant d’une foule de prudents relais, d’une procession de patients et réguliers degrés qui, sans heurt ni cahot, sans risque d’hiatus parviennent à combler l’écart qui les tenait séparés. Un espace dilaté maintenant, commode à gravir, plein de corps intermédiaires où souffler dans l’ascension et dont on puisse parcourir sans peine, au pas du paysan, la parfaite hiérarchie.

Pour fonctionner, prévient Boutang dans son Maurras. La destinée & l’œuvre de 1982, la dyade du Haut et Bas suppose une théorie du Bien commun. Il insiste sur « l’extrême autogestion », sur le pouvoir d’agir en bas grâce à l’instauration du pouvoir royal protecteur naturel du peuple. Ce pouvoir d’agir ne touchera pas tel domaine particulier, mais toute la société française. Celle-ci doit être fédérée, comme proposé par Maurras dès 1892 dans sa provocatrice Déclaration des Félibres fédéralistes, bientôt suivie en 1898 de sa brochure L’idée de décentralisation qui précède de peu la dialectique entre autorité et libertés de son Dictateur et roi.

Si la Monarchie fédérative d’une société autogestionnairefut le projet de toute la vie de Maurras, c’est en 2025 celui du gouvernement normal du royaume.

https://www.actionfrancaise.net/2025/08/05/combat-royaliste-85/

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