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Désert médical : le pire est encore à venir

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Le départ à la retraite de presque tous les médecins issus du baby-boom d'après-guerre laisse maintenant apparaître au grand jour des déserts médicaux, conséquence du numerus clausus imposé aux étudiants en médecine qui n'a pas permis de compenser ce vide. Si on ajoute à cela que les  médecins ne veulent plus travailler autant que leurs aînés, qui sacrifiaient souvent leur vie de famille à leur vie professionnelle, on se retrouve maintenant face à un vrai problème de santé publique, tout particulièrement dans certaines zones géographiques.

En 2006, on comptait 327 médecins pour 100.000 habitants en France. On estime qu’en 2030, cette moyenne devrait chuter à 292. La répartition géographique des médecins est très variable. Certaines régions sont sous-dotées, moins de 300 médecins pour 100.000 habitants, comme la Picardie, la Normandie, la Champagne, les Ardennes, les Pays de Loire, la Bourgogne ou l'Auvergne, alors que d'autres, comme la région PACA ou l'Île de France, sont beaucoup mieux loties avec nettement plus de 300 médecins pour 100.000 habitants.

Devant cette situation, les responsables locaux ont multiplié les solutions pour essayer d'attirer vers leur commune ou leur région de  médecins : création de centres médicaux pluridisciplinaires, mise à disposition gratuite d'un local pendant les premières années d'installation ou aide financière. Aucune de ces solutions n'a fait preuve d'une réelle efficacité, car d'après une enquête publiée il y a déjà quelques années, les jeunes médecins n'envisagent l’exercice libéral qu'en dernier recours. Ils préfèrent majoritairement un exercice salarié, ce qui est difficilement réalisable par les communes ; peu d'entre elles auraient les moyens de salarier un ou plusieurs médecins. Les collectivités locales préfèrent donc les attirer par d'autres moyens et leur proposer une installation locale en libéral.

Parmi les méthodes employées, celle qui semble être la plus prometteuse est celle qui consiste à proposer des bourses aux étudiants en échange d'un engagement à servir dans la commune après leurs études. L'idée n'est pas nouvelle et fut déjà expérimentée, il y a une quinzaine d'années, dans certains départements, avec des résultats mitigés. Certaines communes ou communautés de communes proposaient des bourses dès la deuxième année des études médicales en échange d'un engagement à s’installer pendant plusieurs années dans la région désignée.

Plus récemment, le 1er mars, Le Parisien nous informe que pour pallier cette désertification médicale, la commune d'Argenteuil offre une bourse de 12.000 euros par an aux jeunes médecins désireux de s’installer sur la commune, en secteur conventionné, pendant au moins cinq ans. S'ils ne remplissent pas le contrat, la somme devra être remboursée. Cette aide financière mise à disposition des étudiants en fin d'étude devrait permettre, d'après les responsables municipaux, de pallier le manque de généralistes sur la commune d'Argenteuil, où ils ne sont que 4,3 pour 10.000 habitants, alors que la moyenne en Île-de-France est de 7,2. Rien n'est moins sûr, cependant, car les facilités financières ne sont pas les seuls avantages que recherchent les médecins pour une installation. La qualité de vie joue pour beaucoup, tout comme la sécurité (les agressions de médecins se sont multipliées, au cours des dernières années) à laquelle sont particulièrement sensibles les femmes, qui représentent maintenant 60 % des jeunes médecins.

Ces zones de sous-médicalisation ne sont vraisemblablement que les premiers symptômes d'une modification en profondeur de la distribution des soins, sachant que l'offre ne correspond plus, dans bien des cas, à la demande, et qu'il faut trouver des solutions innovantes pour répondre à ce besoin qui correspond à un marché qui intéresse déjà les industriels de la santé comme le groupe Ramsay Santé (anciennement Générale de santé, filiale de la Générale des eaux rachetée par un groupe australien), qui compte implanter prochainement des centre de santé dans diverses régions de France actuellement sous-dotées. Mais les solutions adoptées par les industriels ne pourront être que rentable. Qui paiera ?

Dr. Jacques Michel Lacroix

https://www.bvoltaire.fr/desert-medical-le-pire-est-encore-a-venir/

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