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Quand l'Europe "respire"

220427

Bon nombre de journaux européens ont cru bon de souligner, dès la soirée du 24 avril, le soupir de soulagement poussé par les partenaires internationaux du président réélu.N'en déduisons pas qu'ils affectionnent particulièrement ce technocrate parisien caractéristique, mais, comme pour la gauche bobo parisienne, la défaite de son adversaire paraît provisoirement les rassurer.

On se permettra de retenir particulièrement ici, à titre d'échantillon, l'analyse de M. Holger Schmieding. Cet économiste allemand, aujourd'hui basé au siège de la banque Berenberg à Londres, chronique dans le Financial Times.

Il écrit avec une pointe d'humour inattendue : "inspirons profondément et expirons avec soulagement. La France, l'Ukraine et l'Europe tout entière semblent sortir du cauchemar Marine Le Pen. Cependant, étant donné que le second mandat de Macron était largement prévisible, le résultat final ne devrait pas avoir d'impact significatif sur les marchés… Cependant,continue-t-il, il s'agit d'une des meilleures nouvelles pour l'Europe, depuis près de dix ans, quand en juillet 2012 la BCE a mis fin à la crise de l'euro".

Optimiste M. Schmieding écrit encore :"Au vu des résultats définitifs, la France restera une force motrice de la croissance et du progrès de l'Europe pour les cinq prochaines années."

Un bémol pointe toutefois dans son propos. Il rappelle en effet aux Européens habituellement peu avertis des méandres de notre classe politique : "La victoire d'Emanuel Macron ne parvient cependant pas à cacher le profond mécontentement qui règne dans le pays."

Ne jetons donc pas la pierre à nos voisins : interrogeons-nous plutôt sur notre degré d'ignorance, s'agissant des équilibres et difficultés de leurs gouvernements, et plus encore des affaires communes, au sein de l'Union européenne que, nolens volens,nous partageons. Rappelons à cet égard que ce sont des Français qui ont rédigé plus de 90 % des textes fondateurs qu'il s'agisse du traité de Rome, de ceux de Maastricht, de Nice ou de Lisbonne.

Certes ce qui se passe au sein de l'Union européenne passe, habituellement, inaperçu dans l'Hexagone quand, pis encore, cela est interprété à contresens par les gros moyens de désinformation liés à l'État central parisien. Ce phénomène trop fréquent mérite d'être rappelé en préambule car il explique les doubles médiocrités de notre non-débat présidentiel lamentable du 20 avril.

Toujours décriées par nos compatriotes les institutions européennes fonctionnent en effet, et elles tendent même à se renforcer au gré des crises récentes. Nommée en 2019, en fonction de la majorité de centre-droit se dégageant des élections au Parlement européen, la commission désormais présidée par Ursula Von der Leyen a considérablement étendu le champ de ses interventions, au-delà même de ses attributions strictes. Elle est intervenue à partir de 2020 dans la crise sanitaire. Dès 2021 elle a pu accroître son implication ans dans les questions militaires, y compris en soutien à nos industries de défense. Et en 2022 on la voit coordonner la riposte à la crise ukrainienne, aussi bien du point de vue diplomatique et géopolitique que lorsqu'il a fallu apporter des réponses concrètes aux menaces concernant l'approvisionnement énergétique.

Le 25 avril à New Delhi, de surcroît, Ursula von der Leyen établissait un partenariat avec le premier ministre nationaliste indien Narendra Modi. La naissance d'un accord stratégique entre l'Union européenne et l'Inde était ainsi officiellement annoncée.

Deux jours plus tard, on ne trouvait pas une ligne dans les archives du Mondedont la dernière nouvelle, outre la chaleur qu'il fait au Rajasthan, se résume à "Modi sans réaction face à un déferlement de haine envers les musulmans"texte publié le 18 avril, quelques heures seulement après que, dramatiquement j'en suis sûr, "le nord de Delhi, comme de nombreux États dans le pays, a été le théâtre d’affrontements communautaires, samedi, à l’occasion de fêtes hindoues".

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, et le Premier ministre Narendra Modi sont officiellement "convenus de mettre en place un Conseil conjoint du commerce et des technologies"afin de "relever les principaux défis commerciaux, économiques et technologiques et de faire progresser la coopération dans ces domaines".

Or, en épluchant les textes de cet accord tendant à "promouvoir un partenariat stratégique"on découvre qu'il ne s'agit pas seulement d'accords commerciaux ou de technologies de l'information, mais aussi d'industries de défense. Concrètement cela s'inscrit dans une tendance de New-Delhi à s'émanciper de sa dépendance traditionnelle à l'offre militaire russe, qui représentait encore 69 % des importations indiennes il y a 10 ans et qui est passée à 46 % ces dernières années.

Au-delà des doutes qu'appelle l'optimisme de nos partenaires quant au futur gouvernement français, qui résultera des élections législatives de juin… au-delà des réserves que nous inspire cette nouvelle présidence… on ne peut que souhaiter l'émergence d'une Europe éventuellement indépendante des blocs. On doit se féliciter d'un accord avec l'Inde nationaliste, et probablement aussi avec d'autres pays comme le Japon qui lui-même se rapproche de la Corée du Sud. Tous se montrent désireux de faire face à l'hégémonisme totalitaire et tentaculaire du parti communiste chinois et de ses alliés islamistes entre Turquie et Pakistan.

JG Malliarakis

https://www.insolent.fr/2022/04/quand-leurope-respire.html

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