Encore un beau mythe que celui de faire croire que la Droite s'est toujours obstinée à refuser le vote des femmes, par pure mysoginie. Le droit de vote des femmes serait une avancée démocratique imposée par la Gauche au lendemain de la Libération.
L'Histoire est tout autre comme l'explique cet excellent article du site aleteia
Vous avez dit forces de progrès ? Pas en ce qui concerne le droit de vote des femmes, en tout cas… Il n'y a pas si longtemps, Najat Vallaud-Belkacem allait même jusqu'à affirmer que tout socialiste était féministe. C'est passer sous silence (ou ignorer, ce qui est plus fâcheux quand on est censée défendre les droits des femmes) le passé de son propre parti : des décennies durant, les élus de gauche, maçons et radicaux, ont refusé que le droit de vote soit accordé aux femmes. La raison profonde de ce refus, alors que la laïcité de combat ne voyait dans la religion que l'ennemi de la République : la crainte que les femmes votent... comme les curés !
Pas le droit de vote avant 1944
Les femmes ont voté pour la première fois en France il y a pile 70 ans, le 29 avril 1945, à l'occasion des élections municipales. Elles furent alors 12 millions à se rendre aux urnes. Mais c'est un an avant, le 21 avril 1944, que les femmes se voient accorder le droit de vote. Les Néo-Zélandaises l'avaient obtenu en 1893 et les Australiennes en… 1803 !
La France, toujours prompte à se poser en lumière du monde, aura pourtant été l’un des derniers pays européens à avoir accordé le droit de vote aux femmes. Ce dernier a été confirmé par l'ordonnance du 5 octobre 1944, sous le Gouvernement provisoire de la République française.
La IIIe République contre les femmes
La France n'est donc une véritable démocratie que depuis la Libération, et ce grâce à De Gaulle. Pourquoi si tard ? Par la faute de la IIIe République et de ses tout-puissants élus radicaux, persuadés que les femmes, faibles et sous l'influence de la religion, voteraient au mieux comme leur mari, au pire comme les curés. Le droit de vote des femmes, danger pour la République ? Exactement : la IIIe République aura clairement vu régresser les droits des femmes en France, la gauche, largement dominante de 1880 à 1930, refusant durablement le droit de vote aux femmes qui, priant et allant à la messe, ramèneraient à coup sûr la droite, l'Église et donc la monarchie au pouvoir…
Trois fois bloquée par le sénat radical-socialiste
Ce sera principalement par la faute du Sénat que les femmes ne voteront pas avant la Libération : en 1919, après que les femmes aient tenu le pays, l'industrie et les fermes à bout de bras pendant qu'une génération entière périssait dans les tranchées, une proposition de loi accordant le droit de vote aux femmes est adoptée par l'Assemblée nationale qui est majoritairement de Droite (La Chambre Bleu horizon).
Mais elle est bloquée par les sénateurs radicaux, ardents défenseurs d'une certaine conception de la laïcité et franc-maçons virulents. Encore une fois, les femmes risquent de ramener la droite au pouvoir et l'Église au fronton de la République. Résultat : texte rejeté.
En 1928, sous un gouvernement de centre droit dirigé par Raymond Poincaré, le vote des femmes est relancé avec même vote favorable à l'Assemblée, même refus du Sénat.
Sous le Front Populaire, en 1936, le vote de la chambre est unanime avec 475 députés sur 477. Mais les projections électorales n'ont pas de mal à convaincre les élus de gauche des campagnes qu'ils seraient balayés par le vote des femmes.
Pas de sénat, pas de blocage
Il faudra donc attendre le 21 avril 1944 pour que le droit de vote soit enfin reconnu. Il faut dire qu'alors… il n'y avait pas de Sénat ! Et le vote des femmes était sans doute aussi perçu, cette fois, comme un bon moyen de réduire l'influence des socialistes et communistes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, favorisant l'élection de démocrates chrétiens sous l'étiquette MRP.
Et, finalement, paradoxe de l'histoire, le général De Gaulle aura eu le droit de vote après son épouse : si les femmes l'ont obtenu en avril 1944 pour en faire pour la première fois usage le 29 avril 1945, les militaires, eux, ne le se sont vu accorder que le 17 août 1945 !