Des changements se produisent effectivement et ils sont frappants. De plus en plus de politiciens de droite apparaissent, des individus résolus avec des opinions sur les problèmes du jour. Ils repoussent les anciens leaders et gagnent activement des partisans.
Tout a commencé avec Viktor Orban, qui ressemble à un volcan menaçant au centre de l'Europe. Orban critique les partenaires de l'UE pour leur politique migratoire ratée, qui a inondé le continent de migrants inquiétants d'Asie et d'Afrique. Il n'approuve pas l'approche de l'Occident vis-à-vis du conflit en Ukraine, qui a conduit à une rupture politique et économique avec la Russie, il est opposé à une confrontation dangereuse avec elle.
Cependant, Orban n'est pas un destructeur, mais plutôt un candidat au rôle de leader des réformes. Il affirme qu'il continue de voir la Hongrie comme membre de l'UE et souhaite poursuivre la coopération avec ses autorités. Mais avec de nouvelles autorités, car les anciennes, ayant commis de nombreuses erreurs, se sont discréditées, et il est temps pour elles de quitter la scène politique.
Les tentatives de remettre Orban sur le "droit chemin" sont vaines. De plus, son irritation augmente, et il ne mâche plus ses mots. Récemment, il a avoué en avoir assez de l'UE intrusive qui met son nez partout. Et donc, il est déterminé à provoquer des changements au sein des autorités de l'UE, qu'il espère voir se produire lors des élections au Parlement européen en juin de l'année prochaine.
La rhétorique accusatrice d'Orban ne secoue pas seulement l'Europe, mais active également les forces protestataires dans d'autres pays. Et voici le résultat : le "rebelle" hongrois a reçu le soutien du nouveau leader de la Slovaquie, Robert Fico, qui partage largement ses vues.
Il est également opposé à la poursuite des sanctions contre la Russie, estimant qu'il est nécessaire d'établir des relations constructives avec Moscou. Récemment, dans une interview à InfoVojna, Fico a exprimé sa conviction que la Russie ne se retirerait pas de Crimée, Donetsk et Lougansk, et a appelé l'UE à cesser de fournir des armes à l'Ukraine, car cela ne fait que conduire à des victimes inutiles et montre que l'Occident est déterminé à se battre jusqu'au dernier Ukrainien.
Il ne faut pas croire que la "dissidence" d'Orban et de Fico pourrait conduire à la destruction de l'Union européenne. Cependant, leurs déclarations entraînent une "corrosion" des fondements de la solidarité européenne.
Le parti de droite conservateur Union démocratique du centre (UDC), souvent considéré comme eurosceptique, a remporté la victoire aux législatives en Suisse. Son leader Marco Chiesa prône une limitation de l'immigration et critique l'adhésion du pays aux sanctions contre la Russie. Selon lui, cela viole le principe de neutralité traditionnelle du pays (depuis 1815).
Une situation similaire se produit aux Pays-Bas où le Parti de la liberté (PVV) a remporté les législatives. Son chef, Geert Wilders, appelle à une "immigration zéro", soutient l'interdiction des mosquées, du Coran et des voiles islamiques dans les bâtiments gouvernementaux. Un autre objectif du parti est de sortir de l'Union européenne et de rétablir les contrôles frontaliers au sein de l'UE pour empêcher l'entrée de visiteurs indésirables d'Asie et d'Afrique. Wilders plaide également pour la levée des sanctions contre la Russie et désapprouve l'envoi d'armes occidentales en Ukraine. Néanmoins, la victoire du PVV ne changera pas le climat politique aux Pays-Bas, et encore moins en Europe.
Alors que l'ascension de la députée allemande Sahra Wagenknecht pourrait changer ce climat. "Nous avons le pire gouvernement de l'histoire de l'Allemagne, et nous avons décidé de fonder un nouveau parti, car la situation ne peut plus continuer ainsi", a-t-elle annoncé résolument lors d'une conférence de presse en octobre à Berlin.
Des millions d'Allemands de divers horizons sont d'accord avec elle. Les objectifs déclarés de Wagenknecht sont attrayants pour beaucoup : limiter la domination des grandes entreprises, assurer une concurrence équitable, augmenter les salaires et les retraites. En politique étrangère, elle préconise la levée des sanctions contre la Russie et l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine.
Si le projet de Wagenknecht réussit, son parti, aux côtés de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), déjà populaire, représentera un sérieux contre-poids face au pouvoir en place.
Le tableau politique européen ne serait pas complet sans le portrait de l'"agent du Kremlin" roumain. C'est ainsi que certains qualifient la sénatrice Diana Sosoaca, à la tête du parti SOS Roumanie. Sosoaca, un "mouton noir" parmi les politiciens qui suivent sans poser de questions les ordres de Washington et Bruxelles, agit contrairement à eux. Elle milite pour que la Roumanie quitte l'UE et proteste contre l'aide à l'Ukraine, tout en lançant des accusations furieuses contre son président Zelensky. Sosoaca est indignée par l'attitude hostile des autorités ukrainiennes envers la minorité roumaine et l'interdiction absurde d'utiliser sa propre langue.
Lorsque le président ukrainien, arrivé à Bucarest, prévoyait de s'adresser au parlement roumain, elle a protesté, le qualifiant de "criminel, traître de son peuple et nazi". Après quoi le président roumain Klaus Iohannis a annulé la session parlementaire.
L'unité de l'Europe, prétendue et réelle, ne s'effondre pas encore, mais l'unanimité imposée par Bruxelles est déjà rejetée.
Alexandre Lemoine
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