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Changement de scénario

L'expérience prouve que les prévisions ne se réalisent que rarement dans les termes où on les conçoit. Les enjeux des luttes politiques se déplacent. Les favoris des sondages essuient souvent des déconvenues. Pendant la campagne présidentielle de 2022, votre chroniqueur espérait ainsi que la liberté scolaire déterminerait un clivage favorable à la droite : ce sujet s'est trouvé mis à l'écart précisément par ceux qui eussent pourtant gagné à le développer. On mesure le résultat : l'étatisme et le sectarisme laïciste en tirent maintenant parti.

Les trois premières semaines de la campagne en vue des élections européennes 2024 n'ont fait cependant, cette année, que confirmer ce que l'on pouvait se représenter dès les premiers jours. Désormais digne de notre pitié, la tête de liste choisie par la Macronie s'enfonce dans son insignifiance. On en est arrivé au point que la prétendue majorité gouvernementale, relativement minoritaire, pourrait n'arriver qu'en troisième position le 9 juin.

Au-delà de telles constatations et autres spéculations, un fait évident se dégage : deux ans après sa réélection par défaut, le chef de l'État, constitutionnellement chef des armées, ci-devant présenté comme un Mozart de la finance, a perdu toute crédibilité, aussi bien sur le terrain intérieur de l'Hexagone que sur les marchés financiers ou, pire encore, sur la scène européenne.

Or, il va devoir franchir plusieurs obstacles dans les seuls neuf mois à venir de 2024. Le gouvernement qu'il a nommé ne dispose plus d'aucune marge de manœuvre parlementaire face à la première motion de censure qui peut être déposée. La capacité d'emprunt de l'État français, perclus de plus de 3 000 milliards de dette, se trouve à la merci des agences de notation. Et, sur la base des sondages actuellement diffusés on peut prévoir que plus de 80 % des électeurs auront voté au soir du 9 juin pour des listes d'opposition.

Comment dans de telles conditions le prestidigitateur de l'Élysée pourra-t-il faire face à la moindre crise ? Sauf la légalité républicaine de son titre, sa légitimité démocratique, clairement nulle, ne lui permettra demain d'imposer aucune solution, aucun sacrifice, aucune réforme, fût-elle indispensable.

La magie de sa communication ayant épuisé ce qui lui tenait lieu de charme, le pouvoir se trouve ainsi devant une équation insoluble.

Il imagine manifestement s'en sortir en brandissant bien haut l'étendard de l'Ukraine libre. Hélas, outre le peu de crédibilité de sa position personnelle, à géométrie variable depuis 2022, cette posture interroge le bon sens de nos compatriotes alors qu'elle se propose de mobiliser leur bon cœur.

Si sympathique en effet du point de vue du droit des peuples, si nécessaire sans doute au regard de la géographie européenne, que puisse apparaître la cause des frontières ukrainiennes, comment faire confiance, pour les défendre à un gouvernement qui néglige si ouvertement la sauvegarde de nos propres frontières nationales et européennes face à l'invasion migratoire ?

Le choix du thème ukrainien et les discours guerriers laissent donc le champ libre à ceux qui mettent plutôt l'accent sur l'immigration et l'insécurité, et qui dénoncent le déclassement de la France, les pertes d'emploi en Europe et la tiers-mondisation.

Ce n'est pas non plus en multipliant, au Rwanda ou ailleurs, les déclarations antinationales et les bourdes diplomatiques et en laissant impunies chez nous les violences les plus barbares, que l'on fera reculer l'opposition. Le scénario a changé. Le petit technocrate qui passait pour compétent s'est révélé plus nul que les populistes. Le maître des horloges ne maîtrise plus rien. Il serait judicieux qu'il s'en aille.

JG Malliarakis

https://www.insolent.fr/2024/04/changement-de-scenario.html

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