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Leibniz au chevet des gauchistes

Leibniz

Comment redonner la vue à l'aveugle idéologique volontaire qui ne perçoit pas que l'identité est le ferment de la diversité, et donc de la richesse et de la beauté du monde ? Dans une envolée satirique et facétieuse, Jean Montalte, auditeur de l'Institut Iliade (promotion Léonidas), nous propose une solution : lui faire rencontrer Leibniz !

Paraît-il que les gauchistes, enkystés dans leurs poses sonores et surfaites, sont des monades. Au même titre que Renoir, le sieur Leibniz concepteur-accoucheur-obstétricien-métaphysicien de ladite monade, le diligent serveur qui apporte la chope de bière fraîche sur un plateau avec la dextérité ondulatoire d’une soucoupe volante. Au même titre – si c’est vrai c’est très grave ! – que votre grand-mère, que les saints et les saintes, les païens, les catholiques et mêmes les artistes contemporains.

Laissez-moi vous narrer brièvement ce qui m’est arrivé, à la faveur d’un voyage astral – délassement de l’esprit bien commode. J’ai entendu le murmure de Leibniz, au chevet d’un gauchiste, agonisant de déconstructionnite en phase terminale. Il lui susurrait charitablement, non sans autorité toutefois, avec une nuance d’agacement perceptible aux raclements de gorges qui ponctuaient son discours : « Je me souviens qu’une princesse, qui est d’un esprit sublime, dit un jour en se promenant dans son jardin qu’elle ne croyait pas qu’il y avait deux feuilles parfaitement semblables. Un gentilhomme d’esprit qui était de la promenade, crut qu’il serait facile d’en trouver ; mais quoiqu’il en cherchât beaucoup, il fut convaincu par ses yeux qu’on pouvait toujours y remarquer la différence. »

J’en conclus que c’est en flânant à la promenade, dans les jardins, au bord d’un ruisseau qu’on refuse le remplacisme global. Chaque être, en effet, suivant le principe des indiscernables, est absolument singulier, par voie de conséquence irremplaçable. Savourez mon audace, ces évocations champêtres ont dilaté mon imagination aux proportions d’une promenade gauchiste qui ne serait pas vaine pour l’intelligence.

Révélation

Imaginez cet individu, dont il est établi désormais qu’il est une monade – il contient par ce fait l’univers tout entier dans son âme – promenant son chien non binaire végétalien, qui suit un régime sans gluten, remarquer, au détour d’une observation distraite, la diversité qui l’entoure. Frappé par l’abondance de biens qui sourd de la terre, il s’écrie, exalté comme un univers modèle réduit : « Eurêka ! La métaphysique leibnizienne est fondée en raison, autant que vérifiable en tous points par les données empiriques. La diversité ne peut être défendue qu’à travers la notion si sottement décriée d’identité, puisque la différence est strictement corrélative de l’identité, sans laquelle, en bonne logique, elle demeure inconcevable ! »

Je vous offre ces épiphanies en guise de variations sur le thème pour trompettes mal embouchées : « J’ai fait un rêve. » Les espérances, aussi burlesques qu’elles paraissent, ne doivent faire l’objet d’une répulsion par pur réflexe. Il n’est pas impossible qu’un chien soit un jour reconnu dans sa différence, dans sa non-binarité.

C’est ainsi qu’il me prend de rêver, tel un Martin Luther King blanc, qu’Urbain II, secrètement cryogénisé et abrité au cœur d’une base militaire construite sur la face cachée de la lune, sur les conseils de Philip K. Dick et les plans de Kubrick, prépare son grand retour pour les JMJ de 2024. Croyez bien que la kermesse va prendre une tournure fulminante ! L’encens risque de vaporiser plus d’un hérétique ! Les thuriféraires de l’œcuménisme sirupeux vont chanter moins haut leurs cantiques ! Et le procès en canonisation d’Omar Sy risque d’être compromis, comme la vente de son autobiographie.

Omar Sy, comme Spinoza…

Arrêtons-nous sur ce cas paradigmatique un instant. Cet individu, cet astre pardon, pourtant geyser de poésie, pourra se réconforter, depuis les Etats-Unis, d’avoir remplacé Jean Renoir, à Trappes, vivier du renouveau culturel pour la France d’après. Omar Sy, qui sur les plateaux télé, se fait oraculaire, pourrait s’exclamer, à la manière de Lucrèce : « Tu fac ne ventis verba profundam. » Traduction pour les non latinistes, je sais qu’il en reste quelques-uns : « Toi, ne laisse pas mes paroles se perdre dans le vent. » Lorsque je l’entends, me reviennent les mots de Spinoza : « Nous savons et nous expérimentons que nous sommes éternels. » Spinoza, ce Juif portugais, migrant du Portugal vers les Pays-Bas pour échapper au fanatisme de sa communauté d’origine, précurseur de l’exilé Omar Sy, fuyant la France rancie. Comme tout cela m’est fraternel ! « C’est parce que c’était lui, c’est parce que c’était moi… »

Une larme me vient, je reprends le fil de mon exposé, pour n’y plus songer. Et que de songes ! « Nous sommes faits dans l’étoffe dont sont tissés les songes et notre vie a pour frontière un sommeil. » Aimable Shakespeare, dont j’ai entendu dire que certains le tenaient pour un auteur surcoté, parmi certains chauvins exaltés. Que de sottises ne faut-il pas entendre ! Et c’est manquer gravement à la galanterie, par surcroît, car chacun sait désormais que Shakespeare était une femme. Elle s’appelait Williamette ou Guillaumine, je ne sais plus, à moins que ce ne soit Rokhaya – hypothèse qui gagne de plus en plus de terrain. Mais l’enquête sourcée l’a démontré. Aucun rapport avec les impératifs d’une idéologie révisionniste et totalitaire ! Qu’allez-vous chercher là, pénibles fascistes qui n’avez de cesse d’invisibiliser les minorités qui aspirent en toute congruité à la dictature pour la régénération de l’univers ?

Oui, parce que Rokhaya est une monade, toute chargée de bandelettes blanches lorsqu’elle se blesse, constatant que le racisme systémique veut sa peau – à la lettre –, elle n’en porte pas moins en elle la totalité de l’univers. Reste à savoir si elle tient davantage du trou noir ou de la naine blanche, mais c’est une autre question. Ce qu’il faut affirmer avec force, c’est que cette totalité, à la manière d’un origami asiato-centré, est recelée dans cette âme, à l’état de pli. Deleuze, évoquant la philosophie baroque de Leibniz, écrit : « Le trait du Baroque, c’est le pli qui va à l’infini. » Avant de distinguer les plis de l’âme et les replis de la matière. Si le gauchiste contient en lui l’univers dans son âme, à l’état de pli, il est tentant de penser que l’identitaire, lui, se rétracte dans les replis de la matière. Je vous fournis là l’élucidation du sens de l’expression « repli identitaire », sans y souscrire toutefois. Il me reste des scrupules d’ordre intellectuel et quelques bases en matière d’épistémologie dont je recueille l’écho, bien malgré moi, à chaque paralogisme qui bondit des bonnes bouches babillant leur Bourdieu en babouches. Babouches déconstruites, il s’entend ! Babouches absolument intersectionnelles !

Tout ça pour vous dire, chers amis, lisez Leibniz, vous verrez les gauchistes autrement ! Et l’univers également…

https://www.revue-elements.com/leibniz-au-chevet-des-gauchistes/

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