Ce qui nous attend
Peine principale : les taxes Trump de 15 % sur les importations aux États-Unis viennent d’entrer en vigueur, et il conviendra d’observer leurs effets dés le second semestre 2025. Mais elles ne peuvent que nuire à notre compétitivité, d'autant plus qu’aucun droit de douane supplémentaire ne frappera les exportations des USA vers l’Europe. Cela dit, les exportations annuelles françaises vers les États-Unis ne représentent que 54 milliards d’euros, avec 10 milliards de déficit ; contre 164 milliards pour l’Allemagne, avec près de 100 milliards d’excédent (statistiques 2023). Là n’est pas le plus grave.
Première peine complémentaire : le dumping des BRICS. La Chine et l’Inde, menacées par Trump de fortes taxes sur leurs produis exportés aux États-Unis (de 25 % à 50 %), négocient à couteaux tirés avec l’administration américaine. Mais, d’ores et déjà, ces économies dynamiques envisagent d’accentuer leurs stratégies exportatrices vers l’Europe dans les secteurs les plus concurrentiels (automobiles, constructions navales, produits pharmaceutiques). Si ces pays cassent leurs prix à l’export, ils vont anéantir des pans entiers de nos industries… surtout si les euro-cabris restent des libre-échangistes béats.
Seconde peine accessoire : les effets de la chute du dollar. Comparée à l’euro, la monnaie américaine a lourdement chuté, au premier semestre, passant de 0,975 euro, le 10 janvier 2025, à 0,8533 euro, le 13 août, soit une chute supérieure à 14 %. Voilà qui fait baisser le prix de l’essence à la pompe… mais qui ronge la compétitivité économique de la France dont la majorité du commerce extérieur est libellée en dollars.
Un protectionnisme raisonné ?
Résumons en prenant un produit français que les consommateurs américains s’arrachent, en ce moment (Sézane, Veja, Chantelle, La Roche-Posay, beurre d’Isigny). Son prix dans les boutiques d’outre-Atlantique va augmenter de 15 % de taxes à l’import, puis de 14 % après la conversion en dollars ; soit, au total, 31 % ! Conclusion : même si les fabricants et les commerçants diminuent leurs marges, leurs ventes en volume vont diminuer, ce qui risque d’aggraver le chômage.
Et ce, d’autant plus que l’austérité budgétaire va déprimer notre pouvoir d’achat et notre consommation intérieure.
Conclusion : dans une note récente, le CNE (Cercle national des économistes) revient sur le programme présidentiel de Marine Le Pen de 2017 : une moindre dépendance par rapport à l’euro et un protectionnisme raisonné ne seraient-ils pas plus adaptés à une guerre économique qui s’accentue ?