La guerre de Hollande
Pour qu’il y ait un siège, il faut une guerre, et pour qu'il y ait une guerre, il faut un prétexte. Pour Louis XIV, monarque absolu du royaume de France et lieutenant de Dieu sur Terre, l’existence des Provinces-Unies est un affront. En effet, cette république de marchands calvinistes fait de l’ombre à son commerce maritime dans toute l’Europe et n’hésite pas, non plus, à se moquer ouvertement des rois et des princes, surtout catholiques. Ainsi, le 6 avril 1672, il fut annoncé « à coups de trompe et cri public […] par tous les lieux, les faubourgs, bailliages et vicomtés » que le roi de France décidait « de faire la guerre aux États de Hollande » en raison de « la mauvaise satisfaction que sa Majesté a de la conduite que les États Généraux des Provinces-Unies ont eu depuis quelque temps en son endroit ». Un auteur anonyme alla jusqu’à dire que le Roi-Soleil n’allait pas seulement punir « une insolence publique » mais qu’il allait venger « tous les rois ».
Une guerre éclair
Après avoir franchi le Rhin, le 12 juin 1672, Louis XIV se lance dans une « blitzkrieg » à la française et réussit, en 22 jours, à s’emparer de 40 villes et à occuper trois des sept provinces de Hollande. Cependant, l'avancée de l'armée française est ralentie par les inondations provoquées par le sabotage volontaire des écluses par les Hollandais. Louis XIV doit aussi chercher à consolider sa position et affronte une coalition des monarchies européennes montée contre lui. En effet, pour l’empereur du Saint Empire romain germanique Léopold Ier ainsi que pour de nombreux autres souverains, le roi de France est une menace pour l’équilibre des puissances en Europe.
Le siège de Maastricht
Gardant néanmoins l’avantage, Louis XIV décide d’avancer, en juin 1673, vers Maastricht afin de contrôler l’emplacement stratégique de la ville qui domine la Meuse. Le roi de France laisse le commandement du siège à l’un de ses plus grands stratège, le lieutenant-général Sébastien Le Prestre de Vauban. Excellent tacticien et fin poliorcète, celui-ci fait creuser une première ligne de tranchées garnie de bastions à canon afin de mieux encercler la ville. Une seconde ligne, plus proche des remparts, est aussi créée afin de concentrer les attaques sur un point bien précis des défenses ouest de la ville. Ainsi, face à une telle rigueur militaire, Maastricht finit par tomber le 30 juin 1673 après une quinzaine de journées de siège. Les plans de Vauban réussirent à garantir une victoire rapide tout en préservant au mieux la vie de ses soldats. Néanmoins, c’est durant cet événement qu’une simple mais fatale balle de mousquet emporte le capitaine des mousquetaires d’Artagnan, avant que Dumas ne le ressuscite pour mieux l’immortaliser.
Le traité de Nimègue
Même si ce glorieux succès de Maastricht démontre à toutes les cours d’Europe la puissance de la France, elle n’en est pas pour autant décisive. La guerre de Hollande va continuer pendant encore cinq longues années et finit par la victoire apparente de Louis XIV. Ce dernier, par le traité de Nimègue signé le 17 septembre 1678, obtient la Franche-Comté ainsi que de nombreuses autres places fortes qui viendront renforcer son pré carré inventé par Vauban.
Cependant, le bilan est plus trompeur et plus lourd que l’on ne le pense. En effet, Louis XIV n’a pas réussi à mettre à bas cette « petite république de marchands », comme le décrit Joël Cornette, et a provoqué un durcissement des impôts. Cette nouvelle fiscalisation n’est alors que le début d’un cycle infernal qui se répéta à chaque projet guerrier du monarque. Ce phénomène poussa Fénelon, dans une lettre écrite au roi en 1692, à dater le dérèglement de la monarchie et son inflexion belliqueuse de cette guerre de Hollande, « la source de toutes les autres […] et la vraie source de tous les maux que la France souffre ».
Eric de Mascureau
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