Six ans après les Gilets jaunes, la révolte des proscrits tambourine à nouveau aux portes de la Cité interdite ; là où le pouvoir se claquemure. Les agriculteurs trahis sont le fer de lance de la colère renaissante. Eux non plus ne veulent pas disparaître. Ce que je qualifiais, pour la première manifestation des Gilets jaunes du 17 novembre 2018, d’acte 1 de la nouvelle révolution française (blog du 15 novembre), prend cette fois une envergure internationale avec l’insurrection du peuple américain contre ses élites en apesanteur. Sera-ce le dernier épisode, qui mettra fin à un régime à bout de souffle ? En tout cas, la spectaculaire victoire de Donald Trump contre le système mondialiste offre une dynamique aux citoyens méprisés s’ils désirent se défendre. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer les mobilisations paysannes qui ont débuté dimanche soir.
Au-delà de la dénonciation du Mercosur, marché sud-américain que l’Europe veut importer dans une concurrence déséquilibrée, c’est la perte de souveraineté de la France qui est posée. Emmanuel Macron refuse, sous pression protectionniste, ce traité de libre-échange léonin. Or il n’arrive pas à se faire entendre de l’UE. La crise sociale due à la flambée des prix de l’énergie est l’autre poudrière. La crise économique suivra. Bref, tout est en place pour que la révolution conservatrice, exprimée en 2018 par la France périphérique sous les insultes de Macron et de sa cour (« foule haineuse », « lèpre qui monte », « peste brune »), puisse aller à son terme en profitant du vent américain. Michel Barnier veut lire en urgence les cahiers de doléances enterrés depuis six ans. La France apparait comme étouffée. Le Pouvoir asphyxie opposants et opinions.
L’assaut disproportionné de la Justice contre Marine Le Pen, qui pourrait ne pas pouvoir se représenter en 2027 si les réquisitions de jeudi du parquet de Paris devaient être suivies (cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate, notamment), replace le pouvoir exorbitant des magistrats, liés à l’Etat, au centre de l’ultime crise, démocratique cette fois. Parallèlement, la décision de l’Arcom et de son tribunal politique d’interrompre discrétionnairement la chaîne C8 (groupe Bolloré) en dépit de ses succès d’audience relève d’un même abus de droit pour interdire des propos. Les progressistes critiquent l’illibéralisme du Hongrois Viktor Orban, c’est-à-dire son refus d’un Etat de droit élaboré dans l’entre-soi des cours européennes et sur le dos des peuples. Mais la gauche, en cherchant à faire taire, est dans une dérive totalitaire. En requérant la demande d’« exécution provisoire » contre Le Pen, le parquet prive la responsable politique du double degré de juridiction, en vertu d’une texte du 11 décembre 2016 (loi Sapin II) qui, à rebours de la non rétroactivité des lois, juge l’ensemble des actes commis de 2004 au 31 décembre 2016. Sans qu’aucun enrichissement personnel n’ait été d’ailleurs reproché. Cette France bâillonnée est un enfer. Il est d’autant plus oppressant que la liberté se lève aux Etats-Unis avec Elon Musk et ses combats contre la censure. Ce lundi matin, près de 800.000 signataires soutenaient la pétition pour le maintien de C8. Marine Le Pen devrait bénéficier pareillement de l’empathie de ceux qui ne supportent plus la tyrannie des idéologues. La France saura-t-elle, après les Etats-Unis, renouer avec sa vocation libératrice ? C’est le moment ou jamais.
Mon intervention de lundi (13h-14h) sur Europe 1. Mon intervention sur CNews (14h-15h)
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