Règlements de comptes, nuisances, prolifération des commerces de blanchiment… Partout sur le territoire, des maires de grandes et petites villes sont confrontés au même fléau. A Nantes (maire PS) , Morlaix (maire PS) , Clermont-Ferrand (maire PS), Besançon (maire EELV) ou Grenoble (maire EELV), les problèmes sont les mêmes. Témoignages des élus.
Ce soir-là, les communistes et Bruno Retailleau n’ont pas eu de mal à se mettre d’accord. Autour de la table, place Beauvau ce 20 janvier, des maires des Bouches-du-Rhône, de l’Isère ou de la banlieue parisienne, accompagnés de leur chef de parti Fabien Roussel, sont venus réclamer au ministre de l’Intérieur des mesures d’urgence face au narcotrafic. « Nos habitants vivent l’enfer sur terre, a lâché Laurent Belsola, élu à Port-de-Bouc, près de Marseille. On a une guerre à mener et il nous faut des soldats. » Comme les autres, il a raconté comment « un véritable marché » s’est développé en quelques années dans sa commune de 16 000 habitants, passant « des petits du quartier qui fumaient » à « une entreprise professionnalisée, avec des jeunes venus d’ailleurs qui tiennent les points de deal et sont violents avec la population ». « La lutte contre le narcotrafic, ce n’est ni de gauche ni de droite » , a assuré le ministre.
Difficile de lui donner tort. « Pas un seul territoire n’échappe au narcotrafic », constate Johanna Rolland, la maire de Nantes et présidente de l’association d’élus France urbaine. En 2023, avec ses collègues de Nice, Lyon ou Lille, elle signait déjà une tribune appelant à un grand plan de lutte. « Il n’y a pas un mois au cours duquel l’actualité n’est pas rythmée par des faits divers sur fond de trafic de stupéfiants. […] Le grand banditisme, la corruption et la criminalité organisée sont désormais banalisés », écrivaient-ils. […]
A Echirolles (36 000 habitants), dans l’Isère, la maire communiste, Amandine Demore (PC), avait écrit à Emmanuel Macron l’été dernier pour l’alerter sur la multiplication des fusillades. « Une quarantaine depuis le mois d’août dans l’agglomération grenobloise » , compte-t-elle, notamment après la libération de quelques gros trafiquants. […]
Son collègue Olivier Bianchi, maire PS de Clermont-Ferrand, s’est, lui, rendu à Beauvau en fin d’année dernière, en compagnie de l’ex-ministre Brice Hortefeux, pour dire ce qu’il constatait dans sa cité auvergnate : une accélération depuis la fin du Covid, une diversification des drogues – plus seulement le cannabis ou la cocaïne mais des substances de synthèse – et des prix qui les rendent très accessibles : « A Clermont, la cocaïne va bientôt coûter moins cher que le paquet de clopes ! » Il dit aussi les trente points de deal repérés dans sa ville, en plein milieu de l’espace public, à proximité de facs, de lycées ou d’hôpitaux. […]
Michaël Delafosse, maire PS de Montpellier, s’alarme d’un autre phénomène : la multiplication de commerces qui servent parfois à blanchir l’argent de la drogue. Des kebabs, épiceries de nuit ou barbiers, par exemple, qui, à côté de commerces du même type très utiles, n’ont jamais un client… […]