Un basculement attendu, mais encore plus fort que prévu
Ce qui frappe, dans ce sinistre croisement des courbes, c'est l'ampleur du phénomène. Que les chiffres de la mortalité augmentent avec l'arrivée des premiers baby-boomers en fin de course, c'était attendu. Mais que les naissances s'effondrent aussi rapidement et aussi fortement depuis seulement quinze ans, cela pose question. Avons-nous connu une guerre mondiale ? Une épidémie type peste noire ? Malgré l'état inquiétant du pays sur bien des plans, mieux vaut naître en France aujourd'hui qu'en 1918 ou 1945. C'est donc que les raisons sont ailleurs. Et les courbes sont implacables : le pic des naissances a eu lieu en 2010. Depuis, c'est la chute : 20 % de naissances en moins en 2024 qu’en 2010 ! Pire : les naissances reculent encore de 4 % sur les cinq premiers mois de 2025 par rapport à la même période en 2024.
Que s'est-il donc passé, à partir de 2010 ?
Pour expliquer le phénomène, il y a deux écoles. Les démographes - appelons-les « de gauche » - qui estiment que les politiques familiales publiques n'ont aucune influence sur la natalité, le désir d'enfant. Les mêmes, d'ailleurs, qui ne jurent que par les politiques publiques pour tout le reste (croissance, chômage, etc.) ! Et puis les démographes plus sérieux - de droite - savent bien, avec l'exemple de 1945, qu'il y a un lien entre politique familiale et natalité. Pour Gérard-François Dumont, cité par Le Figaro, « cela fait dix ans que la natalité est en baisse par une perte de confiance dans la politique sur la famille ». Et il vaut la peine de rappeler tous ces coups de canif successifs donnés à la politique familiale. Réforme des retraites Fillon de 2003 : suppression du départ à la retraite anticipé pour les mères fonctionnaires ayant eu au moins trois enfants. Vous savez, ces infirmières, ces institutrices, ces professeurs qui servaient l'État doublement. François Hollande ? Plafonnement des allocations familiales, fiscalisation des majorations de retraites pour les parents de familles nombreuses. Et puis, accompagnant ces attaques bien ciblées contre les familles actives et nombreuses - celles du « Nicolas qui paie », déjà lui -, il y a eu « une maternophobie d'atmosphère », idéologique, culturelle, portée naguère par le féminisme puis par son héritier direct le wokisme, comme l'analyse Gabrielle Cluzel dans son essai Yes Kids, sorti précisément dans cette année fatidique…
Le clan des rassuristes a la solution : l'immigration, bien sûr !
Évidemment, le camp progressiste a la bonne question et LA solution, comme on peut par exemple le lire dans La Dépêche : « Et si la fécondité reste faible, l’immigration pourra-t-elle prendre le relais ? » La réponse est assénée sans point d'interrogation : « Le solde migratoire, une solution ! » Avec, toutefois, une nuance : « Reste à savoir si cette solution sera durablement acceptable, sur les plans social et politique. » Grand progrès : la presse mainstream consent à poser la question. Les Français ont déjà la réponse.
https://www.bvoltaire.fr/plus-de-deces-que-de-naissances-une-premiere-depuis-1945-merci-qui/