L’Île de Rikers Island de New York abrite un des plus grands centres carcéraux des États-Unis. Il se situe sous les couloirs aériens de La Guardia, le plus petit aéroport new-yorkais. À cinq heures, la lumière éclaire les cellules des quatorze mille détenus. Le président du Fonds monétaire international (FMI) a passé cinq jours dans cet univers sordide comme un vulgaire malfrat. Son identité et la raison de sa présence se déclinent en quelques mots : N° d'immatriculation 122 57 82, nom Dominique Strauss-Kahn, sexe masculin, situation familiale marié, profession politicien. Il était soupçonné de crime sexuel, de tentative de viol et d'atteinte à la liberté individuelle. La victime, Nafissatou Diallo, était une Guinéenne musulmane, femme de chambre du Sofitel à New York. Le président du FMI l'aurait violée le 14 mai 2011 dans une des suites de l'hôtel. Telle était la version retenue avant le 1er juillet, date à laquelle on apprenait que la plaignante aurait peut-être menti et que le procès Strauss-Kahn s'acheminerait éventuellement vers un non-lieu. À Rikers Island, le petit-déjeuner du prisonnier se composait de Cornflakes, de lait, de deux tranches de pain, de fruits, de café ou de thé. Le midi, Rickers Island servait des légumes avec du riz et des haricots. À dix-sept heures, le dîner se limitait à du poulet et à de la purée. À vingt-trois heures, c'était l'extinction des feux, à l'exception de la grande cellule de trois mètres quarante sur quatre mètres que Strauss-Kahn occupait seul. Elle était normalement réservée aux prisonniers atteints de maladies contagieuses. Strauss-Kahn était soumis au régime de sûreté n° 101 concernant les détenus sujets à des tentatives de suicide : la lumière est allumée en permanence, un maton passe chaque quart d'heure, un appareil contrôle la respiration, et des chaussures sans lacet et une blouse bleue indéchirable habillaient cet hôte de choix.