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FACE À LA CRISE : Keynes est de retour (archive 2008)

Un monde nouveau semble être en gestation. Il ne pourra s'organiser sans un retour à l'État national et à la coopération internationale.
John Meynard Keynes est ce personnage extravagant, sorte de dandy formé au Trinity College de Cambridge, puis professeur de cette prestigieuse école, qui passe, à juste titre nous semble-t-il, pour le plus grand économiste du siècle passé. Né à Cambridge en 1883, l'année du décès de Karl Marx - tout un symbole -, décédé en 1946, il révolutionna la science économique en y introduisant le concept de macro-économie et en théorisant, surtout, les méthodes de l'intervention de l'État dans les mécanismes de fonctionnement du marché et de l'établissement des grands équilibres.
Dépression
Après la crise de 1929 et la "grande dépression" qui suivit, il voulait, disait-il, sauver la démocratie et les sociétés occidentales. Il faut reconnaître qu'il eut une grande part dans le redressement des économies d'avant la Seconde Guerre mondiale et la spectaculaire relance des années d'après le conflit.
Pour combattre la crise et les dépressions, il préconisait une politique d'intervention et de régulation pratiquée par l'État afin de parvenir au plein emploi, à la propriété et à un niveau satisfaisant de croissance économique. Il n'était pas un étatiste, mais ne croyait pas non plus aux mécanismes autorégulateurs, comme on dit aujourd'hui. Pour combattre la dépression, il préconisait, fine analyse à l'appui, une politique de baisse systématique des taux d'intérêt, la relance de la consommation, des grands travaux générateurs d'emplois, et ne rejetait pas le recours, certes provisoire, au déficit budgétaire.
Ses théories constituaient jusqu'à la fin des années soixante le fondement de la science économique. Puis vinrent la crise du pétrole, la stagflation et le retour triomphant du libéralisme, la mondialisation, le mondialisme et la fameuse école de Chicago. L'économie mathématisée, les formules abstraites, les "modèles", l'"économétrie" remplacèrent l'enseignement traditionnel, considéré comme "ringard". Non seulement les grands penseurs d'antan, mais aussi Keynes, Schumpeter, Perroux, Rueff... disparurent des manuels.
Le glas du capitalisme débridé
Voilà qu'en France, comme ailleurs, surtout aux États-Unis lors de la campagne électorale, on ne parle que de Keynes et du keyneisianisme. Keynes est de retour. Et bientôt, soyez-en sûr, on reparlera de l'histoire des crises qui remonte au début du XIXe siècle, des grands économistes, et surtout de l'homme qui est, et doit être, au centre de toute réflexion et de toute action dans la vie économique, comme l'enseigne la doctrine sociale de l'Église.
Que fait-on actuellement ? On contrôle les taux pour en empêcher la hausse et la raréfaction du crédit, on parle de l'intervention de l'État, d'un nouvel ordre monétaire.... On fait du keynésianisme ou presque. La politique économique du prochain président des États-Unis sera plus protectionniste, plus industrialisante, moins libérale donc, et mettra l'accent sur un retour aux grands travaux pour adapter les structures du pays aux exigences de notre époque et générer des emplois directs ou induits.
Le retour aux mécanismes de régulation, les politiques "d'intervention", théorisées par un grand économiste français du siècle dernier aujourd'hui oublié, Henri Noyelle, ne sont concevables que dans le cadre de la nation. Qui ose en parler ?
La crise économique que nous vivons - heureusement sans commune mesure avec celle de 1929 – sonnera probablement le glas du capitalisme débridé, de la toute puissance des multinationales par définition apatrides, du mondialisme et de l'OMC qui s'honorait de faire le gendarme, tout au moins dans sa forme actuelle.
Un monde nouveau semble être en gestation. Il ne pourra s'organiser sans un retour à la nation, à l'État national et à la coopération internationale. Le temps de l'égoïsme des nations, de la course aux dévaluations monétaires sauvages, de chacun pour soi est révolu. Celui de la mondialisation érigée en dogme absolu, le "mondialisme", le sera bientôt. C'est un vaste champ de réflexion, et donc de l'action, qui s'ouvre ainsi devant nous.
SERGE MARCEAU L’ACTION FRANÇAISE 2000du 20 novembre au 3 décembre 2008

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