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La trahison des élites françaises

 

La trahison des élites françaises
Il est certes légitime de s'interroger sur la nature actuelle du peuple, tel qu'il a dérivé depuis une trentaine d'années, cédant aux sirènes corruptrices de la consommation de masse, gobant tous les mensonges des politiciens, jetant sa mémoire historique aux orties.

Néanmoins, ceux qui votent Marine Le Pen sont issus de ce peuple, et même si leurs motivations ne sont pas édifiantes, c'est toujours mieux que rien. En Italie, c'est Beppe Grillo qui attire le vote protestataire. Il n'est sans doute que cela, hélas !

Toutefois, l'une des questions essentielles qui vaudrait autant que d'ausculter sans cesse la France d'en bas, est d'essayer de comprendre pourquoi, en masse, les responsables politiques sont passés dans le camp du mondialisme apatride marchand, et pourquoi ils ont abandonné, comme un seul homme, le peuple français (et c'est le cas aussi dans les autres pays européens).

Il aurait pu y avoir une partie d'entre eux se détachant du troupeau, et assumant un combat rugueux contre l'esprit de capitulation. Ce qui restait de gaullistes au RPR chiraquien aurait pu jouer ce rôle, et l'on a cru, espérer un moment que le refus de participer à la seconde Guerre du Golfe en était le signe. Malheureusement, les ténors d'un néogaullisme affiché par intermittences, de Villepin, Alliot-Marie, Juppé, se sont rendus, de grâce ou de force, à la raison dominante de l'oligarchie. Le Parti communiste, dont les positions, dans les années soixante, rejoignaient implicitement celles de la droite patriote, avait sans doute, potentiellement, des virtualités à contester la dérive libérale du pays, et l'abandon de la Nation, voire des pouvoirs étatiques en matière économique. Mais sa collusion avec un Parti socialiste atlantiste, et la chute de l'empire soviétique, qui illustrait une contestation occidentalisée triomphale de l'idéologie marxiste, et, partant, de toute espèce de politique s'inspirant des principes de gauche, ne lui laissaient guère espérer, ses effectifs fuyant le navire naufragé, qu'une petite place au soleil, pour ses notables, moyennant une attitude docile et « compréhensive ». Hue, Gayssot, Buffet seront ces traîtres qui basculeront le « parti de la classe ouvrière » en groupement bobo, ouvert aux revendications sociétales, et faisant la part belle à la « diversité ».

Quant à l' « extrême droite », telle qu'elle émergea des années de plomb de la Guerre d'Algérie, on sait qu'elle se retrouva dans la figure emblématique de Jean-Marie Le Pen, non sans ambiguïtés, lesquelles apparaissent ouvertement, dans le contexte d'une Europe largement inféodée aux intérêts états-uniens et sionistes. Car la lutte d'après-guerre contre le « péril communiste », une fois l'hypothèque des guerres coloniales révolue, laisse jouer encore le réflexe « occidentaliste », assimilé au libéralisme économique, aux valeurs bourgeoises de sécurité et de « christianisme » sociétal, ou, à la rigueur, à la prédominance de la « race blanche », dont, in fine, les meilleurs défenseurs s'avéreraient être les USA et Israël.

Inutile d'évoquer l'"extrême gauche", qui ne l'est que du mondialisme conquérant, paravent internationaliste du dérèglement planétaire marchandisé.

Il faudrait cependant, avant d'évaluer la classe politique française actuelle, la replacer dans une longue histoire, qui prend ses racines dans l'état de la France d'avant guerre. Il serait nécessaire de lire l'ouvrage fondamental de Simone Weil, L'Enracinement, qui détaille le vide idéologique et spirituel de l'élite politique qui prit les rênes du pays après la grande boucherie de 14-18. Car s'il est un déclin de la France, il est à situer non seulement dans la dépression démographique que le conflit mondial provoqua, mais aussi dans l'abdication de toute volonté et de toute énergie, dans la diffusion, l'universalisation, par-delà les clivages politiques, de la veulerie, du cynisme, de l'affairisme et d'un pacifisme bêlant, lequel était plus le signe de la lâcheté que d'une idéologie inspirée de Ghandi. Chacun cherchait alors à s'en tirer le mieux possible, prolétariat, paysannerie, bourgeoisie, politiciens et soldats. On sait ce qui advint en juin 40.

A vrai dire, Simone Weil situe le clivage historique entre le peuple et l'élite française au traumatisme de la Commune, qui a détaché les classes supérieures du sort des classes "dangereuses", et a ancré dans la vision populaire la certitude amère qu'elle ne pouvait plus avoir confiance en la Nation.

L'esprit de guerre civile larvée, de capitulation nationale, d'égoïsme chafouin, de cynisme tartufard, on peut le reconnaître encore en mirant le petit écran, notamment dans les interventions de la caste journalistique et dans celles, stipendiées, des experts de tous poils, qui ont singulièrement proliféré et prospéré depuis Radio Paris.

Finalement, la « divine surprise » ne fut pas tant la chute d'un arbre que d'aucuns pressentaient pourri jusqu'aux racines, que la réaction d'orgueil d'une poignée d'hommes, mus par l'amour de la France et le souvenir de ses mémoires (culturelle, religieuse, guerrière, populaire, ouvrière...). On peut dire que ces êtres libres, parfois humbles, isolés, résistant au lâche soulagement, à l'esprit de collaboration et au matérialisme neurasthénique, ont porté haut le drapeau de la Nation.

Ils eurent à affronter aussi les réticences, voire l'hostilité des puissances anglo-saxonnes, qui pressentaient la domination américano-anglaise des lendemains de victoire, et qui ne voulaient pas d'une France placée dans le camp victorieux. Car la France, malgré ses fils défaillants, a toujours cru qu'il était de son devoir de défendre certaines idées d'honneur, de liberté et de générosité. Que ce discours ait parfois été en porte-à-faux avec la réalité est un autre problème. Sans lui, il n'y aurait pas eu De Gaulle.

On ne comprendra pas le sursaut français d'après-guerre si l'on ne rappelle pas la mystique de la Résistance, le programme social et politique du C.N.R., l'élan donné par des habitudes de sacrifice et la fraternité de combattants qui, de droite et de gauche, ont ensemble, dans le sang et la souffrance, affronté l'Occupant. Là fut le vrai miracle français.

Mais la quatrième République, c'est encore la France d'avant-guerre, ses magouilles, sa petitesse, son esprit de défaite. Le coup de 58 était-il une anomalie, ou l'expression directe de la volonté populaire ?

Probablement les deux. Pour ceux qui ont vécu à cette époque, il est indéniable que le projet gaulliste, largement au-dessus de l'influence économique du pays, était exaltant, ambitieux, un peu fou. Les « réalistes » libéraux ont assez critiqué le général en le traitant de Dom Quichotte, tandis qu'à gauche on l'accusait de fascisme. Toutefois, la grandeur résidait encore dans une partie du peuple, et dans les cadres gaullistes et communistes qui se souvenaient de la Résistance.

Ces cadres ont maintenant disparu. Ne restent que des nains, des médiocres, des lâches et des épiciers avides de récupérer des miettes du système oligarchique mondial, que le Général avait d'ailleurs pressentis. Ne disait-il pas qu'après lui, ce serait, non le vide, mais le trop plein ? On voit dorénavant de quelle nature sont les crabes qui garnissent le panier ! La caste politique française a fait le choix de se fondre dans l'hyperclasse atlantiste aux dépens d'un peuple qui a la faiblesse de voter encore pour elle.

A tous points de vue, la situation n'est pas sans analogies avec juin 40. Notre armée est sous commandement ennemi, notre économie est ruinée ou pompée par le concurrent déloyal, l'information est dans les mains d'une force propagandiste, l'administration et l'Etat sont dirigés par une puissance ennemie de la Nation. Malheureusement, l'Eglise, en partie, et contre ses intérêts de force spirituelle ayant la vocation de guider le peuple, est pleine de complaisance avec l'idéologique dissolvante de la modernité.

La France, l'Europe enracinée, sont-elle finie, boutées hors de l'Histoire ? Apparemment, tout se conjugue pour qu'il en soit ainsi, et avant tout la trahison des élites. Mais rien n'interdit de s'inspirer de la geste des grands ancêtres, de ceux qui relevèrent la France quand elle gisait, déshonorée, bafouée, humiliée, dans la boue.
Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

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