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La CGT nouvelle vous allez adorer

Avec tout ça, l'opinion française ne s'est guère préoccupé des changements à la tête de la CGT. Et, de toute façon, si vous avez aimé la vieille centrale stalinienne, vous adorerez le principal mouvement syndical de l'Hexagone dirigé par le camarade Thierry Lepaon, intronisé chef suprême. Le processus s'est achevé dans le cadre du 50e  Congrès du syndicat définitivement conquis par les communistes en 1947. Celui-ci s'est déroulé à Toulouse du 18  au 22  mars.

Le nouveau chef n'a, de ce point de vue jamais caché son appartenance : "J’ai un rapport affectif profond avec ce parti, qui date de ma jeunesse" (1)⇓. Et ses orientations en découlent : "Il n’y a rien à négocier, écrivit-il naguère, il faut se rassembler et lutter." (2)⇓

Cette forme d'unanimisme factice que les disciples de Marx et Lénine appellent "centralisme démocratique" a fonctionné comme par enchantement.

Qu'on mesure en effet les étapes de cette désignation.

Octobre 2012 vote de la Commission Exécutive : 42 voix en faveur de Lepaon, 7 absentions, 0 contre.

La veille du vote décisif, en novembre, l'organe communiste prévient ses lecteurs que : le camarade Lepaon a été "adoubé (sic) pour succéder à Bernard Thibault"(3)⇓

Le 7 novembre, le Comité confédéral national  de la CGT vote en effet à son tour. Et 119  voix vont à Lepaon, 2 abstentions 0 contre.

À cet égard on notera que les 121  participants sont supposés représenter autant d'organisations, fédérations professionnelles et union départementales. Or, Thibault déclarera un peu plus tard au siège de la confédération, à Montreuil : "Je réponds par avance aux curieux en précisant qu’il s’agit de deux unions départementales. Ce qui laisse donc entendre que toutes les fédérations professionnelles ont voté pour. Et permettez-moi de dire à ceux qui considéreraient que Thierry (Lepaon) serait un candidat par défaut, qu’ils se trompent et qu’ils devront en faire le constat à l’usage." (4)⇓

Mars 2013, troisième étape, le congrès : une formalité. Le rapport d'activité du secrétaire sortant est approuvé par 87,5 % des mandats, après l'expression de désaveux plus ou moins implicites. Le nouveau patron du syndicat, quant à lui et par contraste, sera "élu" statutairement sans la moindre difficulté, sans la plus petite remarque déplacée. La troupe exécute la manœuvre sans hésitation ni murmure. Le 19 mars, il prononce le discours d'ouverture. Le 22 mars il devient officiellement secrétaire général de la CGT.

Comme on va le mesurer bientôt, comme on aurait pu déjà s'en alerter au gré de divers conflits et actes de violence, y compris la destruction symbolique par le feu d'un drapeau CFDT, à Lille le 14 mars, Lepaon incarne un durcissement : or cette nouvelle ligne est adoptée de manière monolithique. Elle sera appliquée sans faiblesse.

Les professionnels de la désinformation s'étaient illusionnés de la préférence "moderniste" et "féministe" de son prédécesseur. On disait ainsi le camarade Thibault favorable à la désignation d'une représentante de la fonction publique hospitalière, l'infirmière Nadine Prigent. Le moins que l'on puisse remarquer consiste à enregistrer au contraire la fin d'une époque : celle pendant laquelle l'ondoyant secrétaire général qui régna de 1999 à 2013 donnait le change, à l'usage des naïfs, qui croient possible de considérer les cégétistes comme des "partenaires sociaux".

Les signes à venir confirmeront très probablement, – et ceci jusqu'à un futur et nouveau retournement, comme les communistes nous y ont habitués tout au long de leur histoire (5)⇓ – la volonté d'attiser les tensions, partout, dans tous les conflits sociaux, dans toutes les négociations.

Ils se prévalent déjà d’un bilan qu'ils jugent encourageant : "Le nouveau secrétaire général se trouvera à la tête d’un syndicat fort de quelque 682 700 adhérents, soit près de 30 000 de plus qu’en 2007. À titre de comparaison, font-ils mine de remarquer, le Parti socialiste, au pouvoir, n’en compte que 174 000"(6)⇓

Ceci veut bien dire que cet appareil se juge lui-même comme la principale force de gauche du pays.

Le président de la république ne doit se faire aucune illusion d'autre part, ni sur sa propre popularité si sur le soutien de cette force. Dès la campagne présidentielle, Lepaon ne déclarait-il pas : "Hollande s'inscrit dans la suite de Sarkozy, il considère, lui aussi, que le travail est un coût qu'il faut baisser". (7)⇓

Avec des alliés de cette nature, le gouvernement Hollande-Ayrault ne devrait donc guère éprouver de besoin de se trouver d'autres adversaires. Et pourtant quand on mesure la manière dont il traite les gens qui osent défiler pacifiquement pour protester contre la Loi Taubira, il s'emploie à les multiplier.

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

Apostilles

  1. cf. L'Humanité 16 octobre 2012.
  2. cf. L'Humanité 10 février 2012.
  3. cf. L'Humanité du 6 novembre 2012.
  4. cf. L'Humanité du 19 mars 2013.
  5. cf. "L'Alliance Staline Hitler"
  6. cf. L'Humanité du 5 mars 2013.
  7. cf. Journal du Dimanche du 10 février 2012 ?

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