Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Real del Sarte au service de l'art et de l'idéal

Maxime Real del Sarte (1888-1954) fut toute sa vie et sans concession artiste et patriote. Ses deux vocations se complétaient. Cependant, s'il fut patriote, ce fut au service de la patrie, et artiste, au service de l'art.
Maxime Real deI Sarte fait partie de cette génération de nationalistes qui, persécutés par la Ille République, n'en répondit pas moins toujours présent aux appels de la patrie. Il perdit un frère au champ d'honneur, à Verdun, et y laissa lui-même un bras. Perte particulièrement tragique pour un sculpteur, mais qui ne pouvait le détourner de sa vocation.
Courage politique et diplomatie
L'entrée en politique de Real dei Sarte eut lieu en 1908, lorsqu'il se leva en pleine audience de rentrée de la Cour de cassation pour accuser les magistrats d'avoir falsifié des preuves afin d'innocenter Alfred Dreyfus. Ce fut aussi la première manifestation publique des Camelots du roi, émanation de l'Action française.
Il mit ses relations au service de ses convictions, mais toujours dans un esprit de conciliation. Ainsi, à l'occasion du don d'une statue de Jeanne d'Arc aux États-Unis, il intervint auprès du ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, qui découvrit qu'Alexis Léger (Saint-John Perse) intervenait auprès du nonce apostolique pour empêcher la levée de la condamnation de l'Action française ; condamnation qui fut levée quelques semaines plus tard.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Jean-de-Luz, il parvint à empêcher des excès de l'occupant, favorisa les passages vers la zone libre ou l'Espagne. Apprenant que des otages doivent être fusillés à Bordeaux, il prit le train pour Vichy et exposa la situation au maréchal Pétain, qui parvint à empêcher ce drame.
Il continua de travailler sous l'occupation allemande, exécutant de nombreuses commandes, surtout en zone libre, naturellement. À la Libération, il ne fut cependant pas inquiété. Il œuvra bientôt à obtenir la grâce de Charles Maurras, question à ses yeux de justice, mais aussi de dignité face à l'étranger, et rencontra pour cela le président Auriol.
Un artiste fidèle à son idéal
Mais jamais Real del Sarte ne mit son art au service de son combat politique. L'un et l'autre se rejoignaient en quelque sorte par le haut : par la recherche d'un même idéal. Il éleva des monuments à la mémoire de ses camarades assassinés Marius Plateau et Ernest Berger, au cimetière de Vaugirard, mais il devint l'un des artistes officiels de la IIIe République.
La première des ses œuvres acquise par l'Etat fut " Le Premier Toit ", en 1925. Il fut aussi l'auteur de la statue de Joffre qui s'élève devant l'École militaire et de celle de Mangin, à côté des Invalides, sans oublier d'autres héros de la guerre, comme le roi Albert à Nancy ou Louise de Bettignies à Lille.
Ce combattant marqué dans sa chair par la guerre excellait à évoquer l'héroïsme, sans grandiloquence toutefois. Son art est le contraire de morbide. Mais les plus belles œuvres de ce croyant sont celles de héros chrétiens. Ses œuvres proprement religieuses, Vierge, Pietà, Christ, statues de saints, sont toujours chargées d'une force profonde, sereine, où toujours, au-delà de la souffrance et du sacrifice, se lit l'espérance.
C'est ce qui distingue aussi ses monuments aux morts, qui tranchent sur tant d' œuvres médiocres qui ont enlaidi les villages de France: pour lui l'héroïsme n'est pas bravache, la douleur n'est pas sans issue, l'amour de la patrie n'est pas chauvin. " Terre de France " (1919) devint le monument aux morts de Saint-Jean-de-Luz ; les personnages du monument aux morts des armées de Champagne (1924) présente les traits de son frère Serge, du général Gouraud et du fils du président Roosevelt (le vrai : Theodore) ; celui de Sare (1920) montre une femme penchée sur un soldat mourant ; dans le monument de la victoire de Rouen (1925), il donna à un soldat les traits de Maurras ... ce qu'il ne lui révéla jamais !
On ne peut se dispenser de citer quelques-unes de ses très nombreuses " Jeanne d'Arc ", héroïne à la fois nationale et chrétienne: " Jeanne d'Arc au bûcher " (1929), place du Vieux-Marché à Rouen, " Jeanne d'Arc prisonnière " (1930) à Arras, " Jeanne d'Arc " (1940) de Domrémy, etc.
La solidité d'un classique
On peut regretter l'oubli relatif dans lequel Maxime Real deI Sarte est tenu. Mais la sincérité de son œuvre, la force jamais dénuée d'élégance de ses sculptures, sa fidélité à des valeurs qu'on peut oublier un moment, mais qui sont éternelles, font de lui un artiste classique, humble devant les exigences de son art, exigeant dans l'affirmation de ses idéaux.
P.L.  mai 2004 -  FDA

Les commentaires sont fermés.