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Plaidoyer pour le respect de Lyautey et de la mémoire coloniale

Dans son numéro 43 de juin 2007 Présence de Lyautey, bulletin d’information de la Fondation Maréchal Lyautey, publie sous la signature de son président le colonel Pierre Geoffroy, un Plaidoyer pour le respect de Lyautey et de la mémoire coloniale outragée.
En effet, un décret du 16 novembre 2006 a créé la “Cité nationale de l’histoire de l’immigration”, au Palais dit de la Porte Dorée, à Paris, dans le 12e arrondissement, que Lyautey avait fait construire lors de l’Exposition coloniale de 1931 pour en demeurer le témoin et y abriter la mémoire coloniale.
Bien entendu, la “grande presse” n’a pas évoqué l’outrage qui révolte le colonel Geoffroy et c’est pourquoi nous croyons opportun de reproduire son appel.
Pierre-Frédéric Danjou
Sous nos yeux, les détracteurs de l’épopée coloniale de la France continuent par tous les moyens leur ignoble besogne au service de leur idéologie, avec des complicités connues, mais souvent aussi insoupçonnées sinon insoupçonnables. De nombreuses réactions indignées émanent des associations et des citoyens respectueux de la vérité historique qui composent la majorité dite silencieuse. Elle est silencieuse, non pas parce qu’elle n’a rien à dire, mais parce que les médias les plus influents, rodés à la désinformation, lui refusent la parole. Elle est silencieuse aussi parce qu’elle ne manifeste pas dans la rue pour se faire entendre. Elle se manifeste heureusement dans les urnes.
Nous pouvons désormais nous référer à l’esprit et à la lettre des déclarations et des discours du président Nicolas Sarkozy pendant sa campagne et, en particulier, celui de Toulon le 7 février et celui de Metz le 17 avril 2007, dans lesquels il a cité le maréchal Lyautey, « ce grand soldat a-t-il dit à Metz, qui fut aussi un homme de coeur qui fit aimer la France partout où il la servit ». En nous plaçant dans la perspective promise d’une « France fière de son histoire », nous attendons des signaux forts qui incitent au respect de la mémoire de tous ceux qui ont fait ce qu’on a appelé “la plus grande France” ainsi que de l’oeuvre humaine, sociale et économique qu’ils ont accomplie.
Le maréchal Lyautey, compte tenu de sa personnalité marquante et de l’ampleur de son oeuvre, apparaît bien comme un des symboles forts de l’histoire coloniale. Et, à ce titre, l’abrogation du décret régalien du 16 novembre 2006 apparaîtrait comme un de ces signaux forts. Il y a urgence car, sur les 20 millions d’investissement accordés, des crédits importants ont déjà été engagés pour défigurer et détourner de sa vocation première le Palais, souvent appelé Palais Lyautey, situé à la Porte Dorée, dans le 12e arrondissement de Paris.
Institutionnaliser la repentance
Ce décret créant l’Établissement public de la Porte Dorée - “Cité nationale de l’histoire de l’immigration” au Palais Lyautey, a pour conséquence d’outrager la mémoire de Lyautey, de contribuer de façon officielle à effacer tout rappel de notre passé colonial, d’institutionnaliser l’anticolonialisme et la repentance et d’offrir une plate-forme au terrorisme intellectuel.
En effet, dans l’idée de Lyautey et selon ses écrits, à la Porte Dorée le seul bâtiment destiné à survivre à l’Exposition Coloniale de 1931 devait abriter un “Musée permanent des Colonies”. Il en confia la réalisation à l’architecte Albert Laprade qui fut l’un de ses collaborateurs au Maroc.
Que l’on ait voulu créer une “Cité nationale de l’histoire de l’immigration”, c’est une chose. Mais, vouloir le faire au Palais de la Porte Dorée c’est autre chose : c’est à la fois une profanation des lieux et une provocation.
Il est urgent de suspendre les travaux en cours, d’abroger le décret en cause et de remettre tout à plat pour que le Palais de la Porte Dorée soit rendu à sa vocation première, tout en l’adaptant sans parti pris aux exigences de notre époque. Et ceci devrait être fait en concertation avec des associations non sectaires ayant une approche objective de l’histoire coloniale et le souci d’en préserver la mémoire. Nous voulons participer à la “remise à l’heure des pendules”.
La France protectrice
En voici les raisons :
Après une carrière bien remplie, le maréchal Lyautey, un des plus grands artisans de la grandeur de la France, avait accepté en 1927, à l’âge de soixante-treize ans, la responsabilité de Commissaire général de l’Exposition coloniale que lui proposait le président Raymond Poincaré. Le succès populaire fut au rendez-vous, puisque plus de 33 millions de visiteurs affluèrent entre les mois de mai et de novembre 1931 et que de nombreux chefs d’État y furent reçus.
Dés la pose de la première pierre en 1928, Lyautey affirmait avec force : « qu’il ne s’agissait pas seulement d’une exhibition foraine, mais que le caractère d’office de travail prédominerait hautement, laissant une grande leçon d’”action réalisatrice” ».
Sous le titre Le sens d’un grand effort, Lyautey nous livrait sa pensée : « Il reste encore sur la terre de vastes champs à défricher, de pacifiques batailles à livrer à la misère, à l’ignorance, à toutes les forces mauvaises de la nature. En montrant l’immense labeur déjà accompli par les nations colonisatrices, l’exposition montrera, par surcroît, qu’il reste encore beaucoup à faire.
Puisse-t-elle être comprise ! Puisse-t-elle insuffler à tous les peuples, mais d’abord aux peuples aînés, un esprit nouveau, une conscience nouvelle ! Coloniser, ce n’est pas uniquement, en effet, construire des quais, des usines ou des voies ferrées ; c’est aussi gagner à la douceur humaine les coeurs farouches de la savane ou du désert. »
Comme en écho, dans son discours, lors de sa réception par le maréchal Lyautey à l’Exposition, le 7 août 1931, le Sultan Mohammed ben Youssef, futur roi Mohammed V, devait déclarer : « En venant admirer l’Exposition coloniale, cette belle réalisation de votre génie, il nous est particulièrement agréable de profiter de cette occasion solennelle pour apporter notre salut au grand Français qui a su conserver au Maroc ses traditions ancestrales, ses moeurs et ses coutumes, tout en y introduisant cet esprit d’organisation moderne sans lequel aucun pays ne saurait vivre désormais.
Pouvons-nous oublier, en effet, qu’à votre arrivée au Maroc, l’Empire chérifien menaçait ruine ? Ses institutions, ses arts, son administration branlante, tout appelait un organisateur, un rénovateur de votre trempe pour le remettre dans la voie propre à le diriger vers ses destinées. En ménageant la susceptibilité de ses habitants, en respectant leur croyances et leurs coutumes vous les avez attirés vers la France protectrice par vos nobles qualités de coeur et la grandeur de votre âme. »
Union entre les races
Aujourd’hui, on devrait encore entendre résonner comme un fait d’actualité cet appel à l’union de Lyautey lancé à l’occasion de l’Exposition coloniale : « Union entre les races, ces races qu’il ne convient vraiment pas de hiérarchiser entre races supérieures et races inférieures, mais de regarder comme “différentes” en apprenant à s’adapter à ce qui les différencie.
UNION entre les peuples, issus de notre civilisation, qui, en venant à nos côtés, dans cette Exposition, nous donnent une saine leçon de solidarité au lendemain des déchirements les plus sanglants de l’histoire. »
Le maréchal Lyautey avait donc voulu qu’un magnifique bâtiment, le “Palais permanent des colonies” dont il confia la réalisation à l’architecte Albert Laprade, survive à l’Exposition coloniale de 1931 pour abriter ce qu’il appellera un “Musée permanent des Colonies”, puis une “Maison de la France d’outre-mer”.
Après des travaux de réaménagement rendus nécessaires suite à la clôture de l’exposition, le Palais rouvrit d’abord partiellement, puis en totalité en 1935 sous le nom de “Musée de la France d’outre-mer”. En guise de signal de la décolonisation, il fut dépossédé dans les années 60 de ses plus belles et plus évocatrices collections par André Malraux, ministre des Affaires culturelles. Il subsista un maigre musée des “Arts océaniques et africains” dépouillé dans les années 80 des souvenirs trop “coloniaux”.
Par la suite, aucune des propositions faites pour valoriser le site en harmonie avec l’esprit de ses concepteurs n’a eu de suite jusqu’à ce que M. Jospin valide un projet rampant porté par Mme Guigou pour l’association “Génériques”. Ce projet a été repris en 2002 par le président Jacques Chirac et a fait son chemin avec suffisamment de discrétion pour échapper aux controverses. Vidé de son contenu en 2003, au profit du musée des Arts premiers, le Palais de la Porte Dorée, a été désigné, à la satisfaction du maire de Paris, par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (discours du 8 juillet 2003) pour abriter ce qu’il a baptisé une “Cité nationale de l’histoire de l’immigration”.
Détournement
De ce fait, non seulement le Palais de la Porte Dorée se trouve détourné de sa vocation initiale mais, de surcroît, il va être occupé par un organisme dont les objectifs affichés, et, plus encore, ceux non avoués, sont incompatibles avec l’esprit des lieux. Une fois de plus, au fil du temps, Lyautey a été trahi, et avec lui tous ceux qui ont fait la grandeur de la France. Ils l’ont été par ceux-là mêmes qui avaient en charge le respect et la défense des valeurs que Lyautey a si souvent exaltées par ses écrits, ses paroles et son exemple.
Les adeptes de la pensée unique si néfaste ont comme les anarchistes des raisons d’en vouloir à Lyautey, demeuré jusqu’alors un symbole incontournable, lui qui écrivait : « J’ai horreur des idées toutes faites, des doctrines d’école, des théories de cabinet, de toute discipline “a priori” unique, uniforme, universelle. S’il n’est de philosophie que du général, pour moi, il n’est d’action que du particulier. »
Déjà sur le site internet de la “Cité nationale de l’histoire de l’immigration” on peut lire ceci : « Il s’agit donc avec ce projet et ce lieu, de déconstruire l’imagerie héritée de la colonisation, de retourner les symboles. De dire et de montrer que la page de la colonisation est définitivement tournée et détourner le bâtiment de sa vocation première. »
On ne peut être plus clair. Et pour le prouver le nom de Lyautey ne figure dans aucun texte mis en ligne, même pas dans l’historique du Palais, ce qui est un comble ! Il s’agit bien d’un cadeau subtilement déguisé fait à tous ceux qui s’attaquent à l’oeuvre coloniale de la France et à ses acteurs à travers des associations militantes pour la régularisation des “sans-papiers”, contre le racisme, contre l’esclavagisme, etc.... toutes visant à l’humiliation de la France et à l’affaiblissement du pouvoir.
Réécrire l’Histoire
Quel est donc le « réseau d’associations et organismes dédiés à l’histoire de l’immigration qui sont à l’origine et au coeur du projet » comme l’énonce le texte du décret ? Il n’y pas de réponse : la discrétion  est restée de rigueur pour faire avancer le projet sans effrayer. Mais aujourd’hui, nos suppositions et nos craintes se révèlent fondées, puisque la presse a annoncé la démission de leur poste d’une dizaine de fonctionnaires affectés à la mise en place de la “Cité nationale de l’histoire de l’immigration” pour protester contre la création du ministère de de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement.
Autre signe de la volonté d’occulter toute une période pour permettre à de pseudo-intellectuels de réécrire l’histoire en la travestissant : nous avons observé que dans le même temps, le projet abouti de Mémorial de la France Outre-mer que devait construire l’État à Marseille a été gelé. Décidément, bien des réseaux sont infiltrés et manipulés par les “forces du mal” au point de devenir leurs complices quand l’occasion se présente.
Pourquoi tant d’acharnement, de compromissions pour contribuer à faire table rase de ce passé ? Tout simplement parce que l’oeuvre humaine, et généreuse de la France réalisée outremer et l’exemple de Lyautey, symbole de toute cette époque, vont à l’encontre des thèses anticolonialistes. Trois exemples :
1 - Comment pourrait-on accuser Lyautey de racisme quand il proclame « l’Union entre les races ».
2 - Comment pourrait-on l’accuser d’avoir fait tort à l’Islam quand on relit son discours du 19 octobre 1922 marquant le début de la construction du Mihrab de la Mosquée de Paris ?
3 - Comment pourrait-on l’accuser d’avoir humilié et pillé le Maroc alors que les Marocains de bonne foi associent son nom à leur histoire ?
Ajoutons que Lyautey chassé du Palais de la Porte Dorée, comme tout ce qui peut perpétuer le souvenir de l’Exposition Coloniale de 1931 a toujours porté haut les valeurs de l’effort, du travail, du devoir social, de l’esprit d’équipe et d’entreprise, ce qui fournit aux idéologues de la “déconstruction” des raisons supplémentaires de “retourner les symboles” , comme ils l’affirment. Il est urgent de maintenir les symboles debout avant qu’ils ne soient “retournés” et ne disparaissent, victimes d’un oubli programmé...
Colonel (er) Pierre GEOFFROY, président de l’Association nationale Maréchal Lyautey 06 84 76 00 44
L’Action Française 2000du 19 juillet au 1 er août 2007

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