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Quand on revient lentement mais sûrement au parlementarisme

Le glissement centriste du pouvoir amène à s'interroger sur les nouvelles magouilles en voie de consolidation.

Publié par le "Journal du Dimanche" de ce 27 avril un entretien du très politicien Yves Jégo levait le coin du voile : la convergence se précise en effet entre l'UDI et l'équipe gouvernementale. Elle tourne autour du fameux programme d'économies chiffré à 50 milliards pour l'horizon 2017, annoncé par Hollande le 14 janvier et confirmé dès le 9 avril par le Premier ministre Valls dans son discours programme devant l'Assemblée nationale.

On y apprenait en effet la nature des offres de service du député radical-socialiste de Seine-et-Marne. Le président par intérim de la formation centriste confirmait à l'intention des vastes masses ses intentions inavouables. Il se propose désormais de venir au secours du chef du gouvernement menacé, à plus ou moins courte échéance d'une défection plus importante que prévue, de son propre parti.

À cet égard on notera que si 100 députés socialistes avaient manifesté leur opposition à ce qu'ils appellent un programme d'austérité, on n'a trouvé, après quelques jours de drague intensive, que 21 de leurs camarades pour leur répondre. Ce rapport de force ne se retrouvera pas nécessairement au moment de chaque vote des différentes mesures en commission comme en séance plénière.

Le nombre des députés à l'Assemblée nationale s'élève à 575, deux sièges se trouvant actuellement vacants. La majorité absolue est donc fixée à 288. Le groupe PS ne compte que 275 membres stricto sensu, plus 16 apparentés.

À l'occasion du vote de l'Assemblée nationale de ce 29 avril seuls 242 d'entre eux ont voté en faveur du projet du gouvernement.

Les forces d'appoint, de toutes natures sont donc devenues indispensables.

De quelles réserves le pouvoir dispose-t-il ? Elles se trouvent, au départ, outre les 16 apparentés du groupe, – dont les 3 souverainistes de gauche, "chevénementistes" ont voté contre, – essentiellement constituées de 17 radicaux de gauche : 13 d'entre eux ont voté pour, 2 se sont abstenus et 2 n'ont pas voté. Cet apport à lui seul ne suffit pas, pas plus que les 3 apparentés du groupe communiste 242 socialistes disciplinés plus 3 marxistes plus 13 radicaux cela fait 258 voix, manque 29 pour atteindre la majorité absolue.

Avant la constitution du nouveau gouvernement on aurait pu ajouter sans hésiter les 17 écologistes. L'astucieuse combinaison de 2011-2012 reposait sur l'alliance "rose-verte". Elle avait permis l'ascension de Hollande jusqu'à son actuelle position présidentielle. La défection du groupuscule vert, lors de la constitution du gouvernement a mis un terme à cette allégeance. Cécile Duflot ne raisonne plus qu'en fonction du scrutin présidentiel de 2017.

À la vérité, en effet une partie non négligeable de la vie politique française s'inscrit dans le contexte de la campagne en vue du parlement européen, de ses grasses prébendes et de son absentéisme indulgent.

Tétanisés à l'idée de n'arriver qu'en troisième position la plupart des politiciens affiliés au PS ne jugent ainsi eux-mêmes le programme du gouvernement qu'en fonction des indices de popularité. Ceci obère sérieusement désormais toute possibilité de succès à cet échafaudage incertain.

Un jour ou l'autre, dans un vote ou un autre, Valls sait qu'il lui faudra compter sur autre chose que sur l'appoint occasionnel de dirigeants de l'opposition, tels qu'un Juppé qui déclare habilement que voter une mesure d'économie "ne lui pose aucun problème".

Néanmoins ce n'est pas parmi les 198 députés et affiliés de l'UMP qu'on trouvera toujours plus qu'une poignée de gens prêts à suivre effectivement sur untel terrain les consignes discrètes du MEDEF. Seul Frédéric Lefebvre, ancien ministre oublié, a succombé aux sirènes de la fausse rigueur.

Mais à terme, il faudra plus : les centristes, radicaux-socialistes et démocrates-(ex)-chrétiens du groupe UDI se comptent 29. On les voit rarement s'accorder sur une ligne claire. La démarche oblique du crabe Jégo, président par intérim de ce rassemblement en voie de débandade, leur convient donc à moitié, comme tout ce qu'ils font. En date du 29 avril, 17 députés centristes se sont courageusement abstenus, 3 ont voté pour, et 7 ont suivi, au contraire, la mise en garde du moins faisandé de l'équipage, le député des Hauts-de-Seine Fromantin (1)⇓ : ils ont voté contre.

Mais le ver hollandais a déjà pénétré dans le fruit. La loi de la nature fera le reste.

JG Malliarakis

Apostilles

1)  Lequel, à coté d'arguments pertinents, s'engouffre malheureusement dans la théorie du "risque récessif". cf son intervention sur LCI.

Retrouver à nouveau l'enregistrement de cette chronique sur Lumière 101

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