Deux courants sont désormais à l'œuvre au sein du FN : l'un souverainiste-étatiste et peu libéral, l'autre libéral-identitaire et assez peu étatiste.
Avec ce que l’on peut baptiser « doctrine Chauprade », le Front national devient un parti national-identitaire, un peu moins souverainiste et jacobin, un peu plus tourné vers les valeurs et les racines. La chose se sentait : le FN ne fait que suivre le mouvement de son électorat et de l’opinion publique tout entière. Le succès phénoménal du site Fdesouche, de type identitaire à n’en pas douter, est là pour le prouver. Les prémices en avaient été établies par le Bloc identitaire et par la Ligue du Sud, mais la paternité en revient à la Ligue du Nord italienne, au parti de Pim Fortuyn aux Pays-Bas et à l’UDC helvète. On trouve encore d’autres partis identitaires modérés comme la CSU bavaroise.
Le soutien à Israël ou la protection des juifs français plutôt que la vieille connivence avec les pays arabes ? Une évidence, pour la raison simple que nous sommes héritiers d’une tradition judéo-chrétienne et gréco-latine plus proche du judaïsme que de djihadistes engagés dans une conquête faite à nos dépens. Je l’expliquais clairement dans un article à succès dont je ne savais qu’il précéderait de quinze jours celui de M. Chauprade.
La prudence de Marine Le Pen sur le mariage homosexuel ? Pour ménager les clivages identitaires au sein même de son parti. Les alliances du FN avec d’autres partis européens ? Pour dépasser les antagonismes nationaux et se rapprocher de partis frères qui lui ressemblent. La recherche d’une implantation locale des élus FN, dans le Midi, le Nord ou la Lorraine ? Parce que les identités sont enracinées dans le local : la terre et la culture de proximité.