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Une critique nécessaire

Le libéralisme est paré par les uns de toutes les vertus, par les autres de tous les vices. Mais le libéralisme existe-t-il vraiment ? Y a-t-il un ou des libéralismes ? Les différents libéralismes partagent-ils un fonds commun ? Y aurait-il un « bon » et un « mauvais » libéralisme ? Existe-t-il une critique libérale du libéralisme ? Et l’antilibéralisme ? Est-il un ou y en a-t-il plusieurs ? S’ils ont le même adversaire, les différents antilibéralismes sont-ils pour autant convergents ? C’est à ces questions que notre série tâchera de répondre ; Falk van Gaver, qui en est l’initiateur et le maître d’œuvre, pose ici les jalons de cette enquête qui se prolongera une année durant en collaboration avec l’Observatoire socio-politique (OSP) du diocèse de Fréjus-Toulon (http://osp.frejus-toulon.fr/).

Comme le souligne Alasdair McIntyre : « Les débats contemporains au sein des systèmes politiques modernes opposent presque exclusivement des libéraux conservateurs, des libéraux centristes et des libéraux de gauche. Cela ne laisse que peu de place pour la critique du système lui-même, c’est-à-dire pour la remise en question du libéralisme » (1). Ainsi, de même que les courants du « nouveau libéralisme » anglais, du libéralisme progressiste américain ou du libéralisme républicain français, un libéral critique comme John Dewey (1859-1952), philosophe pragmatiste américain dont le maître ouvrage sur la question a été récemment édité en français (2), critique l’individualisme abstrait du libéralisme classique et participe de la genèse du « social-libéralisme » qui est la version de gauche du libéralisme, ou des libéralismes nés de l’empirisme britannique (Locke, Hume…), de l’utilitarisme anglo-saxon (Bentham, Mill…), de l’économie politique des mercantilistes et physiocrates français (Montchrestien, Quesnay…) et des économistes dits classiques (Smith, Ricardo, Malthus, Say…) – et plus largement des Lumières françaises (Montesquieu, Voltaire…) et de l’Aufklärung germanique (Kant, Fichte…). Bref, qu’on le loue ou qu’on le déplore, il est possible de déceler dans cette époque de cristallisation de la modernité un libéralisme général, à la fois philosophique, politique, économique… qui voit l’émergence de l’homo oeconomicus unissant dans une même anthropologie l’autonomie du sujet et son intérêt bien compris.

Il y a cependant, distincts dès la Révolution française, un libéralisme « de droite », davantage girondin, et un libéralisme « de gauche », plus jacobin, et les remises en cause du libéralisme ne se sont faites qu’aux marges du système – dans les socialismes et communismes révolutionnaires, écrasés aussi durement par la République (la « Conjuration des Égaux » de Gracchus Babeuf en 1796) que les oppositions contre-révolutionnaires. Cette opposition entre jacobins et girondins, libéraux de gauche et de droite, favorisa momentanément d’un côté comme de l’autre des alliances avec les extrêmes – ainsi girondins et royalistes s’allièrent lors des soulèvements fédéralistes de Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rouen, Toulon…

À droite, toute une tradition s’inspire ainsi d’un conservatisme libéral parfois revendiqué (ainsi aujourd’hui le site Nouvelles de France se définit comme « portail libéral-conservateur ») qui allierait un libéralisme classique voire aristocratique (Constant, Tocqueville…) à des éléments plus contre-révolutionnaires (Chateaubriand, Burke, etc.). Cette cristallisation d’un libéralisme conservateur, voire réactionnaire ou contre-révolutionnaire, souvent de sensibilité royaliste ou du moins loyaliste, partisan longtemps de la monarchie constitutionnelle, dans lequel on pourrait marquer l’acte de naissance de la droite avec toutes ses nuances – et avec, à sa marge, la contestation légitimiste –, fait face à celle d’un libéralisme républicain, voire révolutionnaire qui marquerait la naissance de la gauche avec toutes ses nuances – et avec, à sa marge, la contestation socialiste puis communiste.[....]

Falk van Gaver

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