Hollande est entré en campagne, en vue de sa réélection en 2017. La chose est de plus en plus évidente depuis plusieurs semaines. Elle était devenue éclatante depuis le discours qu'il a prononcé à Carcassonne le 20 mai. Toutes ses gesticulations de politique internationale, tous ses déplacements auprès de son électorat outre-mer, toutes ses récupérations mémorielles abusives, un jour sur l'esclavage, un autre sur la résistance et toutes les initiatives de sa garde ministérielle rapprochée le confirment de jour en jour.
Candidat de la division des Français, ce chef de l'État, nullissime et sans autre projet que de retourner à la cantine des palais nationaux ne peut imaginer gagner sans les voix que contrôle le parti communiste qu'on appelle pudiquement la gauche de la gauche : il aura fort à faire.
Il accomplira, dans cette direction, tous les salamalecs nécessaires, sans recevoir la certitude qu'ils se révéleront suffisants. "L'Humanité" chaque matin demandera sans doute plus. Attendons-nous de ce point de vue au pire : nous allons en entendre des vieilleries !
Mais ne soyons pas dupes non plus.
La direction du PCF s'apprête à jouer, bien gentiment, sur ce parcours de 24 mois, le jeu de la réélection tout en affectant de grogner. Le temps n'est plus où l'appareil communiste et l'ambassade soviétique jouaient la carte du général De Gaulle contre celle de la gauche apparemment unie, et plus encore contre l'extrême gauche d'alors.
Ainsi, ô surprise, L'Huma de ce 29 mai donne la parole à Nicolas Hulot et à son mot d'ordre de "prendre en charge à l’échelle mondiale la gestion des biens communs". Ceci semble curieusement converger avec la grande fiesta climato-hollandienne prévue pour la fin de l'année.
Car ce sont bien quelques cartes biseautées, comme celle de l'écologie, assortie de grands impératifs mondiaux bidonnés, que l'ex de Valérie Trierweiler compte nous sortir. Il les agitera en désespoir de cause, pour faire sérieux dans sa campagne, lui qui n'a traité sérieusement aucun dossier dans les 3 années de sa grande bouffe élyséenne.
Hulot dispose depuis janvier d'un bureau à proximité de la présidence de la république, dans l'annexe Marigny. Envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète prépare officiellement le sommet mondial sur le climat de décembre.
Mais il ne constitue pas la pièce unique du dispositif. À côté de ce matériau notoirement friable "on" a décidé de soutenir de la même manière la fondation créée par Jean-Louis Borloo "pour l’électrification de l’Afrique". Un pur hasard, bien entendu. Un miracle du bénévolat subventionnaire. On n'a pas oublié non plus de faire d'un ancien collaborateur de Borloo un préfet de la région Ile-de-France en la personne de Jean-François Carenco.
Toutes ces phrases creuses, prononcées à la gloire de la "communauté internationale" dans laquelle sont supposées se fondre toute préoccupation nationale ou européenne, tous les effets d'annonce sur l'inversion des courbes du déclin français, ne redresseront cependant pas celle de l'impopularité, du discrédit, et pire encore : du mépris, de leur président dans l'opinion des Français.
Or le relais d'opinion par excellence d'un candidat s'appelle un parti. Même De Gaulle qui n'aimait pas ce concept s'est cependant toujours appuyé sur ce qu'il appela, entre 1947 et 1953 un "rassemblement" du "peuple français" puis à partir de 1958 "l'union" pour la "nouvelle république".
Hollande, lui, tire sa substance du parti refondé par Mitterrand comme héritier du vieux parti socialiste de 1905, noyau recraché par le congrès de Tours de 1920.
De celui-ci est sorti, à la même époque, le parti communiste, la majorité des délégués ayant choisi d'adhérer à ce qui n'était, dès le départ, qu'un leurre : la prétendue "Internationale" communiste. Celle-ci n'était au départ en 1919 qu'une extension du parti bolchevik russe. Elle allait devenir entre 1925 et 1935 une simple subdivision des services spéciaux soviétiques.
Mais le parti de ceux qui ont suivi le discours, dénonçant la dictature de Lénine, et sur ce point fort lucide, de Léon Blum en décembre 1920 a survécu pendant un demi-siècle. Elle a connu des hauts et des bas sous le nom de SFIO jusqu'à sa transformation en 1971 par un homme qui n'avait jamais été socialiste lui-même. François Mitterrand était assisté, dans cette opération, par un appareil qui n'avait jamais été anticommuniste, et encore moins antisoviétique, le CERES de Jean-Pierre Chevénement pour qui l'idée même d'un étiquetage social-démocrate relevait de l'outrage.
L'organisation dont est issu Cambadélis, s'est emparé du parti socialiste, comme un troupeau d'affamés se rue sur une mangeoire bien garnie, le jour, en 1985, où Mitterrand, à la faveur d'une migration collective de 300 adhérents "ex-lambertistes" appelés à la rescousse par Jospin, entreprit de lever l'hypothèque chevénementiste. Ces trotskistes-lambertistes, recyclés pour la plupart au Grand Orient de France ont, 30 ans plus tard, ce 27 mai 2015 saisi complètement les rênes du PS. Imitateur en tout point de son mentor Mitterrand l'actuel chef de l'État désirait leur livrer le parti.
Mais ce parti lui-même a été déserté de ses adhérents : si la motion A de Cambadélis représente les 2/3 du PS, cela veut dire qu'elle représente 40 000 cotisants. La soupe reste bonne pour le premier secrétaire et ses commensaux, d'autant plus nourrissante que les convives se comptent de moins en moins nombreux.
À ceux qui jugeraient encore trop élevé cet effectif 40 000 survivants du naufrage socialiste, rappelons qu'à ce jour le parti communiste, leur principal allié, représente, lui, 70 000 membres. Ces derniers se révèlent eux-mêmes militants, actifs et contagieux. On les retrouve dans un nombre considérable d'associations, syndicats, mouvements divers, salles de rédaction, mécaniquement propagandistes d'une idéologie en tant qu'enseignants, etc.
Fossoyeurs du PS, Hollande et Cambadélis vendent en viager la gauche française à l'extrême gauche.
JG Malliarakis