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Marion Maréchal-Le Pen : «La France meurt d'une vie politique sclérosée»

Candidate aux élections régionales en Paca, Marion Maréchal-Le Pen confie ses objectifs et ses axes de campagne au Figaro. Elle prévoit un scrutin de décembre «très serré» mais veut miser sur le renouvellement politique pour l'emporter. Entretien.

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LE FIGARO. - Vous proposez l'alternance dans une région Paca qui affiche dix-sept ans de gouvernance socialiste, comme en Ile-de-France...
Si ça passe la majorité, cela risque de devenir désagréable!
Mais croyez-vous à la possibilité d'une rupture?

Je le souhaite. Les habitants décideront. Cela dépendra grandement de la qualité de la campagne. Christian Estrosi a un avantage sur moi: il est capable de dire tout et son contraire. Il nous faudra dénoncer cette imposture, rappeler le bilan de la gauche et ne pas nous laisser enfermer dans un duel entre Estrosi et nous. Ce n'est pas le sujet. Nous ne tomberons pas dans le jeu de la surenchère à droite. Si je suis une femme de droite et si j'ai des convictions, je ne suis pas obligée d'en faire des tonnes en devenant une caricature. De l'autre côté, il y aura la gauche marketing et ses alliés écolo-communistes en position de chantage permanent. Je compte porter un discours économique et social en m'affichant comme un point d'équilibre. Mais nous sommes d'abord les adversaires de la gauche. Nous voulons sortir les sortants.
Le dernier sondage Ifop-Fiducial vous a placée en tête au premier tour mais laisse envisager un second tour plus serré. Quelle est votre analyse?
La campagne n'ayant même pas commencé, ce sondage est très bon. Surgir en tête au premier tour est un signal très fort. J'en suis d'autant plus heureuse, que cette mesure ne tient pas compte, au second tour, de la dynamique du premier tour, alors que cela est un élément extrêmement important, voire parfois décisif. Ce qui est sûr, sans être une surprise, c'est que ce scrutin va se jouer à très peu.
Dans la bataille régionale en Paca, trente quatre années vous séparent de votre adversaire de droite, Christian Estrosi. Votre jeunesse est-elle un atout ou une faiblesse pour prendre la tête d'un exécutif régional?
Pour être très claire, je ne fais pas de la jeunesse un argument de campagne. Quand je parle de génération, je ne parle pas tellement d'âge. Je pense surtout à des personnes libres. On reproche souvent au Front national son inexpérience politique mais je crois que la critique est infondée. D'abord parce que nos gestions municipales démontrent tout à fait l'inverse et, de surcroît, notre liberté est une force indéniable. Nous, nous ne sommes tenus par aucun arrangement passé. Nous ne devons rien à personne. Et si nous arrivons au pouvoir dans cette région, nous serons libres de pouvoir mener une gestion saine sans être tenus par des années de coopérations, parfois contre nature, entre socialistes et UMP. Nous avançons aussi avec des candidats de bon sens. Beaucoup, comme le sénateur-maire Stéphane Ravier, ont longtemps travaillé dans le secteur privé comme salariés. En ce sens, ils ne sont pas des professionnels de la politique et n'ont pas de leçons à recevoir. Incarner le renouvellement est un atout.
Vos adversaires ne seront-ils pas tentés de présenter votre âge, 25 ans, comme une fragilité?

C'est à double tranchant. Je pense que la France meurt de cette vie politique sclérosée et de l'incrustation d'élus inamovibles. Je ne doute pas que l'intégralité de la campagne de messieurs Estrosi (LR) et Castaner (PS) sera concentrée sur les attaques habituelles contre le prétendu extrémisme mais aussi, et surtout, sur l'inexpérience de la jeunesse. Je n'ai aucun complexe sur le sujet et je suis parfaitement consciente de mes limites mais je crois sincèrement qu'un homme politique n'est pas omniscient. Sa qualité se mesure surtout à sa capacité à s'entourer. Et sur ce point, de nombreuses compétences seront à mes côtés demain pour mener à bien une mission. Ensuite, je veux bien recevoir des leçons de M. Estrosi mais j'ai un peu envie de rigoler quand j'observe son bilan à la mairie de Nice, à la métropole et au Conseil général. Il est bien d'avoir vingt ans de vie politique derrière soi mais si c'est pour avoir vingt ans de bilans catastrophiques... J'avais d'ailleurs avoué que je craignais plus Eric Ciotti que Christian Estrosi.
Quels seront vos axes de campagne?
Nos cellules sont au travail et notre projet sera abouti en septembre. Il ne sert à rien de partir trop vite ou de s'agiter dans tous les sens. Ces dossiers sont assez techniques et nécessitent du temps pour proposer un projet crédible. Cela dit, le développement économique, compétence forte de la région, sera un axe principal. Il faut revoir entièrement les mécanismes d'aide existants. Ils sont autant de saupoudrages inefficaces qu'il faudra davantage cibler. Je ne vais pas mentir aux gens en promettant des emplois mais je veux faire de la région un véritable partenaire qui leur permettra de les créer. Même si l'expression est un peu désuète, j'ai également l'intention de proposer une gestion en «bon père de famille».
Certains modèles de gestion des collectivités vous inspirent-ils?
Le mérite que nous pouvons accorder aux municipalités frontistes est de ne pas avoir augmenté les impôts en faisant des choix. Ces choix n'étaient pas évidents mais cet impératif devra nous animer.
Les élections régionales seront-elles une occasion de rééquilibrer la ligne économique du Front national?
Oui, c'est l'occasion d'être audible dans un domaine où on l'est peut-être un peu moins. Nous pourrions aller un peu plus loin sur le plan local pour dénoncer les carences de la politique gouvernementale en la matière. Nous ferons des propositions pour les entreprises, le tourisme et l'industrie.
Certains militants de gauche ont prévenu, comme ils l'ont dit récemment à Vergèze dans le Gard, qu'ils entreraient en résistance contre le FN. Qu'en pensez-vous?
Ces gens ne représentent rien, ni personne. La plupart du temps, ils sont issus de syndicats financés par l'argent public. Ce sont des professionnels du syndicalisme en totale déconnexion avec la population. Pour des gens qui donnent des leçons de république à longueur de journée, je trouve leur attitude contre nos élus scandaleuse. Mais leur agitation est à la mesure de leur inquiétude. Ils sont inquiets parce qu'ils se rendent compte que les Français sont de plus en plus convaincus par nos propositions. Tout cela leur échappant, ils deviennent agressifs.
La réaction des frontistes à leur égard est-elle en train de changer?
Nous n'avons rien à gagner en étant aussi agressifs qu'eux. En général, leur comportement est assez mal perçu par la population. Nous avons intérêt à prendre de la hauteur en s'en amusant. Il ne s'agit pas de s'aplatir ou de tout accepter, mais prendre du recul et répondre avec humour me semble plus intéressant.

SourceLe Figaro :: lien

http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFZkppyFpGErqiZtH.shtml

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