Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient et vicaire général pour les Orientaux, lance un cri d’alarme en faveur des chrétiens d’Orient menacés de disparition. Entretien.
La Nef – Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qu’est l’Œuvre d’Orient ?
Mgr Pascal Gollnisch – Nous existons depuis le milieu du XIXe siècle. L’œuvre a été créée par des laïcs, ce qui était original à l’époque, professeurs de la Sorbonne. Il s’agissait alors d’aider les écoles fondées au Proche-Orient en général par des religieux et religieuses français, et qui avaient pour mission de s’adresser aux riches comme aux pauvres, aux chrétiens comme aux musulmans. C’est pourquoi, à l’origine, nous nous appelions l’Œuvre des Écoles d’Orient. L’Œuvre s’est étendue naturellement au domaine de la santé, en créant des dispensaires, puis s’est intéressée à la vie en général des Églises catholiques d’Orient. Aujourd’hui donc, nous intervenons dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la vie des Églises. Nous nous adressons à toutes les communautés catholiques orientales présentes depuis l’Ukraine jusqu’à l’Inde, c’est-à-dire aussi bien l’Éthiopie, l’Égypte, la Syrie que l’Irak ou la Turquie. Nous n’aidons que les structures catholiques du fait de leur rôle historique dans la région, mais celles-ci soutiennent sur place les autres communautés locales (musulmanes…) par les dispensaires, les écoles… ouverts à tous.
L’Œuvre d’Orient est-elle une particularité française ?
En effet, longtemps, l’Œuvre a reposé sur la fidélité de familles françaises qui, de génération en génération, continuaient à donner. Mais nous avons débordé ce cadre aujourd’hui : nous recevons 70 000 dons chaque année, pour un budget de 15 millions d’euros. Cela reste pourtant une particularité française : nous avons créé une « fille » en Belgique, mais qui peu à peu a pris son autonomie. De même aux États-Unis, avec la Pontifical Mission. Dans les statuts, l’Œuvre d’Orient est une association de la loi 1901, dont le directeur est nommé par l’archevêché de Paris.
En sus d’être directeur de l’Œuvre d’Orient, vous êtes vicaire général pour les Orientaux : qu’est-ce que cela signifie ?
Le principe de l’Œuvre est de secourir et d’aider les Orientaux en Orient même. Mais en France, il existe un ordinariat pour les Orientaux, c’est-à-dire une sorte de tutelle pour les ressortissants des Églises d’Orient installés dans le pays. Le responsable en est historiquement l’archevêque de Paris, c’est-à-dire le cardinal Vingt-Trois aujourd’hui, sauf pour les Églises ayant un évêque spécifique, comme les Ukrainiens, les Arméniens et les Maronites. C’est un quasi-diocèse, et j’en suis donc le vicaire général. Cette tutelle vis-à-vis des paroisses catholiques de rites orientaux consiste à les aider à garder leur personnalité propre tout en prenant place parallèlement dans la réalité française. Cette « diaspora » s’est constituée en plusieurs vagues, depuis les catholiques russes ayant fui la Révolution de 1917 jusqu’à l’immigration contemporaine. [....]
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