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« L’atomisation du monde »

Dans le passé, l’Église catholique me paraît avoir surtout condamné le libéralisme philosophique pour son « relativisme » et son « indifférence à la vérité » (ce relativisme étant d’ailleurs lui-même tout relatif : le libéralisme n’a bien sûr jamais tenu pour équivalentes les affirmations libérales et les affirmations anti-libérales !). Malgré les acquis de la doctrine sociale de l’Église, elle a en revanche souvent fermé les yeux sur l’exacte nature du libéralisme économique, apportant ainsi une légitimation indirecte à la domination sociale de la classe bourgeoise. Il me semble que cela est en train de changer, et je m’en félicite.

 

On ne peut rien comprendre au libéralisme aussi longtemps qu’on en oppose entre elles les formes principales (économique, politique, culturelle, philosophique), de même qu’on ne peut rien comprendre au capitalisme si l’on y voit seulement un système économique et non pas un « fait social total » (Marcel Mauss). L’unité profonde du libéralisme réside dans son anthropologie – une anthropologie dont le fondement est, indissociablement, l’individualisme et l’économisme.

Sans remonter trop loin, rappelons que l’individualisme est l’héritier du nominalisme, qui pose en principe qu’il n’existe aucun être au-delà de l’être singulier (c’est également de la Scolastique espagnole que dérive la théorie subjective de la valeur). L’individualisme est la philosophie qui considère l’individu comme la seule réalité et le prend comme principe de toute évaluation. Le libéralisme pose l’individu et sa liberté supposée « naturelle » comme les seules instances normatives de la vie en société, ce qui revient à dire qu’il fait de l’individu la seule et unique source des valeurs et des finalités qu’il se choisit.

Cet individu est considéré en soi, abstraction faite de tout contexte social ou culturel. C’est pourquoi l’individualisme libéral ne reconnaît aucun statut d’existence autonome aux communautés, aux peuples, aux cultures ou aux nations. L’individu est censé venir en premier, soit qu’on le suppose antérieur au social dans une représentation mythique de la « pré-histoire » (antériorité de l’état de nature), soit qu’on lui attribue un simple primat normatif (l’individu est ce qui vaut le plus). Dans l’un et l’autre cas, l’homme peut s’appréhender comme individu autonome sans avoir à penser sa relation à d’autres hommes au sein d’une socialité primaire ou secondaire. La société est elle-même appréhendée au moyen de l’individualisme méthodologique, c’est-à-dire comme simple agrégat d’atomes individuels.[..]

Par Alain de Benoist

La suite dans La Nef

http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-atomisation-du-monde

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