Un grand militant espagnol, fondateur de la Phalange espagnole crée le 29 octobre 1933. Période marquée par la présence des « fascismes » promettant pour l’Europe du lendemain un Ordre nouveau. Le gouvernement républicain (allié aux communistes) le juge pour rébellion, et eu raison de lui en le faisant fusillé le matin du 20 novembre 1936. Il est mort martyr à l’âge de 33 ans.
Une critique de Rousseau :
La racine, l’élément vital du phalangisme est la critique joséantonienne de Rousseau, notamment sur le relativisme subjectiviste et la notion de Moi supérieur, aboutissant dans les faits au triomphe d’une majorité dont le vote exprimerait la vérité, contre la minorité. Pour lui, ce système entraîne « la perte de l’unité spirituelle des peuples » et engendre « l’esclavage économique », promettant la liberté aux travailleurs mais laissant le pouvoir aux riches. Le socialisme naquit en réaction, cependant s’il s’agit pour José Antonio d’une « critique juste du libéralisme économique, il nous amena, par un autre choix, les mêmes résultats que le libéralisme économique : la désagrégation, la haine, la séparation, l’oubli de tout lien de fraternité et de solidarité entre les hommes ». Par ailleurs, le risque rousseauiste serait de supprimer les créations de l’effort : le Droit, qui transforma l’individu en personne, et l’Histoire, qui transforma le peuple en régime d’État.
Nation, Patriotisme et État :
Pour José Antonio, la Nation est avant tout « une unité de destin dans l’universel ». Le Patriotisme doit se fixer « non dans le sensible, mais dans l’intellectuel », car « ce qui est sensuel dure peu »; il est un « destin », une « entreprise » : « La Patrie est ce qui, dans le monde, configure une entreprise collective. Sans entreprise, il n’y a pas de patrie; sans la présence de la foi en un destin commun, tout se dissout en provinces natales, en saveurs et couleurs locales ». Ainsi le nationalisme de José Antonio critique l’orientation régionaliste à tendances séparatistes, qui conduit à être « des peuples sans destin dans l’Histoire ». La nation n’est pas « une réalité géographique, ni ethnique, ni linguistique; elle est essentiellement une unité historique ». Enfin, chez lui, qui dit nation dit « société politique capable de trouver dans l’Etat sa machine opérante ».
Cet État, Primo de Rivera lui accorde une extrême importance : plus que « l’exécuteur de la simple volonté populaire », il a en charge le « destin du peuple », conception analogue à « l’idéal héréditaire » de Barrès. Pour résumer, les nations ne se maintiennent que tant qu’elles maintiennent les principes qui les ont fait naître. Le Chef doit servir le peuple, « même s’il diffère de ce que la masse désire », en assignant à l’État le rôle d’ « instrument au service d’une mission historique d’unité ». Révolutionnaire, José Antonio juge cependant qu’un peuple s’étant laissé dépérir ne peut accomplir la révolution salvatrice, mais que cette dernière ne se fera qu’avec l’apparition d’un homme, par l’occasion prérévolutionnaire : « Si en cette occasion n’apparaît pas l’homme, la révolution est perdue ». Dans le contexte espagnol de 1934, l’instrument de la Révolution que préconise Primo de Rivera est l’Armée, « sauvegarde du permanent », qui ne doit pas se mêler aux « luttes accidentelles » mais doit quand même défendre « la permanence de la Patrie ». Cette intervention de l’Armée se limiterait cependant à une lutte contre les ennemis de l’intérieur, en laissant à la Révolution le soin de poursuivre son chemin politique. L’esprit de la Révolution est dans la Falange, il demande l’appui du bras de l’Armée pour résoudre une situation de force, mais l’esprit reste supérieur au bras dans l’ordre des finalités politiques.
Une critique du libéralisme et de la lutte des classes :
Pour José Antonio, le libéralisme n’apporte pas la liberté, car « lorsque les principes changent avec les fluctuations de l’opinion, il n’y a de liberté que pour ceux qui sont d’accord avec la majorité. Les minorités sont destinées à souffrir et à se taire ». On aboutit, en fait, à l’absolutisme démocratique. Deux « souverainetés » antagoniques apparaissent : l’État et l’individu, l’État identifié à la volonté de l’individu. Pour sa part, Primo de Rivera dépasse l’antagonisme individu-État en introduisant les notions de service et de mission. L’État n’est plus qu’un « système de hiérarchies » (Mussolini) au service d’une mission; le peuple et son Chef forment alors une Communauté. Quant aux classes, il en fait la même analyse que Mussolini : « La lutte des classes ignore l’unité de la Patrie parce qu’elle rompt l’idée de la production nationale comme un tout ». Pour lui le capitalisme est la cause de cette division : « Ce qui occupe la position contre les patrons et les ouvriers, c’est le pouvoir du capitalisme, la technique du capital financier ». Il propose une autre vision.
Une doctrine – le national-syndicalisme :
Sa vision est la suivante : « Nous devons commencer par l’homme, et passer par ses unités organiques et ainsi nous monterons de l’homme à la famille, de la famille à la municipalité et au syndicat et nous terminerons dans l’État qui sera l’harmonie du tout. De telle manière que dans cette conception politico-historico-morale avec laquelle nous envisageons le monde, nous avons implicitement la solution économique : nous démonterons l’appareil économique de la propriété capitaliste qui absorbe tous les bénéfices pour le remplacer par la propriété individuelle, familiale, communale et syndicale ». Quant au capital, il « n’est qu’un instrument au service de la production. Nous ne concevons pas la structure de la production comme une relation bi-latérale entre le capital et le travail. Le capital, en tant qu’instrument pour le bénéfice national de la production, doit appartenir aux producteurs eux-mêmes – dans ses formes individuelles ou syndicales – ou à l’intégrité de l’économie nationale ».
D’un point de vue économique, il voit donc la nation comme « un gigantesque syndicat de producteurs ». Il donne ainsi naissance à la doctrine du « national-syndicalisme » et à l’Etat du même nom, Etat qui « considérera comme fins propres les fins de chacun des groupes qui le compose et y veillera, comme pour lui-même, dans l’intérêt de tous ». Comme chez Mussolini, il n’y a chez Primo de Rivera pas de programme détaillé, préétabli, mais « un sentiment permanent devant l’Histoire et la vie ». L’idée fondamentale de la Phalange, c’est l’unité essentielle de la Nation, rassemblant en un faisceau toutes ses énergies, à quelque classe de la société qu’elles appartiennent, pour réaliser le bien commun. Enfin, une phrase de José Antonio résume tout le sens qu’il donne à son combat : « Être plus Espagnols que nous ne l’avons jamais été ».
Citations :
« Pas d’autre dialectique possible que celle des poings et des pistolets quand on s’attaque à la justice ou à la Patrie » (Textos de Doctrina Politica).
« Rien d’authentique, d’éternel, de difficile comme gouverner, n’a pu se faire à la machine; toujours il a fallu avoir recours en dernière analyse à celui qui, depuis l’origine du monde, est l’unique appareil capable de diriger les hommes : l’homme. C’est-à-dire le Chef. Le Héros » (José Antonio Primo de Rivera, préface à l’édition espagnole de Il Fascismo de Benito Mussolini).
« La Patrie est une unité de destin dans l’universel et l’individu le porteur d’une mission particulière dans l’harmonie de l’État » (Textos de Doctrina Politica).
« Être de droite ou être de gauche, c’est toujours exclure de l’âme la moitié de ce qu’elle doit ressentir. C’est même parfois exclure le tout pour lui substituer une caricature de moitié » (Arriba, 9 janvier 1936).