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Le patriotisme pour sauver la France, par Yvan Blot

Contrairement à un préjugé tenace, le patriotisme n’est pas une idéologie. Le patriotisme est l’amour de la mère-patrie. Dit-on d’un enfant qui aime ses parents qu’il a une idéologie ? Ce serait absurde. Toutefois, le patriotisme peut se mêler à des idéologies, laïques comme religieuses. Il peut aussi se heurter à des idéologies comme on le voit dans l’Occident actuel. Un Etat démocratique libre ne saurait interdire telle ou telle idéologie sauf s’il est avéré qu’elle est criminelle. C’est le cas des idéologies révolutionnaires parce qu’elles prônent la violence. Mais un tel Etat peut difficilement admettre l’absence de patriotisme car il peut exiger des citoyens de « mourir pour la patrie ». Il doit combattre les idéologies qui s’opposent au patriotisme comme le socialisme ou le libéralisme de types cosmopolites ou comme l’islamisme radical, lui aussi cosmopolite.

Combattre l’antipatriotisme n’est pas combattre une opinion. C’est combattre une attitude délinquante où un citoyen s’arroge le droit de ne pas défendre ses compatriotes, notamment en cas de guerre avec l’étranger.

Combattre l’islamisme radical consiste à combattre des individus prêts à retourner leurs armes contre la patrie, par des attentats terroristes notamment. Combattre une telle idéologie cosmopolite fondée sur le rêve d’un califat mondial ne peut pas se faire par la seule répression physique pour empêcher de nuire physiquement. Un tel combat n’est efficace que s’il se fonde sur le patriotisme.

Les échecs des tentatives de « déradicaliser » les prisonniers islamistes étaient prévisibles. On ne combat pas une foi religieuse avec des arguments intellectuels qui n’ont aucune prise sur le cœur des hommes. Invoquer la laïcité ou la constitution, voire la « République » pour stopper l’islamisme révolutionnaire, est stupide.

On ne meurt pas pour des idées froides mais pour sa famille, sa patrie ou son Dieu car ils font l’objet d’un amour humain.

C’est révélateur de notre société sans amour, fondée sur l’utilitarisme individuel et sur le calcul, de ne pas comprendre un mouvement fondé sur des sentiments capables de vous conduire jusqu’au sacrifice. Le sentiment de l’honneur peut conduire à son propre sacrifice. La rapacité financière ou juridique (culte de ses « droits ») ne va jamais jusque-là puisque elle est fondée sur l’utilitarisme de l’individu déraciné.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Français qui se sont engagés dans la Résistance l’ont fait par amour de la France, ils ne l’ont pas fait pour sauver la Sécurité sociale ou pour payer moins d’impôts !

Staline lui-même, tout communiste qu’il était, lorsqu’il eut peur de perdre la guerre contre Hitler, s’est résolu à parler au peuple russe à la radio en disant : « Mes frères, il faut sauver notre sainte Russie ». Il n’a pas parlé de sauver le socialisme ou la laïcité. Il était à sa façon très psychologue.

Il s’agit de voir aussi comment le patriotisme peut s’associer à des courants idéologiques. Cela donne alors des idéologies politiques à plusieurs dimensions comme le national-libéralisme (Mme Thatcher par exemple) ou comme le national-socialisme (révolutionnaire totalitaire ou simplement réformiste). Dans certains cas, cette synthèse est impossible : c’est le cas de toutes les formes d’idéologies cosmopolites de l’anarchisme au communisme en passant par le libéralisme anti conservateur que le professeur Hayek appelait « constructiviste ».

Le patriotisme fait bon ménage en général avec les traditions, religieuses, culturelles ou autres car il tient lui-même son origine de la matrice des traditions et non d’un discours intellectuel fait ex cathedra. C’est pourquoi un patriote conscient doit savoir ce que sont les traditions qui ne sont pas nécessairement issues de la pensée rationnelle mais de l’expérience existentielle de nombreuses générations : les œuvres d’Edmund Burke, de Hayek ou de Gehlen, notamment sont incontournables.

Patriotisme et attachement aux traditions vont de pair et ceux qui veulent détruire les traditions, soit par haine reptilienne (les traditions limitent mes caprices), soit par rationalisme borné (telle tradition n’est pas fondée en raison abstraite, comme la famille ou la propriété), veulent aussi détruire l’amour de la patrie.

La raison calculatrice et l’instinct pulsionnel se liguent contre les traditions au nom des caprices de l’égo : telle est la situation de l’Occident en proie au Gestell (l’arraisonnement utilitaire). Sortir du monde inhumain du Gestell, où l’homme n’est plus considéré que comme matière première, suppose de retrouver un vrai monde humain, structuré autour des racines, des missions (plutôt que des « valeurs » purement subjectives), des hommes avec leur cœur (pas seulement leur raison et leurs instincts), et autour de la divinité transcendante.

Tel est l’enjeu de la période historique où nous sommes où les peuples retrouvent, à partir de la souffrance, leurs traditions bienfaisantes, au besoin en s’opposant à des élites devenues décadentes car centrées sur l’ego de leur membre : « France combattante », la devise de l’ENA à ses débuts, a été remplacée par « carrière méritante », mais la carrière comme valeur suprême peut se construire sur l’absence de cœur envers les humains, « dans les eaux glacées du calcul égoïste ».

Yvan Blot

Texte repris de Polémia

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