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« De Charlottesville à Barcelone, toutes les victimes ne se valent pas devant les caméras »

« L'idéologie allume des bougies » [Les Ramblas, Barcelone]  

Par Gilles William Goldnadel 

Gilles-William Goldnadel revient sur le traitement médiatique qui a été réservé aux victimes de l'attentat de Barcelone [Figarovox, 22.08]. Il déplore la domination de cette idéologie qui « allume des bougies pour protester contre le massacre des islamistes et des bûchers pour exorciser les diables blancs ». Il a raison, tout simplement.  LFAR

Contrairement aux premiers espoirs, Julian le petit australien recherché par son grand-père est mort à Barcelone assassiné par des criminels islamistes.

Ne croyez pas ceux qui vous soutiendront le contraire contre l'évidence la plus aveuglante, l'image de ce petit garçon souriant aux yeux malicieux ne connaîtra pas l'immortalité d'autres victimes infiniment plus médiatisées. Quelques jours avant, la photographie de Heather Heyer, la jeune victime de Charlottesville a fait le tour de la planète. Sa mère également a fait l'objet d'innombrables interviews. Quelques mois auparavant, la photographie d'un jeune enfant kurde, nommé Aylan, dont le petit corps s'était échoué sur une plage de Turquie a été reproduite à l'infini, son malheureux père s'est exprimé également à de très nombreuses reprises. Personne de bonne foi ne peut prétendre que le petit Jullian a été aussi mondialement célébré. La cause, au demeurant, était entendue avant même que la terrible nouvelle ne soit connue. Un journal espagnol avait cru devoir s'excuser pour avoir exposé à la vue du public le corps des suppliciés. Au prétexte de la décence alléguée. Les autres ont suivi docilement. Étrange principe à géométrie variable dont l'idéologie médiatique est coutumière. Dans le drame du petit kurde, au contraire, les supports médiatiques avaient expressément justifié l'infraction éventuelle à la pudeur au nom du devoir d'informer du sort tragique des migrants en Méditerranée. Visiblement, le sort des martyrs de l'islamisme ne mérite pas la même entorse, et les corps des victimes demeureront invisibles.

Mais trêve d'hypocrisie, la vérité , toujours impudique, est celle-là: les victimes ne se valent pas devant les caméras. Tout dépend de qui les aura suppliciées.

L'idéologie médiatique dominante ne pense pas, elle ressent. Elle n'aime pas l'islamisme radical, elle abomine viscéralement les suprématistes blancs. Réprobation morale contre détestation névrotique. L'idéologie médiatique dominante maudit Trump lorsqu'il n'incrimine pas expressément les suprématistes blancs après la mort d'Heather, vingt-quatre heures plus tard elle n'a pas un mot contre les édiles de Barcelone, Emmanuel Macron ou Barack Obama lorsqu'ils ne citent pas le coupable islamiste après la mort de Julian et des treize autres victimes et se perdent en platitudes confondantes.

L'idéologie allume des bougies pour protester contre le massacre des islamistes. Elle allume des bûchers pour exorciser les diables blancs.

Dans le creux de ce déni se niche un mépris refoulé depuis la deuxième guerre mondiale et le pire massacre commis par des blancs: le pire des musulmans ne peut pas être aussi mauvais que le pire des blancs.

Les victimes des salauds sont égales dedans la terre froide. Les parents qui les pleurent aussi dans leur chagrin. Pardonnez ce qu'ils font aux mass media idéologisés, ils ne savent même pas pourquoi ils le font.  

Gilles-William Goldnadel

est avocat et écrivain.  

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